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je vis, je dis, je ris ...ou pas
11 mars 2010

Cachez cet hiver que je ne saurai plus voir

Encore de la neige ! Ma joie enfantime, mes exclamations joyeuses m'ont complètement désertées et je ne soulève le rideau de la fenêtre qu'avec appréhension et un dégôùt sonore lorsque je ne distingue plus le goudron rassurant, camouflé par une couche sournoise dans sa virginité. Même les enfants n'arrivent plus à se passionner par ces flocons éphémères qui ne tombent que pour faire chuter notre illusion printanière. Les pieds lourds de bottes éreintées et le coeur battant, nous montons dans la voiture, cette couche fine ne suffisant pas à persuader nos patrons ou professeurs que le mauvais temps ne nous permet pas de nous déplacer. Trop de neige lasse, pas assez lâche !

Dimanche, carnaval de la ville pour souhaiter la venue au printemps et nous avons défilé, emmitouflés dans nos blousons boutonnés sur nos déguisements dérisoires, le ciel nous jetant joyeusement ces confettis tout blancs qui ne présagent point un vol d'hirondelles. La flambée de monsieur carnaval a été l'occasion d'un doux rapprochement vers cette chaleur soudaine et bienvenue, saluée par nos claquements de dents et le frottement de nos mains, se caressant vigoureusement comme cherchant à faire jailler leur propre feu.

Enlevez anorak et cagoule et découvrez un Marcus déguisé en poussin, soulevez imperméable et apparait une Octavia toute de rose vêtue, pointant vers la cîme blanchâtre ses oreilles de lapin. Après un défilé écourté pour que la parade de Rio ne s'enrhume pas, malgré des collants épais et des perruques bien supportables, nous nous sommes réfugiés dans une salle qui, pour une fois ,a perdu son caractère pompeux et impersonnel pour se transformer en hâvre , loin du tumulte capricieux d'un hiver non pressé de tirer sa révérence. Même le spectacle de gamins trébuchant, s'accrochant, ne gardant de la chorégraphie initiale qu'une scansion mécanique et tatonnante, ne réussit pas à atténuer ce sentiment de plénitude que procurent de bons radiateurs ronronnants. Même le gachis de barbes à papa se collant aux doigts fureteux, aux cheveux égarés, aux vestes enfin quittées, au parquet méconnaissable, et évitant soigneusement la bouche d'un enfant découvrant qu'il préfère une crêpe, ne parvient pas à gâcher ce plaisir de n'être qu'en pull et d'avoir chaud. Vous en finissez même par apprécier la danse en ligne parce que, lorsque la musique country se met en branle, vous n'êtes pas en train de regarder les "cow boys" qui veillent ardemment et conscienceusement à ne pas sortir les mains de leurs poches, vous êtes en train de virevolter avec votre fils, les joues rouges et heureuse de ne plus sentir vos doigts engourdis.

Bien sûr, ce répit est de courte durée et vous devez de nouveau vous harnacher pour affronter un froid revigorant et le souffle glacial d'un vent s'engouffrant dans chaque interstice offert à sa merci. Ah la morsure de ce vampire trop pâle ne me fascine point et je rêve d'un printemps plus entreprenant, chassant d'un coup de rein moins chaste cet affreux hiver qui s'acharne à me glacer le sang. (Je n'ai pas succombé à la mode dracula, mon mari m'a fait lire les livres de Anne Rice dont "Entretien avec un vampire", trop sentimental, j'en ai ri sous cape !)

Si la neige n'a su me retenir de me sacrifier au travail, edf a su y remédier. Coupure générale d'électricité dans toute la ville. Plus de lumière, d'ordinateur, de téléphone, de chauffage et sans arrêt des gens entrant pour venir aux nouvelles "vous avez téléphoné à Edf ?". Et nous de frissonner et de remuer la tête, comme pour nous réchauffer, pas d'appel (pour cause), pas de visite d'un électricien zélé, nous n'étions au courant (pour cause) de rien ! Slogans de EDF "l'avenir est un choix de tous les jours" : est - ce que aujourd'hui est compris ?, "Nous sommes l'énergie de ce monde, nous sommes fiers d'être la votre" : alors montrez - le !, "Donner au monde l'énergie d'être meilleur » : le meilleur étant déjà de faire partie de mon monde,  "Notre énergie sera toujours à vos côtés" : lesquels s'il vous plait que je sache où me tourner, "Nous vous devons plus que la lumière" : oui, je l'ai écrit plus haut, le téléphone, un ordinateur qui marche, un onduleur qui arrête de couiner, du chauffage..., "Changer l'énergie ensemble" : je veux bien m'occuper des ampoules...Bref, après le trentième frisson incompressible, le 5ème éternuement, la première engelure, songeant que je ne pourrais pas réchauffer mes pauvres mimines contre une tasse brulante (bouilloire et micro - ondes restant muets à mes sollicitations), après la huitième tentative de faire une photocopie (pire qu'un réflexe à ce niveau là, une bêtise congénitale et congelée), j'ai craqué, posé des heures et quitté sans regret ce réfrigérateur... Tiens, dehors il fait encore plus froid !

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