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je vis, je dis, je ris ...ou pas
24 juillet 2009

La poire des conférences

Aujourd'hui, la conférence du Dr Jyvego Danleplakar va porter sur les vacances, leurs délices, leurs supplices, leurs caprices, leurs milices, leurs chaudes glisses.

Bonsoir, je souhaite aborder, ici, devant vous, si clairsemés et si éloignés de moi que je me demande si j'ai bien fait de changer de parfum ...hum, il est vrai qu'il était en solde et que ma femme m'a remercié, ce matin, alors que je sortais de la douche et que je venais de me pouponner, parce que je suis un homme respectable et respecté qui aime prendre soin de son apparence et de sa tranquillité en m'isolant dans la salle de bain, seul lieu dans une maison garnie de 4 gosses qui ferme à clef, d'avoir été pour une fois déposé les sacs à la poubelle..... peut être aussi que l'idée de mon agent de planifier une conférence sur les vacances en pleine période estivale n'est guère de celles qui permettront à la France de participer à la lutte contre le réchauffement des planches humaines tendant à se rapprocher du rouge gorge, tant par leur plumage enflammé, que par leur ramage perçant les tympans du premier empereur venu à effleurer leur épaule. Je devrai songer à augmenter ses gages, comme de faire dix fois le tour de la table à cloche pied en tenant son coude gauche avec son genou droit et en chantant la marseillaise à l'envers, ou à l'endroit, de toute façon les sillons seront toujours gorgés de sang (vous avez vu le défilé du 14 juillet, ces pauvres gosses en chemise blanche immaculée qui chantaient cet hymne meurtrier qui ne doit pas être sifflé sous peine de passer pour un fauteur de trouble ; on aurait dit des agneaux prêts à être sacrifiés sur l'autel d'un culte sanguinaire...surtout quand les paroles clament "que veut cette horde d'esclaves, de traîtres, de rois conjurés ? Pour qui ces ignobles entraves, ces fers dés longtemps préparés ? Français, pour nous, quel outrage, quels transports il doit exciter ? C'est nous qu'on ose méditer de rendre à l'antique esclavage ?", cela sonne bizarrement assez contemporains avec tous ces députés umpiens aux ordres, ces socialistes opportunistes, ces paquets fiscaux contraignants, ces licenciements en cascade, ces congrès nostalgiques exhalant un relent royaliste ...cela mériterait une autre conférence genre "la tyrannie mérite t'elle ses tyrans ?". ) Mais aujourd'hui, je suis parmi vous, enfin surtout devant mon micro qui lui, au moins, me tient suffisamment compagnie pour relever mes paroles...

Qu'est ce que les vacances ?

1- Ce sont des hebdomadaires beaucoup moins épais que d'habitude. Alors que les gens ont plus de temps pour se passionner pour l'état du monde et les derniers décrets d'une relative importance passés en catimini pour ne pas éveiller la conscience populaire, voici que la majorité des éditorialistes à même d'attirer la conscience de l'électeur lambda, qui se soucie par ailleurs plus, à cette période, de se chercher un partenaire de lambada, tirent la couverture sur eux  pour se retrancher sur les plages où ils se complairont dans la lecture d'hebdomadaires qu'ils jugeront sans valeur, forcément puisqu'ils n'y apparaissent plus. Peut - on parler de connivence entre le monde journalistique et le monde politique ? Allons donc, chacune sait que sans les journalistes, les politiques seraient moins médiatisés.

