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je vis, je dis, je ris ...ou pas
12 mars 2016

La première fugue en patate mineure

Mercredi 9 mars n'était pas seulement le lendemain du mardi 8 mars,journée de la femme,

- plus précisément comme l'a répété ma fille, au point de passer pour une mégère casse-couilles qui devrait s'estimer heureuse de pouvoir profiter de la mixité pour apprendre à se taire, la journée pour la défense des droits de la femme (qui ne se limitent pas à son pouvoir d'achat, même si avoir la possibilité de détenir un compte à son nom est un élément fondamental pour la promotion du surendettement pour tous ; un droits des plus fondamentaux, il me semble, est celui qui permettrait de choisir la couleur des dragibus dans le paquet : après le bleu au goût piquant, le violet qui fait regretter le dentiste...s'ils imposent un rose fluo à la barbe à papa, j'exigerai que nous, les femmes, en contrepartie d'un arcencialisme affadissant, cessions d'être restreinte par le choix minimaliste : fille ou garçon (je ne sais pas si j'aurai aimé accouché d'un dauphin, mais une surprise kinder m'aurait fait plaisir)) -

- mais le premier jour de manifestation de ma fille  ; non  qu'elle n'ait jamais manifesté un esprit de contradiction (qui, je dois le constater s'apprend très tôt, puisqu'il suffit que j'interdise à ma petite dernière de manger les croûtes de fromage pour qu'elle s'enfuit avec et les engouffre comme si sa vie en dépendait - en passant, s'il y en a qui ont épilogué sur l'effet kiss cool qui permettrait de se rafraichir, permettez-moi de vous décrire l'effet Ice Tea. J'ai bien sûr interdit à mon fils aîné de donner de l'Ice Tea à sa petite soeur, elle en a donc bu une petite tasse et taa daa, je viens de redécouvrir la potion magique de Panoramix : la petite fille toute fatiguée, tétant paresseusement son nainnain en se frottant les yeux, s'est transformée en furie, sautant sur les fauteuils, émettant avec sa bouche des bruits de tondeuse se prenant pour l'avion de Mermoz, enchainant double salto, triple flip et descente en plongée sur un front mal rembourré...en repassant, je poserai cette question : pourquoi s'interroge t'on pour savoir pourquoi la tartine retombe toujours sur le côté beurré et non pas sur le pourquoi le bébé tombe t'il toujours sur le front alors que les couches protectrices sont ailleurs....la nounou m'a bien prêté un casque préventif, mais je ne lui ai pas interdit de le porter.....), mais c'était la première fois qu'elle le brandissait sur une pancarte. J'entends d'ici les adultes, responsables et abrutis par leur précarité, s'insurgeaient du fait qu'une gamine de 16 ans défile dans les rues, échappant ainsi aux pupitres fastidieux et professeurs soporifiques mis en place par le gouvernement pour contrôler les esprits immatures et malléables, alors qu'eux-même n'arrivent qu'à grand peine à se décoller de leurs fauteuils quand la publicité arrive. Il se trouve que ma fille adore étudier, mais également s'impliquer, surtout lorsqu'il s'agit de contester une réforme dont elle connait les termes généraux, puisqu'elle a été chargée de distribuer les tracts et d'informer posément et poliment les autres lycéens ignorants ou récalcitrants (les prépas étaient invités à passer et les profs à ne pas quitter si vite les lieux). En outre, cette manifestation s'est déroulée avec l'aval du proviseur qui affichait officiellement sa neutralité, mais les a aidé à installer leur blocus, les soutenant dans leur démarche pour un monde du travail pour les travailleurs avant tout et pour ceux qui veulent y entrer par la grande porte si possible. Elle ne m'a pas demandé mon avis, ni consulté, sauf à 10h30 quand elle m'a téléphoné pour rouspéter contre la grève des trains, qui l'empéchait de rentrer à la maison alors qu'elle était trempée, frigorifiée et pressée de rentrer se réchauffer à la maison. J'ai donc dû aller la récupérer et l'entendre, pendant le trajet retour, se réjouir, avec ses copines aussi refroidies, d'avoir participé à un mouvement révolutionnaire, et réclamer l'instauration d'une dictature pour ériger un monde de paix, où tout le monde serait d'accord pour ne pas usurper le pouvoir et s'attribuer des privilèges (lol).

