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je vis, je dis, je ris ...ou pas
1 août 2013

J'écris donc on pense pour moi

 

Ce qui m’étonne, c’est que des gens s’étonnent qu’on puisse s’étonner de découvrir l’ampleur de l’espionnage internétien pratiqué par les Etats-Unis.

Pour eux, tout le monde s’en doutait depuis longtemps et ce ne sont pas des preuves formelles qui vont ébranler leur joug face à la fatalité de cette violation de leur intimité. Ils acceptent que des individus indéterminés, soit-disant animés par la meilleure volonté, fouillent dans leur intimité pour découvrir s’ils sont de dangereux terroristes ou juste des fétichistes de la chaussure Sarenza.

Qu’ils puissent le faire sans contrôle, sans justification ne les dérange pas, puisque les gens doivent être conscients qu’ils sont observés. Il est donc plus choquant d’être choqué par ces pratiques, que les pratiques elles-mêmes, puisque l’on n’a rien à craindre si l’on n’a rien à se faire reprocher.

Sauf que, qui définit ce qui est reprochable ou non ? Peut être que pour un américain, le fait de commander une pizza hallal est un signal d’alarme qui vous vaut une surveillance rapprochée.

Peut être que le fait d’envoyer un email à votre cousin Alphonse (ce prénom déjà en soi pouvant paraître suspect) pour lui signaler que vous allez bientôt réceptionné la bombe (qui est la meilleure amie de votre sœur) va vous cataloguer en ennemi n°1.

Et si j’ai une passion secrète pour les sucettes Chupa Chups, au point que j’aime leur créer des tenues hyper fashion au goût réglisse, un agent X a-t-il besoin de mater les photos que je diffuse à quelques initiés ?

Et si, pour préserver mon droit à déblatérer sur mes voisins, je décide de crypter les données échangées avec les commères du quartier, dois-je craindre le débarquement d'un commando qui va me demander où j’étais le 5 juillet 1997 à 21H03 ?

Passe encore que par le biais de ma carte bleue, tout un assortiment de cravates décortique mes achats et mes préférences afin de me larguer un arsenal publicitaire ;

passe encore que lorsque j’affiche publiquement mon statut en vacances, je préviens de gentils cambrioleurs de venir travailler chez moi ;

passe encore que lorsque je téléphone à ma cousine Cunégonde (ce prénom en soi sous-entend des parents à interner) 5 paires d’oreille se tendent pour savoir si elle va conclure bientôt avec Rodrigues (il hésite parce que son nom de famille est Porte) ;

mais ce que je ne tolère pas du tout c’est que ces oreilles soient américaines.

Quant à découvrir que je suis quelqu’un de potentiellement dangereux, autant que ces accusations viennent d’une langue où je pourrais me défendre. Que répondre à « I accuse you of having a mass destruction weapon » (c’est du google traduction, si ça se trouve je suis fichée maintenant comme faisant l’apologie des crimes contre l’humanité), parce que j’ai annoncé dans mon blog qu’à chaque machine à laver, c’est l’hécatombe dans mes chaussettes : un « yes » semble peu propice, un « no » un peu court, un « what else » trop fort de café, un « but it is a french production », complètement incroyable (et pourtant elle tourne !)...

Alors insurgeons nous de ces écoutes, non pas parce qu’on les découvre, mais parce qu’elles ne sont contenues dans aucune loi, sollicitées par aucun juge et soutenues par aucun devoir de protection (à l'insu de mon plein gré) contre je ne sais quelle menace, alors que les vraies victimes sont en Syrie et que personne n’entend leurs cris d’agonie.

Pour soutenir ce mouvement de protestation, je propose une action collective majeure :

le boycott des lecteurs !

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