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je vis, je dis, je ris ...ou pas
9 juin 2013

L'arme en peine

Aujourd’hui, au menu, consternation carabinée.

Dans le Marie-Claire de juin, un article sur les enfants à flingue est soumis à la réflexion des françaises raisonnables, posées et maternelles. Il est ainsi possible de lire les arguments apportés par les mères américaines pour justifier qu’elles offrent, avant leur première nintendo, une arme accompagnée pour certaines d’entre elles de quelques leçons de bonne tenue.

Pour une, cela s’explique par l’histoire américaine (les pionniers, les méchants indiens, l’appropriation des terres, la constitution, blablabla…en n’oubliant pas l’origine quelque peu controversée de ces immigrants qui n’étaient pas tous des protestants persécutés ou des irlandais poussés par la famine) : les armes font donc partie de l’identité du pays. Pourquoi pas, en France, on est fier de poser avec une baguette (cuite si possible, parce que sinon, elle penche un peu comme la tour de Pise) ; aux Etats-Unis, on arbore le fusil et la mine patibulaire qui va avec. Elle a donc appris à tirer à 6 ans (je pense pourtant qu’un bon coup de barbie dans les parties d’un inopportun peut contribuer à l’amadouer, bien que, m’appuyant sur les réactions de mon fils, je me demande s’i l est nécessaire de faire preuve de violence et si la seule vision d’une poupée hypertrophiée mamellairement ne suffit pas à dégouter toute approche masculine) et a donc perpétué l’héritage en les ritualisant au maniement des armes. Et là, elle déclare : « nous n’avons pas le choix, car les armes pullulent » !!!!!! Donc, son argument pour justifier de disposer de tout un attirail chez elle (un revolver sur le réfrigérateur (au cas où son mari veuille prendre le dernier Mystère), un sous la table basse (au cas où le petit persiste à vouloir ingurgiter les cacahouètes grillées), deux sous son lit (bien qu’elle ne cesse de répéter à son mari que son coup part trop vite) et un dans la voiture (utile quand à chaque feu, un basané s’approche pour laver le pare-brise), c’est parce que les gens ont tout le loisir de disposer d’un attirail chez eux… (Cela pourrait être comme les piscines, j’achète une piscine parce que mes voisins en ont une, je défends ainsi mon amour – propre et en prime, si un gamin se noie, cela sera moins choquant pour les médias qu’un accident de tir). Mais pour elle, les armes ne sont pas dangereuses tant qu’elles sont entre de bonnes mains, ne prenant pas en compte que le fait de détenir une arme peut créer des vocations et des erreurs de manipulations.

Ce qu’a compris une seconde maman qui a mis en place des cours de sensibilisation car « dans notre quartier mal famé, nous avons peur des gangs et des gens honnêtes qui ne savent pas manier leurs armes » !!!! Elle ajoute qu’elle n’aime pas particulièrement les armes mais, nous revoilà dans le registre de la fatalité, elles font partie de sa vie depuis toujours. Donc son fils sait tirer comme elle, pour se défendre….des gangs et des gens honnêtes malhabiles (comment distinguer un gangman et un homme honnête, quand les deux sont noirs, portent une capuche sur la tête et frôlent les murs : faites comme un américain précédemment : tirer et si l’indignation répond, c’est que vous avez tiré sur le mauvais.) Son mari précise, pour décrire l’atmosphère qu’il  entretient en s’imposant comme l’homme qui SAIT viser juste : « quand sur la route, il y a un accrochage entre deux voitures, personne ne s’arrête de peur que les choses ne dérapent »…Donc, en Amérique, tu peux faire la justice toi-même, parce que la police n’est jamais là où tu es (mais par contre, quand t’as trop bu, là elle te loupe pas), selon les critères de ta propre loi, basée sur l’auto-défense : ma vie vaut mieux que la tienne qui en plus m’emmerde.  Armez-vous les uns les autres, et tirez-le premier, Dieu reconnaitra les siens. « Si les profs étaient armés, ce serait moins facile de dézinguer tout le monde » : les professeurs français seraient flattés de cette marque de confiance, envers leurs compétences combattives, leurs visions infaillibles et leurs projections vers l’avenir. C’est vrai que cela doit être rassurant de placer son enfant dans une maternelle où la directrice te vante les qualités réactives des enseignants en cas d’intrusion malintentionnée : « Ah, j’ai opté pour St Joseph parce que leurs semi-automatiques sont révisés toutes les semaines. J’ai hésité avec l’école Maurice Papon, mais là les profs ne doivent plus aller dans le réfectoire armés, sous prétexte qu’un gamin a profité qu’un maître avait les mains occupées par son plateau, pour lui subtiliser son revolver et faire peur à ses camarades… »

Car, voici, un troisième argument apporté par une mère en détresse. Elle a inscrit son fils à une école de tirs, car « il est souvent invité à des fêtes dans des maisons où trainent des armes et elle souhaite qu’il ne soit ni intimidé, ni paralysé si un autre enfant venait à le menacer pour rire ». Elle pourrait choisir de ne plus accepter d’invitation, mais cela serait le couper d’une expérience inoubliable…

Le magasine donne quand même la parole à la partie adverse la Brady Compaign to Prevent Gun Violence (qui assimile donc le fusil à la violence et ce n’est pas le faisan ni le lièvre qui la contrediront) : « aux Etats-Unis, 9 enfants meurent chaque jour par accident d’armes à feu. » Ma mère protectrice répondrait : raison de plus pour les sensibiliser et leur apprendre à mieux tirer pour leur faire comprendre que ce n’est pas un jouet, mais un moyen de s’assurer  contre un monde où le danger se loge partout. » Bref, le gosse finit par se suicider ou par tirer sur la grand-mère qui lui offre un bonbon.

En France, il semblerait que l’on sache encore qu’une arme est mortelle et qu’un jugement apporte plus de paix qu’une balle dans la poitrine. Après, la justice peut être pourrie, l’insécurité partout et les enfants à la merci d’un fou furieux, je suis contente de savoir que si je fais trop de bruit la nuit, mon voisin ne surgira pas en pointant deux gueules noires (la sienne et celle de son fusil, ne sachant celle qui me ferait le plus peur) sur mon insolence. Bien que déjà il soit doté d’un arsenal suffisamment puissant pour me tirer de ma tranquillité : son coq est remonté sur les cinq coups du matin et j’avoue des envies de meurtre franchisent le peu de conscience qu’il me reste. Mais, après le dixième verre, je suis suffisamment chargée pour ne pas répliquer.

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