2- Ce sont des magazines féminins qui nous font rêver à l'aide de supplément sexe et de vacances people où le sexe est foisonnant. Plus besoin d'enlever son soutien gorge pour attirer les regards masculins, il suffit de lire son magazine fétiche et on sait qu'on étale une paire de fesses à la vue de tous les estivants. Ou alors un abdomen bien plat, souligné par un maillot dans lequel on entrerait à peine le petit doigt, se déballant derrière des caractères fanfaronnant le retour triomphant des rondes (au vu de la photo, on s'interroge s'il ne s'agit pas du retour de la joie enfantine de se tenir par les mains et de se donner le tournis à chanter qu'on est ruiné, qu'on a plus de pain à manger, qu'il y en a chez la voisine mais qu'il n'est pas pour nous, youpi !), et vous voilà obligé d'arriver sur la plage drapée dans un grand paréo qui par magie disparaît, vous révélant bien étendue sur la plage, dans une position vous rapprochant d'une planche de surf n'osant affronter les vagues sous peine de faire craquer les coutures ; un besoin impérieux vient à surgir, vous essayez de vous asseoir élégamment, ventre rentré, fesses camouflées pour finir par vous écrouler sous les effets d'une soupape naturelle et telle une tente pour laquelle il suffit d'appuyer sur un bouton pour qu'elle se monte, les différentes parties de votre corps se déplient, soudain libres de s'exprimer et vous en restez planter comme un piquet cramoisi. Et que peut on lire dans ces hebdomadaires palpitants, ce sont les lieux de villégiature des gens nommés stars juste le temps de la photo. On peut ainsi prévoir ses vacances en fonction du tour de france ou des haltes supposés d'une vedette de la série "Plus belle la vie". Personnellement, je me renseigne toujours, avant de réserver, de savoir où va se reposer Nana Mouskouri et comme les magazines sont incapables de me donner la réponse, nous allons tous les ans dans un camping à Mios, près de Bordeaux et j'ai l'impression d'être en Grèce...

3- Ce sont des suppléments jeux à gogo, car les vacances c'est bien mais s'installe une certaine propension à l'ennui que vient heureusement contrecarrer un dossier spécial été où se croisent mots croisés, quiz, enquête littéraire qui porteront sur des sujets plus ou moins frivoles selon que cela doit servir à distraire un cerveau féminin ou masculin. Chacun sait que la femme ne doit pas trop plissé le front sous l'effort de la réflexion...L'été c'est la revanche des faits divers qui prennent le devant de la scène pour attirer le chaland qui d'habitude se contente des journaux gratuits pour ignorer ses contemporains, mais là c'est une myriade de corps dénudés qu'il doit masquer et rien de mieux que les péripéties d'anonymes ou les biographies d'auteurs méconnus pour s'échapper du brouhaha ambiant de vies écœurantes de proximité. De même, pour ceux qui ne partent pas en vacances, quelle joie de se plonger dans les méandres inextricables et invraisemblables de  ce type qui décida un jour de partir de chez lui pour conquérir le droit de ne pas croire que les caleçons ne pouvaient pas être culottés et de cette femme, dont la vie est épluchée dans le moindre recoin, qui devint l'égérie de multiples artistes pour lesquels elle posa dans toutes les positions inimaginables, se prêtant à toutes les distorsions et oubliée par la postérité du fait de sa grande ressemblance avec une pomme.

4- Ce sont les pavés qui ressortent, pas ceux qu'on voudrait balancer sur les flics qui ne se font caillasser que lorsque des conseillers les accompagnent (ou alors les journalistes ne seraient pas informés, ce qui serait un comble), mais les gros livres (souvent titulaires d’un Goncourt ou autre distinction qui nous dispense de lire le 4ème de couverture pour ne s’accrocher qu’au gros bandeau rouge qui le ceint, telle l’écharpe bleu, blanc, rouge qui nous permet de ne pas confondre le maire avec le témoin du marié) dont une activité trépidante, accaparante, vampirisante nous éloigne tout au long de notre dure vie de labeur, j’ai nommé la télévision. Heureusement, pendant les vacances, les chaînes se concertent toutes pour rendre leurs programmes aussi insipides qu’un cerveau à l’encéphalogramme plat d’une première dame de France, en multipliant rediffusions et autres spectacles que je ne peux nommer sous peine de leur faire trop d’honneur (même la télécommande a flanché quand j’ai voulu, alors que je me sentais me transformer en bisounours à la lecture du dernier Lévy, allumer mon poste pour me requinquer avec une bonne scène de violence). Je conseillerais, comme docteur avisé et référence reconnue par la critique de « la gazette de l’énergie brute et peu épaisse » (journal dont le supplément jeux est original dans le sens où les jeux ont été remplacés par de grandes pages blanches, à gribouiller à loisir, le type devant créer les tests et autres énigmes ayant été licencié par le consortium américain qui détient le titre ; par solidarité, j’ai écrit m… dix fois sur les pages en question. Cela ne le fera pas revenir mais ça soulage ), la lecture de l’œuvre de BICASSIN Jean, patriarche qui décrit avec ferveur, émotion mais sans mièvrerie, les rudes conditions des marins auvergnats qui, de père en fils et de filles en maquerelles, s’échinent à découper le porc, se hissent sur des hauts et des bas, écopent de lourds et vagues tributs, s’échouent sur les comptoirs, et finissent à force de poignées par construire un empire s’étendant de Randan à Villeneuve.

