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je vis, je dis, je ris ...ou pas
25 juillet 2014

Le degré O de la conversation

Ce qui est surprenant lorsque vous disposez d'un nouveau-né, outre le fait que ses mollets soient si minces qu'on pourrait les perdre dans une botte de foin (congélateur de la pauvre paysanne en déni de grossesse ?), qu'il se laisse faire des mamours sans en paraître le moins du monde géné (ni manifester le moindre plaisir), c'est votre niveau de conversation.

Vous êtes en train de changer (pour la 8ème fois de suite parce que le bébé sait pousser, mais pas tout à la fois, pour vous donner le temps de tester la fiabilité de la couche et, vous persuadez que vous devriez mieux investir dans les Compers, plutôt que dans les Carrouf qui transforment votre fille en tableau contemporain de la tête aux pieds), lorsque votre troisième, toujours curieux, s'étonne de la couleur des selles exprimées par sa soeur. Vous lui expliquez que la merde est jaune parce que le nouveau né ne se nourrit que de lait et vous voilà lancez dans un passionnant dialogue sur la corrélation entre la couleur des excréments et l'alimentation ingurgitée.

Ensuite avec votre mari, vous vous mettez à détailler les différents mérites des diverses positions possibles pour obtenir que votre fille s'endorme, avant que vous ne veniez à comprendre ceux qui finissent par secouer leur bébé, le jeter de l'étage ou le vider avec l'eau du bain, parce qu'après 30 mn de pleurs stridents, impératifs, frénétiques, indomptables, donnant presqu'envie d'adopter un inexpressif Poutine, elle fait mine de s'étouffer lorsque vous lui enfoncez un biberon dans la bouche, pour qu'elle cesse cette pantomime dégradante. Pendant ce temps, vous n'avez pas à penser aux différents mérites des diverses contraceptions possibles, vu que la seule position qui me convienne est celle qui me permet de m'endormir avant mon mari, pour que ce soit lui qui prenne en charge (légère, mais dans l'artillerie plutôt que dans l'infanterie) notre petit Taz (qui détruit toute réflexion sur son passage). Le problème est que ses ronflements sont plus crédibles que les miens.

L'avantage est que ce billet et les billets à venir risquent d'être très courts, parce qu'alignés trois mots me semblent une activité hautement intellectuelle, guère compatible avec le fait, pour m'occuper entre chaque sieste fugace et nuitée raccourcie, de m'accrocher aux sons enviables de la télévision : je bois avidemment le dynamisme euphorique des animateurs de jeux dont je ne parviens pas à comprendre les règles, d'autant plus qu'ils ont l'air de se partager les mêmes joueurs, les folles intrigues fournies en sensationnel, délicatesse et gens vivants qui bougent et parlent, offertes gracieusement par M6 (je ne suis pas assez réveillée pour me pencher sur les entrouillaminis des feux de l'amour, pourtant je pense toucher de près au tragique de la geste théâtrale).

Je vous quitte sur un clin d'oeil (l'autre étant trop content de rester fermé) au disciple : "je sers la retraite et cela fait ma joie !"

 

 

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