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je vis, je dis, je ris ...ou pas
3 août 2014

Se prendre une courgette

Comme vous le savez (j'aime les billets qui commencent par cette expression : elle suppose une connivence avec des lecteurs qui suivent avec régularité les aventures croquignolesques de notre héroïne, au point d'avoir créé une fiche wikipédia à son effigie, répertoriant toutes ses habitudes, qualités et propriétés pour s'y replonger lorsque leur propre vie leur semble trop mystérieuse. Exemple de fiche wikipedia :

Ernestine Magloire, mieux connue sous son pseudo de blogueuse : "magloirestla", est née le 4 septembre 1994 à Lappaud Les Eaux. Dès son premier souffle, elle s'est distinguée pour son sens de la formule, puisqu'elle a recraché, dans le sens du vent, les vitamines qu'une sage-femme, en manque de sagesse ce jour là, lui forçait à ingurgiter. Le 5 septembre, elle refusait de téter le sein qu'elle ne saurait voir, manquant de vision périphérique. Le 6 septembre, elle pleura lorsqu'elle entendit à la radio qu'Emilio del Sancho (1992-1994), dont la vidéo avait fait fureur sur le minitel, était mort, suite à un torticolis après une prestation trop arrosée. Le 7 septembre, etc....)

je ne dispose pas de jardin, juste d'un pied à terre et les orteils atteignent déjà le goudron. Cela permet à mon mari de ne passer la tondeuse que sur son crâne chauve, de préférence les dimanches matins, à l'aube, en faisant un maximum de bruits avec sa bouche (il est douillet), pour bien réveiller les voisins qui, eux, répondent avec des pelouses impeccables.

Cela ne m'empêche pas de regarder pousser les légumes : deux adolescents et un pré-ado, rivés à leurs écrans, pour camoufler leur tête de chou-fleur, se marrant devant des navets et bêchant de la soupe sur tous les sillons youtubesques :  ils la bourrent et pah tu rages !.

Ne pas avoir de potager (ni de curly jeune : jeu de mot trop vert pour être apéritif !) est une bonne excuse pour ne cuisiner qu'avec des boîtes de conserve. Vivre à la campagne en est une autre : que les paysans gardent l'amour dans leur pré, ils sont trop télé-transmissibles.

Il n'empêche que certaines personnes ne peuvent s'empêcher de vous offrir le fruit de leur labeur.

Mais pas n'importe quel "fruit".Pas de tomates qui pourraient vous choquer par un jus gouteux à rendre celles du supermarché telles qu'elles sont : frigides, pas de chou-fleur qui pourrait vous choquer par sa pomelure gracile à rendre celle du supermarché telle qu'elle est : botoxée, pas de fraises qui pourraient vous choquer par sa gratuité à rendre celles du supermarché telles qu'elles sont : françaises.

Non, vous les accueillez gentiment et sincèrement et voilà qu'ils brandissent fièrement l'arme à destruction massive de l'amitié : une COURGETTE.

Et vous pouvez ainsi juger de l'antipathie que vous leur inspirez à la taille de l'engin : plus elle est grosse, plus elle est immangeable, plus vous devez faire d'effort pour passer en revue vos connaissances à la recherche de la personne que vous détestez suffisamment pour la refourguer.

J'entends les petits hypocrites, qui ont tous déjà offerts leur courgette citoyenne, cet immonde phallus verdâtre qui pousse plus vite vers la sortie, s'exclamer : "mais c'est très bon la courgette !". Mais oui, si c'était si bon que ça, vous la garderiez pour vous, cette affreuse virgule gonflée comme une culotte qui n'a pas de fond.

Tout le monde se vante d'avoir trop de courgettes, mais personne de trop de pommes de terre, au risque de devoir les partager. Les pommes de terre c'est bon sautées, poilées, rissolées, fritées, vinaigrées ; les courgettes c'est bon à donner.

Le pire, c'est que même ma mère fait partie de la conspiration.

Tiens, ma fille, prends ces trois belles crosses avec qui, même le compost ne veut jouer. Et moi, trop gentille, je mélange, je sauce, j'emmenthalise pour conjurer l'absence de goût de ces enveloppes d'eau. Je goûte, je grimace, je supplie mon mari de ne pas demander le divorce en lui promettant une mijotée Daucy demain. J'avale la lie de l'espèce végétale en m'exhortant que c'est pour l'héritage.

Et là, j'apprends par ma deuxième qui, pas folle, s'est préparée des pâtes Lustucruvraimentquellessontfraiches, que ces affamantes courgettes avaient en fait été offertes à ma mère par ma tante. Oh, on n'est jamais tant trahi que par les siens !

Alors j'attends le prochain qui s'amène avec une courgette et je lui tanne la joue gauche après avoir étendue la joue droite...

 courgettes menées à l'abattoir

 

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