Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
je vis, je dis, je ris ...ou pas
1 juillet 2011

Spectacle de fin calvaire

Avant l'avènement des grandes vacances scolaires, il existe un drame dont personne n'ignore la régularité mais dont il est tabou d'évoquer la torture annuelle. Car si nous savons enfermés nos enfants derrière des pupitres tâchés de sueur et de suppliques, ils savent se venger  en nous infligeant, chaque mois de juin, un ou plusieurs spectacles (selon le nombre de bourreaux et de passions) de fin d'année qui mettent au supplice des parents qui n'ont que le divorce et la distance pour penser y échapper.

C'est ainsi qu'encore une fois, j'ai dû m'installer dans une salle surchauffée, à supporter des bambins bruyants et remuants dans la salle et braillards et rigides sur la scène.

1ère édition : spectacle de fin d'année de l'école maternelle et primaire. Acteur : mon fils dernier - Thème: le recyclage (thème qui n'a même pas réussi à Nicolas Hulot, c'est pour dire le climat peu réchauffé de la salle assoupie)

J'ai pu feindre l'enthousiasme 10 mn, j'ai passé les 50 mn suivantes à camoufler mes bâillements sous des applaudissements énergiques. J'ai failli m'avouer vaincue lors de l'intermède interminable de l'installation de l'arbre à pluie(toujours pas compris le kesako), visible par seulement 10 personnes de l'assemblée. Toute la musique provenait d'instruments de musiques faits maison à l'aide de bouteilles rendues à l'anonymat, de papier froissé d'être couvert de salive, de tubes aux contorsions incongrues et aux malentendus multiples et d'ingénuité mal placée. Certains refrains sonnaient justes, d'autres sonnaient juste trop longtemps. A la fin de la prestation, j'ai acclamé mon fils et mon retour à la pollution urbaine où les sons semblent si bons à entendre, du klaxon qui s'impatiente à la sirène qui s'affole, du train qui s'attarde au cri spontané d'un gamin à qui l'on vient de voler sa Ds. Ma belle-mère que j'avais inconsciemment invitée est maintenant persuadée que je ne l'aime pas et complote pour que son fils s'échappe de mes griffes.

2ème édition : spectacle de fin d'année de la chorale du collège. Acteur : ma fille. Thème : les 4 éléments (le 5ème étant l'instinct de revivre un enfer)

En fait, c'était intéressant. La première partie était consacrée à l'orchestre d'un collège voisin. Les enfants jouaient bien (à part un flutiste ayant une tendance à suivre la mode plutôt qu'à la lancer), ils ont fini en apothéose sur un classique : "Les pirates des Caraïbes ". Mon regard exercé s'est bien sûr arrêté sur le seul noir de la troupe, en me demandant où il avait bien pu trouvé le financement pour s'acquérir un si gros trombone. J'ai soupçonné une fraude aux allocations familiales jusqu'à ce que mon grand fils qui m'avait accompagné (mon mari ayant fait ingurgiter un somnifère au petit afin d'avoir un prétexte pour rester à la maison) m'a confié que son père était chirurgien à l'hôpital voisin, qu'il touchait bien sûr 10 fois moins que son confrère pur produit du lessivage épidermique mais suffisamment pour offrir à sa progéniture des moyens de se conformer à l'acculturation élitiste.

Ma fille est passée en seconde partie et à part un "au bord de la mer" de Jonasz cacophonique et à souhaiter que le Secours Populaire arrête d'offrir des vacances à ceux qui ne peuvent pas partir (ferait mieux de leur offrir un séjour de découverte du monde carcéral), l'ensemble était correct et j'ai pu féliciter ma fille en toute bonne foi.

3ème édition : spectacle de fin d'année du Foyer social. Acteur : ma fille. Thème : Bubble gum (ne me demandez pas pourquoi, sauf que ça m'a un peu gonflée)

Comme tout spectacle qui se respecte et qui veut faire croire qu'un succès populaire insoupçonnable a engendré un afflux imprévisible, il a commencé avec une demi-heure de retard, suivie d'un quart d'heure de discours pour remercier toujours les mêmes, qui s'acharnent sadiquement à gâcher la vie de parents qui ne pensaient pas que le coût très modeste de l'activité à l'année cachait un prix exorbitant pour avoir le devoir d'assister à un massacre organisé.

Je ne suis pas sectaire mais j'ai du mal à supporter skyrock plus de 5 mn. Alors imaginez mon état après deux heures de musique hip hop, house, techno, danse,  funky, breakbeat, casse-bonbons, entrecoupées de musiques country ringardes poussant à manifester pour le droit des indiens à mieux filtrer les entrées des casinos et de soupes bretonnes à demander la dénaturalisation de Tri Yann, Dan ar Braz et autres Nolwenn pour attentat à la sonorité rythmique.

J'ai tenu le choc pour ma fille. Mais j'ai eu un violent choc quand je me suis rendue compte que l'animateur, le seul homme mâle, bien que dépourvu de pilosité chabalienne, de la troupe, s'était, pour chaque danse, attribué le meilleur rôle, se dandinant elvisquement, tel un pacha servi docilement par un harem de jeunes filles à sa merci. Je me suis bien sûr insurgée, d'autant plus fort que les parents fautifs de la bête en rut fantasmagorique étaient installés juste devant moi.

C'est donc fini pour cette année scolaire. J'attends avec une hâte lente les spectacles suivants, me rassurant à la pensée qu'il y a une limite au pire.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité