Histoire de la chaussette maudite

La malédiction des chaussettes continue. Je vous avais déjà narré, dans ce blog hanté par un cerveau des compositions, le tragique destin accablant, génération après génération, les tricots circulaires chargés d'orner ou de camoufler les extrémités terre-à-terre d'une famille maudite.

Résumés des épisodes précédents (afin de vous éviter la lourde fatalité de compulser tout cet espace à la recherche des termes perdus):

- en 1384, le cousin Filasse est surpris un trou dans ses chausses alors qu'il détrousse la fille du châtelain

- en 1516, l'oncle Godefray invente les chaussettes qui bayent en hommage au chevalier Bayard. Elles existaient en différents coloris : rouge sang, gris armure, blanc papal, jaune couronne et vert vénitien (ayant une léger tendance à baver). Malheureusement, il fit rapidement faillite, les hommes ayant une facheuse tendance à préférer les relations tendues.

- en 1792, la grand mère Bretine arriva trop tard, mi-bas en main, et ne put que se désoler du fait que son mari était monté pieds nus dans la charrette devant l'amener à la guillotine.

- en 1878, le père Jacquelon se fit chuter un oeuf à mi-mollet. Sa femme avait perdu ses tire-chaussettes, il lui tira la gueule.

- en 1902, la nièce Léocratine flirte avec un certain Gérard qui lui fait voir la vie en couleurs avant de se défiler, s'enfuyant sans maille à partir, avec son prototype de chaussettes prêtes à tirer, qu'elle voulait déposer sous la marque "Fildor".

- en 1918, l'aïeul Pierlot dut reconnaître sa défaite quand Gallinée lui annonça qu'elle était enceinte ; la chaussette n'est pas un bon préservatif.

- en 1965, le grand cousin Hermenon décide de mener la politique de la chaussette vide pour infléchir la courbe de ses pieds plats. Ce fut le début d'un long tunnel de néant social.

- en 1984, la femme Guillette dénonce l'invention de l'élastique qui inscruste la chaussette dans la chair et signe avec 3 copines le manifeste contre l'abolition de la circulation sanguine.

- en 2007, la femme Guillette vote contre le système lessivage-essorage vouant à rompre l'unité de la paire de chaussettes. Elle menace que, si continuent les fraudes à la chaussette à chaque cycle de lavage, elle s'abstiendra.

- en 2010, la fille Ottilia arbore des chaussettes à faire pâlir une africaine expulsée pour cause d'ostentation dans le port du boubou. Aujourd'hui, elle parodie superman : elle met des tee shirts sur ses pulls.

- en 2012, le fils Maximus perd 5 mn chaque matin à tirer sur ses chaussettes pour qu'elles coïncident avec son impression de bien être pédestre. Il hurle, exige, boite tant qu'il ne parvient pas à l'harmonie parfaite, rendant prête la femme Guillette à le libérer de ses artifices extrêmes. Vingt fois sur le pied il faut remettre l'ouvrage et la politesse cesse, en ajoutant beaucoup et souhaitant effacer souvent. Heureusement, la neige est arrivée et Maximus a décrêté que toujours il voulait mettre ses bottes de neige, car grandes elles sont et ne frottent pas sa fibre sensible.

Conclusion : si la chaussette est la racine du mâle, le bas est le sommet de la croupe.