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je vis, je dis, je ris ...ou pas
22 juin 2013

La conduite accompagnée par la peur

Je vous avais annoncé il y a quelques billets, du temps où les routes étaient libres et dégagées, que mon fils allait commencer la conduite accompagnée et je concluais sur un air à la Hitchock mâtiné d’un effroi à la tronçonneuse, qu’il serait accompagné par moi…sous-entendant qu’au vu de mes exploits passés et de mon habileté à éviter soigneusement toute aire de stationnement ne présentant pas un kilomètre d’emplacements libres, il risquait d’y avoir une baisse de la surpopulation.

Et bien je peux vous rassurer, il se trouve que mon fils n’a pas besoin de moi pour être un danger public, même avec mon mari, il sait parfaitement manier le volant de façon à vérifier si enfreindre le code de la route apporte son lot quotidien de gendarme.

Pour l’instant, nous ne décomptons que deux victimes : la voiture de mon mari, qui a subi un léger relifting lui permettant maintenant de prétendre à la carte grise de l’ancienne combattante de la guerre contre les réalités du terrain et ma voiture qui, après une rencontre inopinée avec un terre-plein absolument pas bourré (comme quoi accuser l’alcool  d’être la première cause des accidents de la route est faire preuve d’ignorance quand on sait tout ce qui peut traverser le trajectoire d’un véhicule plus assuré que son conducteur), a décidé de faire la grève du pneu et s’est dégonflée, refusant de poursuivre cette aventure qui fait au moins un heureux : notre garagiste.

Je pourrais ajouter à la liste, mes nerfs, qui n’ont jamais aussi bien joué la comédie, gardant un calme olympien tout le long d’un trajet permettant d’apprécier un défilé toujours renouvelé d’obstacles au potentiel mortel jusqu’ici insoupçonn, pour, une fois désencastrés de la voiture, se relâcher dans des hurlements hystériques contre l’idiot qui a oublié de sortir la poubelle ou le crétin qui n’a pas rebouché la bouteille.

Je ne sais pas qui a eu un jour l’idée folle de la conduite accompagnée, mais il ne devait pas avoir d’enfant

Il faut dire aussi que mon fils avec son pouce hypertrophiée, ses réflexes de paresseux sous sédatif  et son envie de rebuller dans son monde virtuel, aborde la conduite avec l’enthousiasme d’un maire socialiste devant les prochaines élections municipales : à quoi bon, puisque je vais me planter…et il tient ses promesses.

Passe encore qu’il cale, qu’il freine trop tard au feu rouge (nous avons le temps de prier que le piéton téméraire se rende compte qu’il ferait mieux de se consacrer à la prêtrise) et beaucoup trop mais beaucoup trop tôt au stop (nous avons le temps de regarder la limace se plaindre à l’escargot que la pluie abondante lui empêche de profiter de son bol de bière annuelle), passe encore que les tournants semblent être plus droits que dans leur habitude, et que les lignes droites semblent habitées de virages très serrés, mais pourquoi la seule flamme de stress que je n'ai jamais pu obtenir de lui s’allume dès qu’il s’assoit sur le siège conducteur.

J’ai essayé de l’avertir sur les impasses où allaient le conduire son indolence au lycée, sur les nids de poule que constituait son hygiène corporelle douteuse quant à ses chances d’obtenir une faveur féminine, pas un instant de doute ou de panique n’a transformé son comportement. Et là, je le mets au volant, et il se transforme en Hulk effrayé par le moindre clignotant. Et donc, ce stress s’arrête automatiquement dès que le compteur ne tourne plus. Pour le faire réagir et l’obliger à se contrôler, je lui dis qu’il paiera les réparations. Pas de problème, il répond, ayant retrouvé son flegme de gosse blasé qui va retrouver le confort suffocant de sa chambre calfeutrée. Il paye et il casse. Maintenant, je cherche un thérapeute pour ma voiture….

 

Si une fois, mon fils s’est vraiment affolé et a craint pour son avenir…

Un matin, il me dit si je veux entendre la grosse bêtise qu’il a commise la veille. Avec lui, je ne m’attends plus à rien, je n’espère même pas qu’il surfe sur les sites pornos. Bien sûr, quand je rentre dans sa chambre, sans frapper, comme toute mère qui se respecte, il ferme précipitamment la fenêtre qu’il était en train de voyeuriser, mais j’ai peur si je lui demande de me montrer la cause de son délit de fuite qu’il me dévoile une face encore pire que celle qui se distrait des pokemon. Il manquerait plus qu’il se passionne pour les schtroumfs ou, pire encore, pour la politique française et je n’aurai plus qu’à me jeter sur le premier pédopsychiatre promulguant qu’une bonne fessés ne peut faire de mal que sur la fesse où elle est appliquée.

Alors, stoïquement, j’attends qu’il m’avoue qu’il s’est remis à sucer son pouce ou qu’il n’a pas pu s’empêcher de dynamiter son copain Cyprien qui n’arrêtait pas de le narguer avec ses chasse-trognoles qui augmentent la puissance de frappe de 20 000 megapoussettes.

Et là, il me raconte qu’il n’a pas dormi de la nuit, parce qu’en téléchargeant (légalement ou non, en tout cas j’ai rien payé, j’ai vérifié sur mon relevé de compte), un pic-nick-c’est-moi-l’andouille, un cheval de Troie s’est invité, lui a permis d’observer des dames en position tellement bizarroïde qu’on aurait dit du Picasso et maintenant il ne peut plus ouvrir son ordinateur sans se trouver face à un message de la LOI l’accusant d’intrusion, de violation ou d’un autre mot en ion qui ne participe pas à son univers linguistique habituel et exige de lui qu’il verse 100 000 euros pour éviter la prison.

Je le regarde, complètement réduit par la frousse à son cerveau dont il découvre les rouages, je laisse échapper un rire qui convaincrait n’importe quel comique de se convertir en gérant de pompes funèbres, avant de me rappeler justement avoir lu un article rapportant qu’un ado s’était suicidé après une menace similaire. Je reprends donc mon visage de mère posée et le rassure : c’est une connerie. Les pirates malheureusement détournent leur splendide talent informatique au profit de la mauvaise cause, la leur et même moi (moi quand même !), j’ai failli me faire avoir, quand j’ai reçu un email soit-disant émanant de la caf et me promettant que je n’avais pas reçu et qu’ils me devaient une somme pas mirobolante mais suffisante pour attirer ma vénalité mon sens de l’économie. La rédaction était tellement obscure et d’un phrasé à faire passer le français d’un téléopérateur maghrébin pour une citation de Lamartine que j’y ai absolument reconnu le dialecte utilisé par notre caisse nationale. Et je me serai laissé berner si quand je cliquais sur le lien il ne m’était pas réclamé mes coordonnées bancaires… Et là,  mon pare-feu auvergnat s'est actionné et à stopper net la transaction.  

Vu mon niveau en informatique (que ce blog sommaire traduit bien), nous sommes allés chez un déprogrammateur. Cette mésaventure ne m’a pas coûté 100 000 euros, mais 113 € et une semaine sans ordi, accaparé par un fils qui commençait à manifester des signes de manque s’il ne sniffait pas immédiatement son mycraft quotidien.

 

Et donc qu’on ne me traite plus de mauvaise mère (revendication qui semble être à la mode maintenant qu’écrire sur les malheurs de la maternité rapportent de nombreux lecteurs et progénérent des millions ), alors que je prête ce que j’ai de plus cher à mon fils : ma confiance.  

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