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je vis, je dis, je ris ...ou pas
29 mai 2011

Blanche neige et noir dessein

Mon petit dernier sort souvent hilare de l'école (et y rentre souvent en rechignant), non pas comme un prisonnier heureux de retrouver l'insécurité du dehors, mais parce qu'il est heureux de me faire part des bons mots qu'il a échangé avec ses copains, avec les dames de l'accueil péri-scolaires, moins avec la maîtresse qui l'épuise à lui demander sans cesse de remplir des fiches où il a tout juste et il a longuement pesté, vendredi, contre la pluie - pourtant tant attendue de nos jardiniers en herbe jaunie et de nos agriculteurs en bêtes efflanquées - qui ne faisait rien que tomber pendant les pauses récréatives, ce qui fait qu'à peine ils s'ébrouaient joyeusement dans la cour, les misérables gouttes s'ébattaient sur leur tête blonde et ils devaient s'en retourner en classe, dépités, sous l'oeil satisfait d'une maîtresse leur tendant implacablement une nouvelle fiche pour les divertir  de cet événement facheux (je tiens à préciser que je n'ai pas la version de la maîtresse).

Jeudi, mon fils est donc sorti complètement hilare, s'exclaffant à ma vue, se retenant à peine de faire pipi dans sa culotte (ne se retenant plus du tout au bout de 5 secondes de secousses incompressibles, ce qui fait que je n'ai pu partager son hilarité). Se calmant peu à peu (surtout grâce à mes remarques acerbes sur l'état de son pantalon), il m'a expliqué que Chantal, la dame de l'accueil, aime bien dire que les mamans sont belles et elle m'a comparé à Blanche Neige et de repartir d'un bel éclat de rire.

Sans ce rire, j'aurai pu être flattée. J'ai imaginé la scène suivante : pleins d'enfants, abandonnés par leur mère - travaillant trop tard pour aller les chercher à la sortie de l'école et bénissant Jules Ferry d'avoir inventé l'école et la mairie, la garderie après-scolaire, ce qui leur permet d'acheter du pain en toute quiétude sans craindre d'apercevoir un gamin capricieux se roulant par terre, réclamant, avec forces hurlements, des confiseries gâtant son semblant de civilité, et de feindre l'indifférence en espérant que les autres personnes présentes croient que ce gamin n'est pas le sien - se serrent lamentablement les uns les autres, se réchauffant ainsi mutuellement de leur solitude, et regardent désespérément la dame de l'accueil, espérant qu'elle aura assez de compassion pour les caresser et leur jeter quelques miettes d'amour (on se croirait chez Oliver Twist, sauf que je n'ai pas encore demander à mon fils de faire la manche auprès des voisins, cela rapporte assez qu'il fasse le beau chez ses grand-mères).

La dame de l'accueil qui est une fée qui s'ignore (heureusement, car je ne pense pas, qi elle avait une baguette magique, que son voeu serait de s'occuper de gosses geignards, ingrats et toujours à la recherche d'une faille pour commettre la bêtise du siècle qui sera narrée, classe après classe après classe, avec toujours une immense révérence dans la voix et l'envie irrépressible de dépasser l'exploit.) se met alors à comparer les mamans avec les héroines des contes de Walt Disney, honteusement plagiés par Perrault et les frêres Andersen (en ajoutant des images sanglantes et des fins pas toujours heureuses ; je pense à la petite sirène qui n'épousera jamais son prince et là, franchement c'est du n'importe quoi ; si un prince peut épouser une roturière dont les parents se sont enrichis grâce aux cotillons, il peut bien marier une poissonnière muette, dotée de soeurs qui n'agitent pas la sphère médiatique du fait d'un fessier rebondi.).

Elle espère ainsi leur montrer que si leur mère est souvent absente, toujours distraite, c'est parce qu'elle fait partie d'un monde magique, où les dragons et les belles-mères sont terrassés, où les bals sont dépourvus de pompiers et où les fuseaux ne sont pas seulement horaires. Ainsi, cette mère serait Aurore, celle-ci Cendrillon, lorsqu'elle arriva à mon cas, il ne lui restait plus que Blanche neige ou la fée Carabosse. Elle hésita longuement, regarda les yeux mouillés de mon fils, tendu à ses lèvres, attentif et espérant recevoir la sainte absolution (son mentum : "je sais que ma mère est une pécheresse, mais elle ne sait pas ce qu'elle fait ; d'ailleurs, si aujourd'hui, je porte un blouson tout tâché et un pantalon déchiré aux genoux, c'est parce qu'elle a mal refermé la machine à laver"). Elle a donc opté pour Blanche Neige et mon fils a ri, a ri, a ri........

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