Lèves les bras au ciel et le ciel tombera

J'ai toujours rêvé d'être une femme libérée (de cette chanson terrible qui n'est connue des jeunes de moins de 20 ans que comme un hymne sauvage à la fragilité des déjections humaines), de m'offrir à la rue les bras levés et la robe serrée, me mouvant lascivement dans une gymnastique aérienne à faire passer un yogiste pour un sauteur de marelle.

Et j'ai essayé Narta... qui me promettait 48 heures d'insouciance et de crampes aux épaules.

Je n'ai pas cédé aux regards suspicieux des ménagères de moins de 50 euros t'as plus rien qui se demandaient à quelle rame de métro j'étais accrochée, ni aux coups de pieds de ma quatrième me suppliant de la ramener à une vue moins plongeante, ni au toit non ouvrant de ma voiture, ce qui m'a valu quelques points de suture.

Je marchais virevoltais tel un papillon volage, déployant ses ailes diaprées pour répandre sa beauté (style picasso époque poil de pinceau) sur le monde émerveillé, les cils débridés,  les cheveux lâchés et le fauve aussi...

Narta déchantait et je dus baisser les bras, car les journaux commençaient, devant le nombre florissant de maux de têtes et l'épanouissement d'évanouissements inexpliqués dans le village de C., à parler d'une intoxication au gaz moutarde.

Parfois, je ressors ma belle robe blanche, celle achetée exprés pour dévoiler mes jambes galbées par d'arabesques varices, je plie les coudes, faisant saillir ma musculature élastique, pour soulever ma chevelure clairsemée et je dis "Narta" langoureusement à un pot de plante qui reste impavide (pourtant très vide, je n'ai pas la main verte...ou les aisselles écologiques). Et je ne sens pas que le ridicule !

Mon mari lui a dit "happla" et a laissé la portière grand s'ouvrir, éraflant au passage une voiture flambant neuve. Cela lui a coûté un bras....

Pour le consoler, j'ai cafouillé "haut les mains" ! Il a perdu toute assurance.

D'après vous, pourquoi les tribunes sont vides ?