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je vis, je dis, je ris ...ou pas
7 décembre 2012

En fin, l'invasion des 1

Parlons d'un sujet qui passionne les foules, non pas du style "gnangnan" dont je me fais un honneur de n'avoir point visionné la vidéo, même si je n'ai pu éviter, du fait de gosses sans culture musicale (ils n'aiment même pas la Mélodie du Bonheur, ces ignares !), l'audition originale et les multiples copies - attirées par un succès facile, l'éphémère n'ayant plus de signification dans un monde où une vision historique est celle qui capte l'attention de plus de 146 000 tweeters - de cette chanson technogrotesque qui a pour seul avantage de nous permettre d'expliquer à nos enfants que l'amie Corée est l'amie des petits jaunes.

Mais des notes en fin de livres qui se veulent enrichis et enrichissants (avec souvent une préface d'un type sensé être connu pour son intelligence circonvolutive et qui vous plombe tellement le sujet en essayant de l'analyser dans son contexte idiosyncratique, que vous refermer le livre pour vous détoxiquer la syntaxe en plongeant dans le Figaro, où les idiots sont légion mais non armés de mots nécessitant l'emploi d'un dictionnaire (plutôt celui fictif d'un correcteur sachant ne pas relever les compteurs)).

En cette période joyeuse où magasins, magasines et ma gamine rivalisent d'arguments pour vous faire acheter ce qui finira poussière, fleurissent ce que l'on appelle sobrement des "beaux livres" (beaux surtout parce qu'ils ne souffrent pas d'être ouverts).

Ces livres réputés pour leurs images sybillines et leurs textes si vilains n'ont besoin d'aucunes explications ; leur prix suffit à justifier qu'ils soient .(vous n'avez pas d'idée cadeau, mais du fric à dépenser pour épater votre copine alter-mondialiste :  acheter lui le livre collector, édité en 60 exemplaires, relié or et enluminé de pierres en cristal swarovski, sur "Les boubous se font la malle". A votre oncle boursicoteur, offrez le superbe livre en cuir véritable de chèvre, incrusté de petits miroirs révélateurs, intitulé "Les montées de lait ". A votre frêre, qui n'a jamais ouvert de livre et ne veut surtout pas déroger à cette règle, pourquoi pas un pavé de 250 pages non découpées, parée d'une superbe couverture souple et lavable, offrant une superbe vue plongeante sur un splendide coucher de soleil (ou lever, même le photographe n'en est pas sûr vu que le seul négatif qu'il a conservé de ce reportage c'est son compte en banque), pendant qu'un palmier (ou un baobab, mais peu importe votre frêre n'est pas arbrorigène) souligne de ses palmes (ou de ses baobes) un titre lumineux "Les océans du vide". A votre mère, un livre friable de recettes infaisables pour bien lui faire comprendre que maintenant que vous avez une petite amie, vous n'avez plus envie de manger chez elle le dimanche midi.)

A côté, d'autres livres, dits classiques, dépérissant sur les rayons dédaignées de libraires dépassés par l'appât de l'image, se targuent encore, non seulement de répandre les bons écrits de romanciers, morts pour la Finance, mais d'y ajouter de délicats addendas pour éclairer le lecteur d'un autre temps et d'un autre niveau de culture que l'érudit éditeur.

Ainsi, poussé par je ne sais quel sursaut de volonté de ne pas mourir sans s'harnacher à un ouvrage dont les littérateurs vantent la qualité épique en puisant dans wikipédia pour en saillir un résumé brillant, ou par la menace d'un professeur émérite, vous vous saisissez d'un volumineux Librio Classique et commencez conscencieusement sa lecture.

A peine trois mots se sont - ils cahotés dans votre esprit, que votre regard est attiré par un petit 1 qui vous renvoie à l'arrière du livre et vous délivre un message d'importance. Ainsi l'héroïne cite t'elle un vers, le petit 1 s'insinue. Vous quittez votre demoiselle alors qu'elle semble sur le point de refuser la main d'un comte bellâtre, pour vous précipiter vers la fin où le petit 1 p 37 vous annonce que ce vers est issu d'une mauvaise traduction du vers latin "Desesperamus votus novellus copeniet" de François Villon, poète célèbre pour ses séjours en prison pour addiction. Vous reprenez le cours de la péripétie quand, page suivante, un 1 vous rappelle à l'arrière : voir Trente deuxième Apocalyse annoncée. Et ainsi de suite, d'avant en arrière, vous avancez péniblement dans l'histoire, vous jurant après le 1 p 158, vous renvoyant au 1 p 47 et au 1 p 73, de vous interdire de subir plus longtemps cette invasion des 1. Mais au 1 suivant, transpirant devant l'indécision, songeant peut être que celui-ci vous révélera la face cachée du Monde, vous cédez et lisez 1 p 161 : la valéria est une plante qui pousse sous les croûtes des fromages les rendant moins insipides. Au 1 p 165, vous vous énervez sur : le pasteur George Twelvethree fut réputé pour son opposition à la contraception, jugeant la pilule trop dure à avaler. Au 1 p 167, vous trébuchez sur : doctrine défendue par Blue thestylo qui exigeait que les français retournent chez eux pour laisser les grenouilles anglaises tranquilles. Au 1 p. 168, vous apprenez que la scierie ne peut être défendue car le bois russe ne rompt pas . Au 1 p. 170, vous vous endormez sur : Noël vient d'une tradition païenne introduite par les pionniers pour écouler une boisson au cola, réputée pour éviter la courante.

Conclusion : pourquoi choisir entre classieux et classique, un bon livre de nos jours est classé X.

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