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je vis, je dis, je ris ...ou pas
31 octobre 2012

Le ras le bol ou la mort

Alors que certains animaux se mettent à hiberner, moi je me transmute en hulk de la râlerie. Je ne saurai accuser les quelques flocons tombés ce dernier week end (et pourtant le ciel est témoin des imprécations que je lui assène en retour dès qu'il ose s'épancher en blanc, m'imaginant déjà skier dans ma voiture claustroporteuse à la recherche d'un fossé suffisamment rembourré pour amortir ma slush ass), puisque mon énervement a commencé à se manifester bruyamment bien avant.

Lors d'une réunion offficielle, dont les propos se doivent d'être reportés scrupuleusement dans un procès-verbal mis à disposition d'une population intéressée (si peu), mes paroles ont dépassé l'entendement chaste et j'ai hurlé (à la Vanessa Paradis cependant pour atténuer l'écho qu'eut pû avoir ce défouloir oral) mon ras-le-bol de ce que mes explications réitérées pour la troisième fois (ce qu'un public n'obtiendra jamais de la part de Vanessa Paradis, du moins dans le cadre d'une prestation gratuite) ne parvenaient pas à franchir la barrière de stupidité protégeant les neurones atrophiés de péronnelles aimant tellement se faire passer pour des blondes qu'elles en finissent pas incarner le personnage.

La stupeur et les insultes (modérées, puisque "elle va se calmer la gamine" adressée à une femme qui vient d'achever sa quarantième année peut être considérée comme un compliment envers sa vivacité) ont suivi ma spectaculaire saillie et j'ai dû exprimer mes plus plates excuses (à la Mylène Farmer pour n'être audible que des fans du genre) pour m'être affranchie de ma retenue. La réunion s'est poursuivie et bercée par mon adrénaline flottante, j'ai fini par m'assoupir au moment où ils abordaient le point crucial de l'avenir du poteau téléphonique, situé au coin gauche du parking de l'école (menacée de fermeture à brève échéance, mais après les prochaines élections municipales, donc peut être plus de leur ressort).

Ensuite ce fut le fanat de l'écologie qui, à lui tout seul, mange plus de conserves qu'un banc de sardines. Chaque jour, il vient à la mairie pour effectuer plus de photocopies que pourrait en fournir la forêt amazonienne. Mais, il mène un combat noble et brandit la cause des animaux.

Le Maire vient en effet de prendre un arrêté ordonnant une battue administrative des pigeons qui souillent un clocher venant juste d'être restauré, moyennant la somme, gentiment prélevée sur des contribuables qui ne croient plus en grand chose, de 176 000 euros, et détériorent les hauts d'habitation au risque de les écrêter de quelques pierres pouvant négligemment tomber sur les piétons, rarissimes il est vrai vu l'âge moyen de la population et la non-praticité des déambulateurs sur des trottoirs envahis par les fuentes de ces dits volatiles.

Et notre écolobobo, toujours à la pointe de la revendication ,sauf en réunion publique qu'il a réclamé à grands cris pour ne même pas y lâcher un "ouais" sceptique lorsqu'elle eut enfin lieu, s'inquiète des conséquences de cette battue qu'il craint organisée par des chasseurs sachant tirer dans leur chien. Il pense aux pauvres choucas qui pourraient être confondus dans l'affaire avec d'affreux jojos ne sachant se retenir de roucouler leur grouillante fertilité. Il ne craint pas que les cibles puissent être d'innocent bipèdes désireux de se recueillir dans la pénombre d'un sanctuaire symboliquement délabré. Il pense aux plumes rougies, s'épandant au gré des vents contraires et finissant leur envol sous les bottes crottés d'hommes où le barbare se le dispute au tartare.

Il souhaite que la diplomatie soit privilégiée et que plutôt que des tirs grossiers soient posés des pièges bienfaisant ;, ce qui permettrait de relâcher ces volatiles non ingrats qui, en échange de leur liberté, promettraient de ne plus remettre les pattes sur ce terrain chèrement défendu. Cet homme, si doux et généreux, a vu sa chevelure blanchie se soulever sous mes exhortations à la violence, non pas que je sois une militante pro-chasse, mais que celui qui n'a jamais couru après un pigeon me jette la première balle (et que celui, qui voudrait que le maire étende son arrêté à ceux qui n'hésitent pas à se traiter de pigeons pour garder leur privilège m'écrive, sans que je puisse garantir trouver des chasseurs suffisamment rusés pour esquiver leurs arguments matraques).

Après ce fut l'architecte en chef des bâtiments historiques, payé 20 fois (approximativement, il a refusé de me fournir sa feuille d'imposition) mon salaire annuel, qui s'appuie totalement sur un économiste payé 10 fois (lui aussi a refusé, je ne comprends pas ce tabou vis-à-vis de l'argent alors qu'il ne refusent jamais d'envoyer leur faramineuse facture) mon salaire annuel, qui se fait corriger par moi-même, payée une fois mon salaire annuel. Ma seule satisfaction fut de recevoir un email de la secrétaire de l'économiste s'excusant des erreurs commises, reconnaissant ainsi la justesse de mon raisonnement...ne m'exonérant pas de faire moi-même mes photocopies.

Et c'est toutes ces réunions du lundi où le personnel est convié à décrire les tâches qu'il va exécuter (sans sommation) dans la semaine à venir, sans qu'aucune directive ne soit donnée aux employés si ce n'est de bien faire ce qu'ils croient bon de faire (et nous sommes dans un Etat laïc). C'est ces quarts d'heures perdus à discuter de la couleur adéquate pour peindre un portail qui mériterait d'être refait, à se plaindre du matériel qui tombe sans cesse en panne parce qu'il a dépassé son espérance de vie, à décider de ne pas statuer sur tout ce qui pourrait contrarier, à décider de faire ce que la commune n'a pas les moyens de payer, à gribouiller dans la marge en attendant qu'on me libère, à plaisanter en attendant qu'on me remette à ma place, à souffler sur l'incompétence des élus et à me convaincre qu'il faut mieux râler que pousser des râles d'agonie, même si dans les deux cas, c'est la fin d'une certitude.

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