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je vis, je dis, je ris ...ou pas
6 septembre 2010

La télévision à la noix

A TABLE !

Il y a quelques siècles, lorsque mon mari n'était point mon mari, lorsque mon homme ne m'avait point fait femme, lorsque je n'avais que le rôle de mère à jouer, les leçons les plus difficiles à réciter étaient celles qui portaient sur la tablée heureuse et enthousiaste, se retrouvant après une dure journée, échangeant des propos badins et sérieux tout en se passant le sel avec élégance. Je n'aspirais qu'à la tranquillité et les moues de gamins devant des raviolis trop cuits m'étaient insupportables. Je m'enfermais dans ma cuisine autour d'une tasse de thé et de biscuits pendant que les gamins s'installaient devant la télévision, tâchant joyeusement la housse des canapés à l'aide de sauce tomate figée dans des postures culpabilisatrices et incrustantes.  De même, le week end, je les laissais se nourrir d'images loin d'être sages, pendant que je n'aspirais qu'à faire la vaisselle afin d'en finir au plus vite avec cette corvée du repas familial. Pas contre, je ne coupais jamais à la lecture du soir et le coucher s'étirait puisque coincée dans leur chambre, ils se réveillaient soudain à ma conscience et me racontaient leur soucis, les chamailleries entre camarades, les réprimandes de la maîtresse, heureux de me conserver un instant avant que je ne retourne à ma solitude.

Maintenant, que j'ai rencontré celui qui est devenu mon mari, ma boite de raviolis est heureuse de prôner fiérement au milieu d'une tablée heureuse et susceptible de s'écharper au moindre prétexte. Tous les soirs, après une dure journée, je me précipite sur les casseroles, choisis au hasard la boite de conserves du jour et une fois la table dressée (la seule dans ce foyer), j'appelle avec appréhension toute la maisonnée à venir se recueillir autour de ce réceptacle de leur frustration à devoir quitter la télévision pour se regarder dans le blanc des yeux. Qui sera le premier à brandir la fourchette pour taillader le bras du voisin, qui sera le premier a hurlé parce que sa soeur a moins de pizza que lui (ma cuisine étant si réputée qu'ils se battent pour y échapper au maximum), qui sera le premier a renié père et mère pour récupérer au prix d'un pugilat général le dernier petit suisse à la banane ? Mon mari, pendant que j'essaye de maintenir un vernis de politesse en m'interposant vertement lorsque les premières larmes tombent (souvent celles de ma fille qui sait parfaitement se positionner entre ses deux têtes de turcs de frêre, souvent celles de Marcus lorsque, refusant de manger ses haricots verts bouillis, il préfére observer ma réaction en les plongeant d'abord dans le ketchup, dans la sauce barbecue, dans la sauce hamburger puis en les laissant négligemment affronter le carrelage), mange. Un tremblement de terre interviendrait dans nos batailles quotidiennes, qu'il le prierait d'attendre qu'il ait fini son dessert.

Alors, j'avoue, parfois, lorsque mon cher époux s'absente, le plus souvent cause entrainement de football tardif d'où il revient, la démarche empruntée à un cavalier ayant subi l'assaut de mille chevaux sauvages, transpirant d'aise d'avoir su effectuer 30 pompes pour cause de but manqué (5 pompes par échec), je replonge et permet à mes monstres de manger tranquillement et paisiblement devant la télévision. Apaisée dans ma cuisine, devant ma tisane et mes dragibus (discrétement sortis d'une cachette sans cesse renouvelée cause envieux fouineurs), j'entends quelques sursauts de révolte et quelques rebondissements d'assiettes filant à l'anglaise. Je soupire, j'attends que la paix revienne dans mes oreilles. Je m'agiterais à nouveau lorsque le tour de la vaisselle, de l'aspirateur, de la serpillière, viendra. Puis ce sera la lecture du soir, où chacun redeviendra tendre et calin, exigeant un dernier bisou avant la nuit (les gosses, c'est comme les vampire, la nuit, ils se transforment en assoiffés d'amour).

Je ne suis pas pour une télévision hypnotisant l'auditoire empêchant celui ci de se rendre compte de la fadeur de la nourriture qui franchit laborieusement ses lèvres, j'ai pris goût à ses tablées mouvementées où se marrient les blagues les plus anales aux propos sans annales. Maisparfois, j'ai besoin de silence, d'un instantané de célibat ; juste une pause dans un défilé incessant, juste une parenthèse dans un billet mal digéré, juste une envie pour mieux savourer la vivacité houleuse d'une famille qui ne sait s'aimer que dans l'excés ; aussi la seule baby sitter que je puisse m'offrir qui s'en fichera de se retrouver tartiner des pieds à l'antenne de quiche congelée.

Ma fille, graine de star, conclue : "A table, c'est bien ; à la télé, c'est mieux" !

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Commentaires
G
à nanou, Pour l'instant,ma fille résiste au collège. Elle est toujours souriante, bondissante et de toutes les couleurs ! mais un peu jalouse d'une copine qui s'est trouvée un amoureux. Pour la télé, pas facile à gérer, comme les deux grands sont seuls pendant 1h00 voir 1h30, pas évident de contrôler qu'ils font leurs devoirs tout de suite après avoir goûté...<br /> <br /> à mère à la noix, on arrive encore à les coucher à 20h30 - 21 h00 au plus tard, mais moi à cette heure, c'est moi qui ais plus le goût aux galipettes et je retrouve plus souvent les bras de Morphée que ceux de mon mari !!!
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N
Depuis qu'on a déménagé on a une cuisine spacieuse (c'est bien la seule pièce de la baraque). On y mange donc en discutant (ou en s'engueulant, ça dépend). Mais la télé, elle, reste au salon et c'est pas plus mal. Les gosses y ont droit avant ou/et après mais pas pendant. Après tout c'est le seul moment où on se retrouve tous les 4 puisque Fille Aînée s'empresse ensuite de se claquemurer dans sa chambre avec ordi et portable...
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M
Tu veux éprouver ma sympathie toute fraîche, dis, c'est ça ?! <br /> La télé nounou, on s'en sert aussi mon mari et moi. Puisque nos ados n'éteignent plus à 20heures même pas à 21 même pas toujours à 22heures et qu'ils rallument sans crier gare pour un pipi mou ou un caca dur ... et bien on a trouvé la parade pour pouvoir continuer à forniquer autrement que dans le noir noir dans le silence lence et au milieu de la nuit nuit : on leur offre le droit de regarder les gendarmes et les extra-terrestres, oui, oui vous pouvez mettre plus fort, et nous on va lire en haut ...
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