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je vis, je dis, je ris ...ou pas
15 août 2009

Avant, après, ensuite

Il faudrait faire un avant - après,

non pas celui du style qui présente une fille lestée de 30 kg qui débordent jusqu'aux genoux puis la "même" (du moins la coupe de cheveux est identique et la photo est prise devant la même fenêtre) toute mince pour illustrer la légende qui proclame, "faites comme moi, perdez 10 kg en deux semaines"...c'est peut être pour cela que la différence est si flagrante, la première femme est morte d'épuisement et ils ont dû sortir la doublure, ou alors les kg, contrairement aux prix, subissent une inflation monumentale et 1 kg de deux semaines vaut 3 kg d'aujourd'hui, ou la première dissimule un coussin de 10 kg sous son pull informe et il lui a fallut 2 semaines pour le sortir parce qu'elle a sous - estimé l'étreinte d'un pull collant comme une moule (non fonctionnel à défaut d'être fonctionnaire) et que même le photographe s'y est mis, tirant, ahanant sur ce truc en plume qui lui en a fait dévaler des marches à la recherche de l'outil adéquat : ciseau ne faisant plus que se croiser les jambes, couteau ne trouvant aucune parade, pelote pour lui rappeler l'origine du monde, bras qui lui ont donné maille à partir....l'oreiller a fini par s'avouer vaincu et a chuinté dans un dernier effort qui a projeté le photographe loin de son objectif et la légende n'est pas mensongère, sauf que c'est le photographe qui a perdu les 10 kg dans cette guerre à trois (le photographe qui a gagné son pari et fini sur les talons, la femme qui n'y fit pas génie mais dont l'haleine était l'enjeu et l'oreiller qui était un sec retors) et une idylle s'est tricotée car rien de tel pour rapprocher les gens qu'une histoire d'oreiller.

non pas celui du genre qui présente une femme banale, souriante mais sans mise en valeur, devenue après passage entre les mains d'experts en artifices divers, une femme qui ferait se retourner le fidéle le plus endurci (permettant au curé de continuer à essayer de le rassembler). Vos yeux sautent d'une photo à l'autre, recherchant les ressemblances, faisant bondir votre mari lorsque vous vous exclamez "Ah, le nez est plus gros là, c'est pas la même" et vous en profitez pour attraper votre fille qui passait par là par hasard, pensant la voie libre pour se fournir en bonbons dont les papiers servent à colmater la moindre place libre dans les tiroirs, placards, jouets pouvant servir de faucon maltais, et vous lui serinait une leçon de morale à étudier dans les cours de science fiction appliquée "tu vois, ma fille, faut pas croire les magasines, les photos sont retouchées et la femme que tu vois là, elle est pas si belle que ça.  - Oui, vous répond votre fille, mais, elle, elle a pas de rides comme toi. - Mais si, c'est qu'ils lui ont effacé. - Ils pourraient pas le faire pour toi aussi. - Dis, tu as fini de traiter ta mère de vieille bique, vas dans ta chambre et n'en ressort que quand tu seras capable d'en sortir en passant par la fenêtre....". Bref, avant vous êtiez une mère aimante, après vous êtes une femme qui déchire le magasine, le jette rageusement dans la poubelle non recyclable (ça t'apprendras, espèce de pimbèche) et demande à son mari s'il n'a pas quelque chose de mieux à faire que de zyeuter des bonnes femmes qui ne sont même pas capables de vider leurs tripes pour qu'on puisse constater leur beauté intérieure. Et vous allez prendre une autre douche froide.

Non un avant - après l'annonce qu'une personne étrangère à votre foyer va y entrer, non pas pour y semer la zizanie, mais une tempète ménagère qui fait qu'un cafard n'y retrouve pas son petit. Octavia qui avait eu une scolarité en dents de scie (malheureusement émoussées d'où une permanence dans la moyenne) s'était vu récompensée par des cours supplémentaires de mathématiques pendant les vacances. Nous faisons parti des 50 % des français qui ne partent pas en vacances (ce qui n'empêche pas de rendre les routes d'août, particulièrement celle que je dois empruntée (la rendant toujours dans l'état où je l'ai trouvé) quotidiennement pour me rendre à ce travail que j'aime dénigré, fortement encombrées de toutes sortes de voitures réhaussées de galeries ressemblant à de grands suppositoires, certainement dans l'idée de rendre la circulation plus fluide en doublant les doses sur l'accélérateur, de caravanes poussives qui stressent le pauvre travailleur pressé d'arriver au boulot pour se pencher sur sa tasse de café...) ; nous avons préféré nous restreindre dans nos sorties en invitant une professeur a potassé avec notre fille le programme scolaire, celle - ci ayant tendance, lorsqu'elle est laissée à elle - même, à s'adonner au programme télévisuel....en fait, c'est plus le jeu d'un mauvais calcul car ma fille, ne pouvant quand même pas sacrifier ses révisions d'intervilles, de Fort Boyard etc, seuls cours qui privilégient les redoublements, n'arrivait pas à émerger avant 10 heures et nous avons dû convenir que les cours auraient lieu les après midi,  notre principale distraction fut donc d'occuper Marcus afin qu'il ne vienne pas déranger sa soeur.

