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je vis, je dis, je ris ...ou pas
3 décembre 2011

C'est toujours la faute du papillon

Tout le monde connait la théorie du chaos, selon laquelle un papillon brésilien en train de siffler le nectar d'un bougainvillier peut convaincre un gendarme français de demander ses papiers à un barman au faciés exotique et refusant de lui servir du champagne millésimé au prix du champomy.

Chacun a été un jour la cible vivante d'une longue succession de coincidences a priori sans lien entre elles mais finissant par aboutir inéluctablement à la catastrophe. Ainsi moi-même en ais-je été la victime et je vais ici sobrement vous conter mon "effet papillon".

Tout a commencé par une lassitude grandissante envers les débats vains et ridicules entre les verts et les socialistes et encore plus, une irritation face aux quolibets incessants des journalistes s'acharnant à analyser le processus de la dispute au lieu de s'attacher à expliquer les raisons de cette dissenssion : en Une, ne figuraient pas les alarmes ou les arrangements avec le nucléaire, mais les fissions du noyau de la gauche pendant que pouvait se vanter un Sarkosy ayant su se débarasser des déchets rétro-actifs. Bref, écoeurée, déçue par un Hollande intransigeant certes mais peu médiatique, ne supportant plus les palabres radotantes et les questions peu pertinentes des radios dites d'info, je zappais radiophoniquement et tombais sur une chaîne dédiée à la chanson française.

Bien sûr, je me posais la question de savoir si je virais FN mais j'appréciais de comprendre toutes les paroles et de ne pas tomber sur des morceaux hâchés de bits électroniques, de boums étudiés pour plaire et de bafs qui se perdent.

Il faut comprendre que sur deux précédents aller-retour maison-boulot, j'avais choisi d'étouffer les ondes peu seyantes en composant des chansons dont vous trouverez, honte à moi, la transcription dans deux billets antérieurs à cet aveu pathétique. Chantant, enfin criaillant bêtement dans ma voiture, et me rendant compte de mon incapacité à composer de la vraie musique sur des paroles qui me semblaient très engagées alors que j'évitais d'écraser un hérisson, j'optais donc pour m'assourdir, oui, pour paraître fofolle aux yeux des autres automobilistes ahuris par cette furie ouvrant sporadiquement la bouche sur des caries bercées de mercure, oui, mais à l'aide de chansons testées, approuvées (pas par mes enfants mais ces derniers n'ont malheureusement aucune éducation) et reproductibles par mes cordes vocables coincées sur le tempo maternel.

Un matin, donc, j'écoutais cette radio patriotique quand intervins un animateur (je ne comprends pas l'intérêt de ces personnes qui se permettent d'interrompre un enchainement de chansons plus ou moins bien programmé pour débiter des accroches censées faire rire, comme si je me vantais d'écrire un blog pour se faire plier de rire des internautes déjà submergés de buzzs et de montage-vidéos plus délirants les uns que les autres. Tout le monde sait que maintenant pour faire rire, il faut être soit photogénique et entouré d'un bon scénariste, soit imitateur et entouré de bons applaudissements, soit intouchable et entouré de bons sentiments. Je ne suis rien de tout cela et entouré de scepticisme.). Cet animateur, dont je n'oserai pas attaquer le physique sous prétexte qu'il travaille à la radio, mais sur lequel je peux affirmer qu'il n'a pas été choisi pour son élocution infaillible, comme je peux affirmer que sa comparse faire-valoir n'a pas été sélectionnée pour sa claivoyance intellectuelle, débita un texte écrit par ses méconnus des coulisses : les stagiaires à la recherche d'un temps plein. Et énuméra les 5 lieux les plus polluants bactériologiquement (rien que pour prononcer ce mot, une page de pub fut nécessaire afin de remettre en place un neurone inéditement sollicité) : en 5, le distributeur à billets, en 4, je ne sais plus, en 3, je ne m'en souviens pas plus, en 2, cela aurait pû être la cabine téléphonique si elle n'avait pas été supplantée par le téléphone mobile que tu prêtes seulement à ton oreille et en 1, la gachette de la pompe à essence. Je stockais l'info et repris mon extravagento musical dés que Balavoine soupira après son "là-bas".

Deux jours après, je m'arrêtai penausement à la station essence voisine, hésitant à regarder le panneau lumineux m'annonçant de combien encore j'allais dilapider en or brun le quantum vital d'une planète en danger et le numérus gelé d'un budget en faillite. Je me souvins alors de l'avertissement sanitaire bonimenteur hertzien et par précaution, pris, avant de saisir la hampe pétroleuse, pour la première fois de ma vie de pas tant malade que ça malgré mon plein hebdomadaire, un sopalin protecteur mais très fin. Et ce que le papillon avait prévu arriva. Rendue maladroite par cette surcouche râpeuse, je rippais et fus aspergée d'essence. Après un rapide coup d'oeil alentour pour m'assurer que je n'avais point été filmée à mon insu et n'avais donc point de risque de me retrouver la risée de youtubiens désoeuvrés, je continuais d'abreuver ma voiture puis m'engoufrer à l'intérieur, pressée de me changer. Vu la fragrance dont je m'étais imprégnée, je dus ouvrir en grand ma vitre et remercier le ciel d'être si clément météorologiquement à défaut de l'être vis-à-vis de ma personne. Arrivée chez moi, je jetais mon blouson, mon pull, mon maillot dans la machine à laver, frotter énergiquement au savon mon bras commençant à sérieusement me brûler. Et accueillie mes enfants qui purent me retourner le compliment que je leur sers à chaque fois qu'ils s'approchent trop prés de moi : "Tu pues !".

Voilà, comment une exécration politico-médiatique me conduisit à une secrétion polluo-odorifique. Et mon blouson est devenu immettable.

Alors maintenant, dès que je vois un papillon, je l'écrase contre le mur.

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