Faut-il être religieux pour progresser sur un terrain de foot ?

Introduction légère : il paraitrait que des prêtres seraient inscrits sur Meetic....

Moralité sans morale : au moins avec eux, pas de risque de commettre le pêché d'adultère...

Développement non circonstancié : La question n'est pas de clamer son hésitation face à la fragilité de l'existence pourrissante lorsqu'on croît à l'immortalité de l'âme, l'interrogation est de savoir si le religieux doit être moderne.

La première réponse à apporter à l'injonction de modernité que réclame une société qui a surtout conservé des messes d'antan la nostalgie des indulgences, est que le progrès informatique n'est pas toujours signe de progrès moral.

Un prêtre a ainsi, grâce à internet, accès à un éventail élargi de tentations, alors qu'auparavant, il devait se contenter de quelques péronnelles à qui l'interdit relevait la robe, ou de quelques enfants de choeur qui pouvaient choisir de révéler leur terrible tourment au juge ou à Nikos Aliagas, la second option étant plus rémunératrice à défaut d'être réparatrice. A côté, le musulman moyen, au gré d'un amateurisme vidéo mondialisé et d'un professionnalisme politique bouc émissairant, se propage en terroriste plus vite qu'il n'a eu le temps de convertir son ordinateur à la version Linux.

Il peut être plus agréable de se confesser par l'intermédiaire d'une webcam que de s'agenouiller sur les travées menaçant ruine d'une église conviant à la congélation des corps, comme il peut être plus réjouissant de jouer les agitateurs sur le forum du site www.ramdamdedieu, que de prier dans la rue à la merci de ceux qui vous accusent d'envahir leur pays, alors qu'ils envient ceux qui s'y échappent fiscalement.

La deuxième réponse à souligner est que le progrès sociétal n'est pas synonyme de progression sociale.

Si tout le monde peut coucher, se marier, avorter, divorcer, se recomposer, tout le monde ne peut pas se coucher dans un bon lit, marier la flexibilité et la sécurité, avorter à gagner un million supplémentaire, divorcer de son chien sans pleurer, se recomposer après un accident.

Le monde serait-il meilleur si le nouveau pape, élu dans la transparence d'une fumée blanche, exhorter ses fidèles à ne plus l'être, enjoigner ses brebis d'envoyer paître les commandements du berger, persuader ses ouailles de n'écouter que ce qui pend plutôt que ce qui suspend ? Le message véhiculé par le Christ était-il : "je viens amener le paradis sur terre" ou "il est chouette ton portable et tu es joignable partout ?". Mohammed a t'il promis la tranquillité des coeurs ou un tranquilisant dans chaque foyer ? La Torah commande "tu ne jetteras pas l'opprobre sur ton prochain", ou "tu enverras tes enfants en colonie" ?

Le religieux peut-il s'adapter ? Le pape peut-il autoriser le port du préservatif alors qu'il a pour consigne de faire croître son troupeau ? l'imam peut-il interdire le port du voile alors que le Coran lui fait craindre la lubricité des hommes ? le rabbin peut-il autoriser le porc alors qu'il pourrait être du cheval ? Le président peut-il interdire la Bourse alors qu'il porte un intérêt aux voix de chacun ? Est-ce à la mère d'obéir à l'enfant ? Est-ce à dieu de se faire élire ? Est-ce à moi de défendre l'intangible ?

La troisième réponse à soumettre est que le progrès culturel n'existe pas.

Chaque siècle, chaque civilisation a les stars qu'il mérite, qu'il encense et qu'il exauce. La religion ne parait pas moderne siècle en France, elle est révolutionnaire au Venezuela.

Si plus de gens se recueillent devant Beckham que pour le salut de leur âme, est-ce que parce que le Pape ne tweete pas assez ou parce qu'il ne peut rien contre la pauvreté ?

Si les gens ne croient plus aux Champs Elysées, est-ce que parce que Virgin a fermé ou parce que les héros sont tous au ciné ?

Si les gens se radicalisent, est-ce pour combattre la modernité ou pour crier plus fort que l'autre qui veut imposer sa fraternité ?

Si je me veux athée toute ma vie, est ce par modernisme ou parce que l'heure de ma mort me semble loin ?

Conclusion informative : Si le religieux ne peut être moderne, sauf à être démodable, il peut permettre de s'interroger sur le bien fondé du progrès et sur le fond moulant d'un footballeur suscitant énormément d'espérance.