Il y a bien eu un avant et un après. Juste avant la première intervention de cette professeur, pourtant vraisemblablement habituée à la cacophonie et à la dévastation ambiante (le thème récurrent, sans éponge, n'est - il pas la violence à l'école et la nécessité de faire le ménage afin que les profs soient moins nombreux à pratiquer l'absentéisme...), la table de la salle à manger, où était prévu l'immolation de ma fille au bénéfice du savoir, n'était reconnue comme table que par ceux qui, doté d'une bonne vue, parvenaient à entre apercevoir, entre les multiples dessins, gribouillis ne différenciant que par la couleur ou la grosseur du monstre sorti de l'imaginaire d'un gosse de presque trois ans qui sait déjà qu'il suffit d'appuyer sur une montre pour se transformer en impitoyable combattant, les jouets s'incrustant aussi temporairement que durera la paresse incommensurable de deux gamins pour qui mettre leur linge sale dans la panière prévue à cet effet relève de l'exploit, ce qui ne les dispense pas de rêver être des wipeouter affrontant les  obstacles les plus tordus pour se vautrer dans la boue (ce qui soulagerait le canapé), les affaires diverses et variées d'un mari qui sait voir le désordre des autres mais ne s'embarasse pas du sien. Bref, pour recevoir avec honneur cette professeur qui acceptait de relever le challenge d'arriver à faire tenir tranquille, pendant deux heures, une fille qui bondit plus vite que son ombre, telle une longuesonne cowgirl (elle y arriverait si bien que la première chose que ma fille ferait après son cours était de se précipiter aux toilettes), nous avions décidé de faire table rase. Et lorsqu'elle frappa à notre porte, ce fut une table étincelante, drapée dans une nappe qui n'avait pas vu la lumière depuis des lustres (elle put d'ailleurs s'exclamer : "tiens, j'ai deux lustres qui me contemplent !"), qui l'accueillit. Et accessoirement, moi.

Elle s'installa à la place qui lui était dévolue et put étaler ses affaires afin de triturer la cervelle d'une Octavia volontaire nominée d'office, prête à décrocher sa machoire en rêvant d'une palme aquatique (pas celle qui pendouille au pied d'une Carla coincée sur un rocher, dans une position qui lui fait craindre les pires crampes (un hélicoptère est - il venu la sortir de cette situation inextricable : comment se lever élégamment en rentrant le ventre, pointant les fesses, s'empêchant de sourire à la caméra et s'apercevant que les palmes ça ne sied pas au bronzage ?) à côté d'un Sarkosy bombant le torse tel un matador prêt à en découdre avec un crabe.). Les calculs ne furent pas sournois contrairement à la routine tentaculaire, empruntant des voies toujours régulières, notamment des bras un peu courts, déposant leurs offrandes sur la table sacrificielle qui devint l'objet d'un combat de chaque instant, entre la bienséance qui voulait sauver les apparences et le zut on est chez nous après tout. Le territoire de la professeur s'amenuisait de jour en jour , le fouillis ambiant, tel un nénuphar doublant avec son car l'unique tiers, s'emparait du moindre recoin laissé libre par les cahiers, classeurs, règles et compas qui rappelaient qu'ici se levait une stèle au savoir. Octavia, elle, développait son bon sens en constatant que rien ne servait de répondre, il suffisait de pêcher à point pour que la prof morde à l'hameçon.

L'après ressemblait de plus en plus à l'avant, le sans apprêt poussait de l'avant, l'a peu près pris les devants, le prêt ressemblait à du vent. Octavia et la prof se serrérent les coudes, plus pour une question de solidité de leur assise que par solidarité.  Mais c'est souvent l'arnaque avec les avant - après, on ne sait jamais ce qu'ils deviennent ensuite.

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