5- C’est le tour de France ou autre retransmission d’un exploit sportif et tristes sont les années où aucune coupe du monde ou aucun jeux olympiques ne vient décider les plus acharnés travailleurs à déposer des congés, pendant la période la plus propice aux embouteillages, aux collisions avec des langues bigarrées et des accoutrements épicés, aux percussions et défoulements miochesques dans le moindre espace herboisé, pour se calfeutrer dans son salon devant son écran plat géant et éprouver la solidité de son canapé ou de ses genoux lorsque le spectateur captivé contrôle mal son enthousiasme débordant ou sa déception percutante. Qu’est ce qui va enthousiasmer les foules en cet été 2009, après le Tour de France ? quelques diatribes socialistes manquant de punch et de bonnes torgnoles bien pensées, quelque chanson murmurée par notre first lady soutenu par un mari qui se fera payer le voyage en prétextant quelques rendez – vous d’affaire, quelque mort d’un chanteur national exilé en Suisse pour participer à l’effort individualiste(je ne souhaite pas la mort de JH, je ne fais que chercher de l’animation pour un été qui s’annonce terne et peu susceptible d’étoffer ma conférence), quelque virus  qui nous prend à la gorge, quelque troisième guerre mondiale qui nous ferait nous entretuer gaiement avant l’apéro du soir….

6- Ce sont des conférenciers obligés de soliloquer devant un parterre à moitié vide ou à moitié plein, selon que la conférence vient de débuter ou s’approche de la fin. Obligés de hurler pour couvrir les halètements du chien courant d’une flaque de glace à l’autre, pour couvrir les pleurs des gamins venant d’échapper leur cornet, pour couvrir les gifles affligées aux gosses maladroits, pour se couvrir au cas où son épouse entrerait et découvrirait que le  parterre se compose de femmes à moitié dénudées ou à moitié vêtues, selon que le mari ait promis un maillot HEres ou Decaton.

7- Ce sont des photos effacées, diffusées, commentées, jetées en pâture sur des blogs indélicats. Ce sont des souvenirs rabâchés, des oublis consciencieux, des disputes sur la couleur de la robe portée au moment de LA rencontre, des haines tenaces contre les cousins Genest qui ont vidé toute la crème solaire dans le saladier de la tante Georgette et qu’on a rattrapé à temps alors qu’elle allait se jeter dans la piscine, des joies immenses à la vue d’un sanglier qui ressemblait plus à un garde champêtre à bien réfléchir, des kilos en trop à perdre en se lançant dans la lecture des magazines d’automne qui proclame la mort de la maigreur, des odeurs à conserver dans un coin de la narine sauf si elles proviennent d’un parfum bon marché où le poisson aurait endossé un masque de Koffe pour se plaindre de la concurrence, des images à admirer lorsque vos pas vous ramènent au boulot où il faut douloureusement accepter que vos collègues aillent à leur tour en vacances pendant que vous allez plancher à monter un film des vôtres.

Je vous remercie, mesdames, mesdemoiselles, messieurs de votre attention et vous rappelle que la conférence est gracieusement offerte par la limonade Pssiitt, la limonade qui fait pétiller vos vacances. Des verres et des hôtesses sont à votre disposition sur la table du fond …enfin merci de ne placer les hôtesses sur la table qu’après avoir débarrassé les verres….et je vous laisse à vos éructations.

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