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je vis, je dis, je ris ...ou pas
18 août 2010

Bannissez - nous Saigneur

Dimanche 15 août, baptème.

Qui dit baptème, dit église.

Mon catéchisme est lointain. Je me souviens des dimanches à l'église où il fallait expier ses fautes pour pouvoir ingurgiter le corps du Christ. Je me souviens de l'angoisse tortueuse d'avant la confession, se triturer les méninges pour essayer d'extirper de sa cervelle de moineau un pêché suffisamment véniel pour s'attirer les foudres d'un ave ou d'un pater ; mentir pour mériter une indulgence ; s'offrir en pénitence pour combler le prêtre. Non pas que je n'ai jamais volé, insulté, agressé, tué (quelques mouches avec colère, queques limaces et escargots avec paresse, quelque chien avec avarice...), mais tous les dimanches, se mettre à genoux devant un voile qui cachait mal un type que vous connaissiez, cotoyiez, attendre patiemment derrière et devant d'autres brebis engoncées prêtes au sacrifice, il y avait de quoi en perdre son latin et réciter la première messe venue pour ne pas subir un sermon de plus.

(Maintenant les sermons, je les fais subir à mes enfants qui prennent le même air néantesque que je prenais lorsque le prêtre essayait de m'expliquer que le mal que je faisais c'était à Dieu que je le faisais et que Dieu avait une patience infinie mais pas mon voisin qui pourrait très bien répondre en saisissant la bible pour m'enfoncer sa foi dans le crâne. Malgré leur indifférence, j'aime les tenir enfermés dans leur chambre, comme moi j'étais coincée dans le confessionnal, et leur tenir la dragée pendant au moins 10 minutes à bafouiller sur le respect, la tolérance, en espérant qu'ils comprennent ce que j'essayent de leur expliquer ; ce qui ne semble pas le cas puisque lorsque je m'éloigne, les cris reprennent et lorsque je lis par hasard le journal intime de ma fille, après avoir fouraillé partout pour dénicher la clef, je me découvre traitée comme une mère chiante avec ses leçons de morale....un conseil, ne jamais lire le journal intime de sa fille, vous vous rendez compte que non seulement, vous êtes pire que satan, martyrisant de pauvres enfants charitables et innocents mais également qu'elle n'a fait aucun progrés en orthographe).

Dimanche 15 aôut (je ne sais jamais où est ce circonflexe ; je ne suis pas pour la simplification de l'orthographe, n'en déplaise à ma fille que je torturerais jusqu'à mon chevet (avec un t) pour qu'elle mette des "s" à tout mot qui présuppose que l'unité est dépassée ; ex : je perds mon temps à écrire, je mets un s à temps car ce n'est pas seulement le mien que je perds mais également celui de tous mes lecteurs potentiels, mais le mois d'août m'enquiquine, certainement parce que tout le monde s'attend à ce qu'il y fasse si chaud que le chapeau en devienne obligatoire alors que cela fait plusieurs années que c'est plutôt le bonnet qui s'impose, sans circonflexe contrairement à "impôt" qui se découvre toujours au mois d'âout....), baptême d'un petit cousin à mon mari, petit non seulement par la taille mais par le degré de parenté (punaise, ces gens qui vous enquiquinent avec leur histoire de famille, comme mon collègue qui part d'un cousin pour arriver à me parler du chauffeur de la bonne du gendarme trop saoul pour pisser dans son képi).

Je me souviens du baptème de ma filleule : très long ; du baptème de mon fils : très très long ; du baptème de ma fille : trop court, j'ai dû quitter l'église tellement elle hurlait. Je me souviens du baptème du petit cousin de mon mari : très en retard. Quelle idée de faire un baptème le 15 août, déjà bien occupé par une Sainte Vierge. Si ce jour, nous célébrons la montée au ciel de Marie, nous avons attendu longtemps la montée jusqu'à la chapelle du prêtre. Heureusement, il est arrivé avant que les gosses, geignants, affamés, se mettent à s'entre dévorer. (C'est très joli un vitrail mais ça tient en admiration un gamin environ 2 minutes, ensuite si vous ne lui jetez pas en pâture un homme bizarre attifé d'une drôle de robe blanche, il risque de devenir incontrolable au point de vous menacer d'un duel aux cierges ; nous étions prêts d'ailleurs à aller ferrailler dans un pré avec des pistes de skate board aperçues non loin lorsque nous fûmes rappeler à notre devoir par un curé miraculeusement survenu).

Le prêtre apparut vite comme un fin connaisseur lithurgique. Comme chacun sait, le supplice principal lors d'un baptème consiste à être désigné comme parrain et marraine et à devoir, devant une assemblée réunie pas toujours de son plein gré mais souvent faute d'un alibi suffisamment crédible pour éviter d'être sur le lieu du crime, réciter un texte plein d'amour, d'amitié, de joie et de pardon ; texte qu'il faut faire gober à cette même assemblée surtout préoccupée en ce début d'après midi par les tiraillements bruyants d'estomacs criant famine. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer, moins il faut le croire (et dans une église, il en faut de la croyance) que celui que doit traverser le prêtre lorsqu'il lui faut trouver une signification à ce qui vient d'être exécuté monocordement. Le notre s'en est bien tiré : " trés beau texte", "texte magnifique", "texte trés significatif", "magnifique texte"....juste à lui reprocher un manque de recherche dans ses adjectifs. Il a su atteindre le comble du paradoxe lorsqu'il a voulu étayer son argumentation sur la beauté du baptème, la richesse promise par l'entrée glorieuse dans la communauté des chrétiens, la noblesse du partage et de la transmission : "je ne sais pas ... je ne suis pas père...enfin, si....mais pas...."

Vraiment trés belle cérémonie, émouvante, surtout lorsque les bébés insouciants se sont vus asperger d'une eau froide rejaillissant dans leurs yeux détrompés. Petit cousin n'a pas pleuré, il a souri tout le long, inébranlable et impénétrable....La quête et nous avons pu enfin nourrir notre corps....

Vu sur la route : un camping car roulant très lentement. Comme toujours, dans ce cas, le chauffeur double pendant que le passager attend d'apercevoir le chauffeur pour l'assassiner d'un regard trés colérique. Là, personne, juste un volant, pas de mains dessus....ma fille affirme avoir vu quelqu'un, les bras le long du corps. Je pense que nous avons croisé le camping car fantôme....celui qui sillonne la terre entière à la recherche de l'emplacement idéal, celui qui n'en a rien à faire de rouler comme un escargot du moment qu'il emmerde tout le monde...ouais, j'en parlerai encore à mes petits enfants.

Entendu sur la route : "Ah des flics, ils vont nous tuer...tous à la vengeance du flic !". Cela provenait du fond de la voiture, de Marcus à la vue d'une voiture de police. Je n'ai jamais fait subir à mon fils le moindre journal télévisé, mais franchement, je serai un flic je me demanderai s'il est normal qu'un gamin de presque 4 ans ne les voit que comme des méchants affreux pas beaux (pire encore, parce qu'il adore les animaux méchants et que là, dans son exclamation, il n'y avait aucune envie de les imiter). Je ne dirai rien sur la surenchère arbitraire en cours qui a pour aberration de prôner l'expulsion d'européens hors de France, sachant que dans l'espace européen les frontières n'existent plus ; je ne dirai rien sur la surenchère sécuritaire qui prône la violence pour calmer la violence ; je ne dirai rien sur la surenchère policière qui va de paire avec la suppression de trois mille emplois de policiers. Juste que pour un bon mot médiatique, les ministres ne pronent plus les Droits de l'Homme mais l'Effroi de l'homme.

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