- mais le jour où je me suis fait arnaquer par un agriculteur bio. C'était à peine 16 heures et pour une fois, la petite dormait encore (alors qu'elle aurait pu me sauver de la faillite si je lui avais interdit de frapper le monsieur). J'ai ouvert et j'ai eu beau essayé de persuader un jeune garçon que je n'étais pas intéressée par des légumes bio, directement livrés de la terre à la mère que j'étais, j'ai fini par accepter de jeter un regard. Et là; ma paralysie mentale a encore frappé. Je ne sais pas quelle est l'origine de cette maladie, mais il suffit qu'une personne me parle en nombres pour qu'aussitôt mon cerveau se brouille, transformant les chiffres en matières élastiques s'étendant à l'infini dans les méandres de mon cortex, perdant alors toute substance pour n'être qu'un néant cherchant désespérément son souffle. J'ai entendu 100 kg et vlan, plus de réflexion, plus de pensée, juste un sourire béat sur un visage fantôme ; les euros ont suivi les kilogrammes et j'opinais de plus en plus, perdue dans un dédale spatio-perplexe. Je ne me suis hélas réveillée que lorsque j'ai vu le montant s'affiché sur l'appareil où ma carte bleue était déjà confortablement installée. Mais je n'ai pas osé m'insurger et j'ai fait mon code, suant à grosses gouttes, rêvant que mon banquier surgissait tel un héro démasqué pour interrompre cette transaction déséquilibrée. Il a fallu annoncer ensuite à la famille qu'ils n'allaient pas mourrir de faim, mais se nourrir exclusivement jusqu'à la fin du mois de pommes de terre et de pommes, raisonnablement cultivées s'il vous plait.

- mais le jour où mon troisième a fait sa première tentative de fugue (je suis optimiste, j'en attends au moins deux autres). Remise de ma faillite, j'étais allé le chercher à l'école de musique quand il m'annonce que, pété de rire à cause des grimaces de sa soeur, qui n'avait pourtant pas encore bu l'Ice tea révélateur de folie, il s'était pissé dessus. Alors, j'ai craqué, non pas parce que je venais d'engoufrer un dixième de mon salaire dans des patates qui allaient dorer mon quotidien, mais parce que cela faisait la troisième fois en trois jours et qu'à neuf ans et demi, on pouvait se retenir d'uriner dans ma voiture toute neuve (ne me demandez pas son équivalent en patates, parce que je risque de constater qu'au prix où j'ai payé les miennes, le résultat tiendrait largement dans le coffre). Je l'ai donc envoyé sous la douche  et exigé qu'il aille mariner dans sa chambre. Là, je vois sortir mon fils avec une grande serviette, prendre des vêtements de rechange, soit disant pour demain, se saisir de la ceinture de son peignoir et essayer de faire un baluchon. Il monte dans sa chambre, je le suis quelques minutes après : il a vidé son porte feuille et essaye encore de fermer son baluchon. Je lui demande s'il comtpe faire une fugue. Il me répond que oui. Je redescend, prépare à manger (pas de patates, s'il vous plait, laissez-moi digérer). Il redescend lui aussi, grogne parce qu'il n'arrive toujours pas à fermer son baluchon. Je lui propose de prendre un sac à dos. Puis je ferme la porte à clef, cache les clefs, ferme les volets roulants, cache les trucs sur lesquels faut appuyer pour qu'ils se déroulent (je ne trouve plus le mot, un reste de ma paralysie patatière). Il essaye d'ouvrir la porte... les fenêtres... je lui propose de manger, pour prendre des forces. Il dit qu'il veut fuguer et exige qu'on le laisse partir. Je lui demande s'il veut que je lui prépare des nouilles. Il clame, il brame qu'il veut fuguer et là, son père arrive. Il voit son fils armé de son blouson, d'un sac à dos et d'une détermination farouche à affronter le noir obscur de la nuit sauvage. Il le fâche, j'essaye de le calmer, mon fils récite à nouveau qu'il veut partir, mon mari s'agenouille, le supplie de rester, qu'il l'aime : Nooon, ne pars pas, s'exclame t'il les larmes aux yeux. La scène aurait pu être belle, si les spectateurs n'avaient pu s'empêcher de rigoler comme des tarés devant le pathétique des acteurs (ma fille a failli se pisser dessus, pendant que l'aîné avait saisi les pâtes et les picorait en guise de pop corn). Mon mari s'est relevé, en colère qu'on ne le prenne pas au sérieux. Mon troisième a encore essayé quelques tentatives d'escapade, mais la magie était rompue. Alors il a accepté quelques pâtes, avec du ketchup et de l'emmental râpé, puis s'est mis à inventer et dessiner Boom beach II, pendant que son père boudait.

- mais la veille du jeudi 10 mars où j'ai encore eu des preuves que le travail n'avait plus de code, à part celui du chacun pour soi et délation assurée (au cas où vous vous demanderiez quel boulot je fais, je répondrai que je suis secrétaire, comptable... et vois parfois passer des factures de pommes de terre....(pas bio il est vrai))

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