Gay, Gay le mariage

Je me dis souvent (à moi-même, parce qu'en fait, il y a que moi qui m'écoute) qu'il ne faut pas prendre ce monde trop au sérieux. Je ne peux m'empêcher de bouillir, de m'insurger, de déraper, puis je mets de la musique et je pense que le morceau est horrible, la voix trafiquée du chanteur fait penser à une bouilloire sous pression, mais qu'il va se terminer et que peut être ensuite passera une chanson que j'aimerai ...et que mon voisin détestera. On ne peut pas gouverner en faisant plaisir à tout le monde. Il faut des déçus qui seront peut être les satisfaits de demain.

Prenons le mariage gay : nous sommes torpillés de messages nous admonestons à réagir face à une attaque en règle contre la sacro-sainte famille et le droit des enfants.

Qu'un maire s'indigne alors que c'est lui qui devra supporter la vue de deux hommes ou deux femmes s'embrasser alors que lui a du mal à s'approcher de son épouse, soit, mais que les évéques, pasteurs, imams, rabins crient à l'hérésie alors que Dieu, Allah, Yahvé n'est même pas convoqué aux noces, me semble de l'intrusion dans ce qui rélève de l'engagement personnel et du soucis d'une succession réussie.

Qu'on puisse affirmer que ces épousailles consisteraient à ouvrir la porte à l'autorisation de la polygamie ou de l'inceste est comme  revenir en arrière et réclamer que la sodomie redevienne illégale et condamnable.

Qu'on se désole du devenir des enfants qui seraient sevrés dans le cadre de ces unions, nie le bien être (ou mal être à égalité avec tous les autres enfants) des centaines de milliers d'enfants qui vivent déjà au sein d'un couple non mixte et les empêche de se considérer comme mieux loties que ceux qui sont menacés de délinquance car vivant dans un foyer mono-parental.

Il y a anguille sous roche : les pédopsychiatres s'alarment, alors qu'ils pourraient se frotter les mains en projetant de nouveaux patients pressés de dessiner leur solitude face à l'uniformité sexuelle de leur famille. Ont-ils peur au contraire de perdre une clientèle : celle des gamins mal dans leur peau parce qu'il refoule leur homosexualité mal acceptée par une société qui pense que les hétéro-sexuels sont porteurs du virus du bonheur.

Les enfants du divorce généralisé vous remercient de penser que parce qu'ils ont une mère et un père qui se sont aimés suffisamment pour les engendrer selon les voies pénétrables de la nature, ils ne craignent pas les marques d'affection déplacée, les erreurs de jugement et les gardes alternées.

Tant qu'il n'est pas délivré un diplôme parental autorisant une ou deux personnes à donner la vie, je ne vois pas qui peut s'adjuger le droit de classer les parents en bons et mauvais, surtout si les critères posés sont la santé mental des enfants à naître ou à adopter.

Mon mari et moi avons trois enfants, un fortement introverti, une trop extravertie et un troisième extra-mal assorti à ma patience. Peut-on a posteriori juger que nous sommes une famille exemplaire, digne d'être opposée à un couple de lesbiennes, ayant eu la responsabilité de deux enfants : une qui a obtenu son baccalauréat avec mention B et l'autre qui veut que son jean tombe de manière à montrer son slip, comme son copain Baptiste.

Le mariage n'est pas sacré, puisqu'il peut se rompre et se révéler une faute dans une vie bien remplie.

Dans ces temps de crise, donnons-nous la chance d'organiser des fêtes supplémentaires : pourquoi ma filleule, en couple avec son amie depuis plusieurs années, n'aurait-elle pas le droit de partager son amour devant tout un banquet de gens qui l'apprécient ; que les traiteurs trinquent, que les fleuristes sépanouissent, que les notaires s'engraissent, que les avocats escroquent,  que les églises se désemplissent puisqu'elles refusent d'admettre que l'amour, comme les anges, n'a pas de sexe.

Je me suis bien mariée, je ne vois pas pourquoi tout le monde n'aurait pas le droit d'y passer.

  euh, je préfère pas !