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je vis, je dis, je ris ...ou pas
19 mai 2012

Se faire des films à Cannes

Qu'est le festival de Cannes, si ce n'est l'exhibition de belles dents blanches sous des coiffures enturbannées de laque, l'exposition de grandes déclarations d'amitié sous des accolades bien lâches, l'exploration des limites supportables sur des épaules dénudées, l'obsession de la posture fatale sur des escarpins loués pour l'événement, la célébration d'un art où l'important est de brandir le majeur : une sensation crééé par des médias sous-alimentés, beaucoup de stars loréalisées, quelques applaudissements sincères et la mer... pour oublier la note salée.

La ville de Cannes a eu l'honneur de m'accueillir un mois d'août de cagnard : il faisait chaud à se fondre sur la chaise longue. Pas de flash trépidant, pas d'étoile dans les yeux, pas de trémolos dans la voix, juste une sueur collante, du sel dans les cheveux et du sable entre les orteils. Malgré mon anonymat, une foule compacte et chaleureuse s'agglutinait autour de moi et m'empêchait d'étendre tranquillement mes jambes effilées de près. Pour éprouver une certaine tranquillité, je n'eus pas besoin de décliner mon nom, le soleil le fit pour moi et la compagnie déserta, me laissant libre de rêver mon cinéma. J'étais là sereine et détendue, profitant des ombres projetées par les mouettes crieuses, offrant mon corps voluptueux au souffle envoutant des vendeurs de beignets, somnolant sous les doigts alguestes d'une mer écumeuse, lorsque j'entendis le doux murmure d'un homme surgi de l'horizon : "putain ". Le pauvre, ébloui par mon apparition, venait de se coincer la tong dans son caleçon de bain. Je lui souris charmeusement, il m'ignora superbement.

Jugeant cette première approche de la masculinité cannoise prometteuse, je décidai d'arpenter la croisette, d'un air nonchalant, attendant, à chaque yacht amarré, qu'un bellâtre rougissant me convie à visiter son intérieur. Peut être était-ce du fait que mes chaussures toutes neuves m'obligeaient à des pauses peu seyantes pour soulager ma vertue, aucun milliardaire , millionnaire, type tant soit peu friqué ne m'aborda et je pus préserver l'intimité d'une chambre discrète, légérement parfumée à la lavande canard wc.

 Après avoir pleuré de chaudes larmes devant un feuilleton durant lequel je priais pour que l'héroïne, après avoir perdu son père, sa mère, ses frêres et ses soeurs, ne découvre pas que son oncle était son grand père et l'assassin du fils du pape Jean XX rouge, je m'assoupis, bercée par le canto itératif d'une cigale condamnée à danser pour subsister. Je fus réveillée par un claquement de porte et la scène mémorable d'un couple jouant à se séparer, alors qu'ils serraient précieusement leur billet retour. Après leur avoir délicatement demandé qu'ils ferment leur gueule et après qu'ils m'eurent aimablement répondu d'aller me faire foutre, je profitais d'un copieux petit déjeuner, où je perdis mon sourire en croquant dans un croissant aussi sec que mon cerveau le jour où il dut fournir une explication au fait que j'avais fourni les mêmes réponses que ma voisine Claudine à l'interro surprise du mardi.

Je décidais de tenter un dernier, et pas trop difficile, Apollon en flanant dans le quartier du Suquet où j'admirais les pierres et les vieilleries, mais importunée par un vieux porc concuspicent et sentant la pisse, j'abandonnais l'idée d'être chavirée et me réfugiais dans le musée de la Castre...

Bref, un séjour exotique suite auquel j'ai arrêté de me faire des films.

Festival de Cane par josies-world.com

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