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je vis, je dis, je ris ...ou pas
2 juin 2009

L'aventure intérêt inférieur

Leur expédition était mûrement réfléchie et finement préparée dans les moindres détails. Dix minutes avant, ils étaient en train de scruter les cieux pour interroger les nuages quant à leur dessein pluvial et devant leur mutisme prometteur, ils décidérent de s'harnacher pour explorer les confins mystérieux qu'ils avaient balisés maintes fois. Ils sortirent leur check list : sac à dos, choco Prince, Biberon d'eau, jus de pomme, kinder bueno, que du consistant et du désaltérant pour que leurs forces ne diminuent en rien lorsqu'ils leur faudraient franchir les obstacles les plus coriaces à leur imagination. Leurs montures commencèrent à renacler, surtout que la porte à franchir pour les sortir de l'obscur garage, dont ils ne détenaient pas le sésame, était étroite et débouchée sur un étendoir bien touffu. Les guidons sauvages, les selles émoussées, les pédales folles prêtes à se cabrer  à la moindre sollicitation trop forte de leur fragile cambrure, surgirent de l'ombre pour former le fer de lance du fier attelage qui allait revenir encore et encore dans la nature, dont les chemins sont si divers à condition de n'avoir Rome à demeure, au rythme d'un galop tantôt rétif dans les pentes, tantôt emballé dans les descentes.

Les vélos éclaireurs s'élancérent courageusement dans le vaste monde en attendant que le reste de la troupe finisse de s'attifer. Ils firent de la pelouse environnante leur champ de bataille en espérant tantôt guerroyer contre le vent vif, l'air frais, la brise cinglante, ce zéphyr glacial qui fit déclaré à la doyenne de l'équipée qui venait juste d'avancer sur le pas de l'histoire "Brou, je vais aller chercher un gilet". Le signal du départ fut enfin donné, les amarres furent lancés, les machines se mirent en branle, les pieds se déplièrent, les huit roues furent actionnées. Mais si 4 roues tanguaient juste et chavirées droit, 4 autres ne formant qu'un seul et même véhicule, appelé familièrement "vroum vroum" sur lequel était monté l'altier, quoique de petite taille, benjamin, voguaient désespérément d'un côté à l'autre de la route en fonction de la poussée donnée sur le gouvernail par le sus - nommé inconséquent. La proue maternelle, située à l'arrière pour mieux voir le territoire restant à conquérir plutôt que le peu parcouru, ahanait pour essayer de maintenir le navire sur les flots mais était sans cesse débordée par les vagues soubresauts d'un capitaine qui souhaitait sa perdition.

La route fut longue et les orties périlleuses. Le gilet fut maudit et les princes vite engloutis. Enfin ils parvinrent à leur destinée qui sans cesse les amène à suivre les deux seules pérégrinations qu'acceptent de conquérir trois membres sur les 4 que compte cette compagnie, la quatrième étant déjà assez heureuse de pouvoir souffler un peu et de jurer, mais un peu tard, qu'on ne reprendrait plus la route qu'avec une poussette sinon camembert ! La rivière les accueillit dans un froufroutement intrépide, parcourue de courants rapidement ignorés et de bâtons charriés pour leur propension à se jeter dans la première chute venue. Ils purent observer la faune marine et éviter la flore agrippante, ils purent observer la flore champestre et éviter la faune piquante. Ils regoutèrent de bon coeur, burent de bon saoul et se disputèrent de bon coup.

Le soleil était toujours haut perché mais le manque commençait à se faire sentir. L'horloge interne des deux cyclistes se mit à clignoter, leur faisant remémorer le spectacle télévisuel que cet épisode campagnard leur enlever de la vue. Ils enfourchèrent derechef leur monture et partirent prestement sans emballer les restes. La vieille et le jeune se retrouvèrent seuls face à l'immensité d'une route qui s'élevait à des hauteurs si propice à des déchirements d'épaule. Le cortège se remit en branle, frayant son chemin à travers le dur goudron en tâchant d'esquiver les quelques carrioles brinquebalantes, rares vestiges d'une civilisation encore lointaine. Ces deux pauvres héres, esseulés parmi les lugubres masures, tenues par des anglais peu traduisibles parsemèrent leur trajet de "Arrêtes de tourner le volant" et de "si t'arrêtes pas de tourner le volant, je te laisse". Ils finirent par reconstituer leur équipage de départ lorsqu'ils rattrapèrent les deux conquérants qui s'étaient, pour les surprendre, camouflés tout en restant bien visibles de peur que leur absence passe inaperçue. La fin fut paisible, l'agonie de leur aventure lente mais certaine et quand ils franchirent le seuil familial, ils se promirent de repartir le plus tôt possible, si la météo est clémente, si les programmes télé le permettent, si le sort ne s'acharne pas trop sur le dos de la déchéance faite femme.

Cela leur fait de beaux souvenirs qu'ils ressassent joyeusement le soir au diner pour le grand bénéfice d'un pater qui voudrait tant manger sa salade tranquille.

Conclusion : il y a pire qu'une poussette qui fait des bruits à réveiller un clairon, un vroum vroum qui n'en fait qu'à son volant.

Ps : l'aventure du pot continue. Maintenant marcus y va tout seul, sans avertir personne. Mais quelqu'un finit toujours par découvrir le pot qui ne sent pas la rose !

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