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je vis, je dis, je ris ...ou pas
1 août 2011

Le bison futaie

Les dangers de la route.

 

Si dans nos verts-jaunes pâturages, les vaches broutent paisiblement, les joues un peu hâves d’avoir subi un régime sec, sur nos sillons goudronnés, Bison Futé s’empourpre, agitant des précautions d’alarme face à un afflux et reflux supposé de vacanciers moutonniers.

 

Or, si vous n’êtes pas un sudiste acharné, un opiniâtre du bronzage en sardine, un moustique attiré par les reflets moirés d’une mer d’huiles, vous pouvez relativement confortablement et rapidement circuler, de part et d’autre d’une France dédaignée, d’autant plus qu’alerté par les cris d’orfraie d’un bison qui se dit futé vous avez bagaginé au milieu de la nuit et êtes donc arrivé sur les lieux de votre villégiature 5 bonne heures en avance, pour vous rendre compte que vous seriez mieux au soleil.

 

Ce que le bovidé sauvage au cou bossu et au cerveau roublard oublie de nous signaler, c’est non pas le risque de rester embouteillé 4 heures dans une voiture glaciale et microbiotique du fait d’une climatisation capricieuse, à supporter les vannes bouseuses d’un animateur ras les pâquerettes et roi de la jaquette dorée, à calculer les envies pipi des mini-vessies et à ignorer tant les étripages de la plage arrière que les soupirs de plus en plus amers, prometteurs d’une abstinence boudeuse, du siège passager,

 

C’est la rencontre de pièges inédits, rocambolesques, loufoques et forcément dangereux. Je roulais sereinement, d’autant plus que j’avais pour mission de me décharger du poids de mon fils aîné sur les épaules de ma mère, lorsque je vis ma voiture. Je ne vis pas un sosie de ma voiture, mais bien son reflet dans la carrosserie rutilante et monsieur propre d’une autre voiture me précédant. Roulant de concert, je pus même y admirer les immeubles avoisinants, les arbres défilants et les commerces négociants. Alors que j’allais coasser « Ah! je ris de me voir si belle en ce miroir », je faillis me tamponner car je n’aperçus qu’au dernier moment un clignotant minusculement rond au milieu d’un rond plus grand. Je pestais tout le reste du trajet contre mon inconscience qui m’avait fait négliger de noter la marque de ce véhicule narcissien, sachant faire tourner les têtes mais point les volants. Je leur aurai envoyé une lettre de réclamation où les points sur mes i auraient été plus explicites que leur noyau timide.

 

De même, j’ai toujours une appréhension lorsque surgit, d’un champ fraichement labouré ou tièdement pesticidé, un tracteur surdimensionné, genre culturiste gonflé aux amphétamines mais allergiques aux crèmes antirides. Mais quelle réaction avoir lorsqu’apparaît un mastodonte arborant à la place de deux grosses cornes pointues et féroces, un balai et une pelle menaçants de rejouer la divine comédie de la chute gravitationnelle à chaque arrêt forcé par la présence d’un automobiliste paltoquet. Faut-il charger ? Faut-il feinter ? Faut-il hurler pour un retour à la modernité ?

 

Aussi, je dirai à monsieur l’animal doté d’un collier laineux et d’un sens du départ mal arrimé de moins s’occuper de la quantité pour privilégier la qualité. Qu’importe si nous sommes tous empaquetés un week end d’août, frémissants à l’approche lointaine du ressac iodé, l’important est que quelques uns ne s’emballent pas et ne nous offrent, pour tout loisir, que d’éternelles et vaines discussions sur les pourquoi d’un accident inexplicable.

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