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je vis, je dis, je ris ...ou pas
21 juillet 2013

Mon assouplissant est lessivé

Depuis un mois, je lave mon linge avec de l'assouplissant, non pas pour le rendre moins rèche ou plus doux, mais parce que je croyais que c'était de la lessive. Je ne m'en suis rendue compte qu'hier, en cédant aux sirènes des publicitaires qui étalent toute leur poésie sur un bidon d'un litre d'essence pure d'harmonie florale. Etais-je en manque de lecture (je venais pourtant de finir "les mystères d'Udolphe" où j'avais frissonner devant les mystères mais frémis devant l'histoire d'amour), ma machine à laver était-elle parvenue à atteindre mes synapses sensibles à l'essorage et à exprimer son intempérance, soupesais-je la fin d'un cycle et l'envie d'un renouveau ?

En fait, mes yeux se posérent sur la dialectique enrubannée d'emphase et d'extase, à la recherche du dosage conseillé pour le lavage de draps, et se choquèrent sur le mot "assouplissant". Je relus les arguments, cherchant où les tombeurs de l'hyperbole avaient glissé les mots "rend votre linge plus propre", mais je ne butais que sur "inspiration", "exaltation", "évocation", "précaution" : ma lessive était belle et bien un assouplissant incapable d'éradiquer 99,99% des bactéries et de lutter contre les tâches les plus coriaces. Et mon linge s'en était pas rendu compte, alors que les décorateurs de l'emballage déconseillés fortement au produit de l'approcher sous peine de se rendre compte qu'il n'assouplissait que les barrières contre l'inflammation. Et mon linge était donc en danger et c'est pas grave, je l'ai enfermé pour une dernière lessive - assouplissant lui promettant de l'eau pour se rincer.

Ce matin, j'ai donc acheté de la lessive après m'être assurée attentivement des promesses parfumeuses et les propriétés enfumeuses. Trop d'infos tue l'info principale : ce que l'on attend d'un produit c'est qu'il réponde à nos besoins, non qu'il répande les frustrations littéraires de représentants déplaciers. Que m'importe si l'assouplissant est super concentré, s'il n'est pas capable de se condenser, comme il m'est indifférent de me souligner les senteurs subtiles du dentifrice Incisif ou le camaieu seyant du shampoing Casquedore ou le croquant moelleux et aérien du fromage Dictateur ou la saveur gouleyante incomparable du pain de mie Elleestoumacroute.

Ecrivez moi juste beurre et je ne tromperai plus en achetant de la crème figée dans une spendeur caramélisée à la modernité réfléchie pour satisfaire les femmes qui veulent tout et le meilleur ;

contentez-vous d'un gros Nutella et arrêtez de me vanter les mérites d'un petit déjeuner équilibré, à base d'huile de palme, d'exploitation cacaotière et d'envolée des étiquettes ;

cessez de me montrer des fruits appétissants à l'arome naturel sans conservateur de goût pour que je cesse de me désoler en découvrant sous l'opercule de mon yaourt quelques déchets de vergétures dédaignés par les merles au palais certain ;

appelez gel douche la sensation de fraicheur revivifiante, extraite d'une gousse de Kumla bana, connue pour ses propriétés de regénérescence antioxydante pulpeuse.

Mon linge vous en supplie : il ne veut pas seulement sentir une libération progressive de notes de frais et une évasion exotique d'avocats épicés, il ne veut même pas être blanc s'il est de couleur, ni rester éclatant s'il est de travail, il veut juste être porté, parfois sans souplesse et sans grâce, mais toujours avec confort.

machine à laver froissée

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