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je vis, je dis, je ris ...ou pas
9 décembre 2011

Veuillez nous excuser pour ce retard

Alors que les européens s'angoissent sur leur avenir (vont-ils bientôt obtenir le triple A : Aptitude A se débrouiller Avec rien ?), la première radio de France organise un week end spécial "modification des horaires à la Sncf". Mieux que de la publicité pour une entreprise nationale qui a toujours suscité les débats les plus houleux, il est demandé aux utilisateurs ou autres râleurs de ne pas faire la grève des commentaires.

Mon mari m'explique que les gens ont raison de s'énerver quand ce changement va les obliger à partir une demi-heure plus tôt et revenir une heure plus tard. Et alors, n'avaient-ils de toute façon pas déjà inclus dans leur cycle de trajet les  10 mn de retard obligatoires ? Et n'étaient ils pas les premiers à rouspéter d'avoir à emprunter des rames que même Jean-Luc Delarue dédaigne, préférant les esclandres en avion ? Si la sncf veut améliorer son réseau, surtout qu'après 2012, elle n'est pas sure de continuer à bénéficier d'un soutien public, laissons-là perturber nos vies monotones : train-retard-boulot-dodo-station loupée.

Est-ce que Rtl fait un week end spécial quand Edf augmente ses tarifs, ce qui gène aux entournures plus d'un utilisateur du réseau internetien ? Des blogs risqueraient d'être clos pour non paiement de facture (j'entends certains souffler d'aise...) ! ou quand La poste sort sa superbe découverte : la lettre verte, la lettre qui, parce qu'elle ne prend pas l'avion, coûte 2 centimes de moins (le train ne pollue pas ne l'oublions pas, sauf radiophoniquement) ; ce qui en douce lui permet d'augmenter le temps d'acheminement du timbre éco. Mamie Marcelle risque de recevoir nos bons voeux après le 31 janvier.... ou quand Peugeot licencie 600 personnes, façon de remercier l'Etat de l'avoir généreusement subventionné ? C'est sûr qu'elles n'auront plus de problème de trajet, pouvant rester tranquillement chez elles à constater qu'elles ne peuvent plus payer leur facture d'électricité et que leur CV parviennent aux entreprises après la date limite.

Arrêtons de nous acharner sur la Sncf. Qui n'est pas devenu l'attraction d'un dîner grâce au récit épique d'un incident de personne dont il a été témoin sur la ligne Reims-Toulouse ? Qui n'a pas rencontré sa dulcinée grâce à une panne de caténaire leur ayant permis de faire connaissance pendant les trois bonnes heures qu'a duré la résolution de l'incident technique ?  Qui n'a pas pu retrouver les joies d'une bonne marche grâce à la sollicitude de contrôleurs s'inquiétant de la dégradation de leurs conditions de travail ? Qui n'a pas découvert qu'il était incapable de lire si ses voisins parlaient trop forts ? Qui ne s'est pas découvert la capacité de converser avec un inconnu du moment qu'il partageait son accoudoir ? Merci la Sncf pour toutes ces expériences enrichissantes et mémorables.

Mon mari qui a des goûts de luxe et un riche employeur préfère l'avion. Devenu un voyageur international limité aux contrées européennes, il se pavane en permanence avec son sachet transparent, même pour transporter des stylos inoffensifs, sauf lorsqu'ils sont aux mains d'un dirigeant prêt à signer un traité pronant la discipline budgétaire. Et il présente déjà une cicatrice qu'il pourra montrer à ses petits-enfants s'ils sont assez patients pour écouter la trente troisième version du "sauvetage pile poil à temps" (dont les droits n'ont pas encore été acquis, précipitez-vous !).

Je vous la fais courte : mon mari rentrait de Hambourg, où il avait assisté à un salon très réputé (le plus grand réseau de modélisme ferroviaire...il persiste à me faire croire qu'il y allait vraiment pour le travail), en avion donc (c'est vrai que par le train, il se serait absenté plus lontemps que les trois jours qu'il a soutenu que son voyage d'affaires a duré). Lyon se profile, mais un brouillard épais sévit sur la ville. L'avion tourne, tourne, retourne autour de l'aéroport, dans l'attente qu'arrive l'autorisation d'atterrir. Le pilote surveille sa jauge d'essence, le co-pilote surveille l'altimètre, l'hotesse surveille ses fesses. Enfin, le feu vert est donné. Le pilote commence sa descente quand il se rend compte qu'un instrument de mesure ne marche plus et qu'il ne bénéficie ainsi pas d'une assez bonne visibilité. Que pense t'il alors ? Va t'il se poser avec le risque de ne pas figurer parmi les improbables rescapés, imagine t'il que sa femme qui vient de le quitter regretterait ainsi son geste et s'immolerait dans les réacteurs du premier avion passant, regrette t'il de n'avoir jamais couché avec l'hotesse ? S'est peut être cette dernière pensée qui le réveille et héroïquement, il remonte les manettes et se réfugie à Genève, non pas qu'il compte demander asile face aux incitations grandissantes du fisc français, mais parce que la Suisse est tout proche de la France (cours de géographie offert par la maison). Genève-Lyon : 15 mn en avion, 2 heures en car. Mon mari a donc dû m'appeler pour m'informer qu'il serait légèrement en retard d'un jour, Air France lui proposant gentiment de dormir dans un hôtel pour qu'il puisse prendre sereinement sa correspondance le lendemain matin . (version courte à côté de celle détaillée par mon mari qui nous a tenu chaud une bonnequinzaine de jours !)

Alors quand j'entends que des gens s'insurgent pour 1 heure de contretemps, je me dis que vraiment ils ont vécu peu de chose !

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