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je vis, je dis, je ris ...ou pas
26 mars 2016

Passe ton post-bac d'abord

Vous recherchez une plume pour écrire vos mémoires, un caractère pour cartonner sur twitter, un cerveau pour rédiger une pétition, un numéro pour apitoyer les porte-monnaies, je me présente : femme ayant le sens de la formule (je prends les chèques aussi), dotée de deux maîtrises avec mention (et de deux années de chômage sans mention de pole emploi), d'un matériel de pointe (un stylo bic, un clavier où la touche suppr qui efface en reculant a été arrachée, ce qui me détermine à ne jamais revenir en arrière et un nez digne de Cyrano et d'une longue expérience de rédaction acquise au service du public et qui vient d'atteindre sa consécration grâce au site inscription postbac.

Que les jeunes s'insurgent contre la loi du travail, certes ! Mais qu'ils acceptent de courber l'échine devant un site qui demande réflexion, patience, argent et réseau me dépasse (je suis de toute façon dépassée dès qu'il est question d'internet). Il faut d'abord s'inscrire, ce qui suppose un ordinateur, internet et une imprimante. il faut ensuite arriver à se diriger entre toutes les formations qui sont disponibles à l'inscription (j'ai trouvé un moment celle qui permettait de s'inscrire directement en école ingénieur et pffft, je ne suis plus arrivée à mettre la main dessus...lapsus révélateur : le site a censuré mon fils ou je n'arrive toujours pas à croire que mon fils pourrait avoir les capacités pour s'y inscrire). il faut ensuite confirmer  sa candidature : je vous ai déjà parlé du curriculum vitae aberrant pour un jeune inscrit au bac, je voudrai maintenant aborder le problème de la lettre de motivation.

Internet regorge d'exemples de lettre de motivation, à bien sûr ne pas copier, non pas seulement parce que les établissements doivent les reconnaître à force de recevoir le même type qui s'extasie de la force de proposition de votre filière qui s'organise autour de professeurs exceptionnellement doués, mais surtout parce que le modèle est un gars ou une fille qui a super réfléchi sur son objectif de carrière, fait de la musique tout en suivant des cours de chinois et s'occupe des pauvres déshérités en leur accordant des miettes de son savoir lors de séances d'aide aux devoirs et d'oublis des droits.. Lorsque votre enfant à vous vous répond que sa motivation principale est qu'il aime cette matière, cela semble capital et pourtant dérisoire pour franchir la barre des 1 000 mots.

Après, on s'étonne que beaucoup de jeunes arrêtent après le bac. Voilà qu'ils n'ont pas encore le diplôme en poche, il leur est demandé de se projeter au delà et de l'écrire, sans fautes d'orthographe (au moment où même l'académie se fiche de la correctitude, il est conseillé de ne pas oublier le d à nénuphard sous peine d'élimination au BTS biologie réactive spécialité développement durable ou pas). Vous savez ce que cela demande comme motivation d'écrire autant de lettres que de voeux pieux, parce que certains voeux vous les faites surtout en espérant n'être jamais exaucé. Est ce que le gamin qui n'arrive qu'à motiver son choix par un laconique : j'aime ça et je veux apprendre plus, est-il éjecté, après avoir été comparé à un camarade, ayant des facilités linguistiques ou des praents disponibles, qui, schéma à l'appui, écrit sur deux pages toute une pléïade sur les beautés et les richesses de la filière Commerce et Illusion d'espérance, alors qu'il ne choisit cette option que parce qu'il a analysé qu'elle lui offrait les meilleurs débouchés ou parce que les frais d'inscription sont rédhibitoires pour la fourbe plèbre...

Et ce n'est pas tout. Si vous avez dépassé l'étape protocolaire, il vous faut maintenant réussir à retrouver les bulletins scolaires de première et de terminale (qui sont pourtant saisis sur le site, mais que les établissements réclament pour votre dossier papier ; et qui enlèvent toute chance pour garder un anonymat facial, puisqu'ils sont ornés d'une jolie photographie de votre bambin qui, heureusement, n'affichait pas à son entrée, la chevelure dantesque qu'il arbore aujourd'hui et qui risque de dérouter ses futurs interlocuteurs  - où sont ses yeux ?) et dénicher la pochette plastique transparente à coin ouvert (j'ai emprunté un succédané au boulot, après avoir désespérément recherché sur internet, au marché noir, sur ebay, un prototype répondant aux critères demandés : à peine transparent, ouvert sur tout un côté et usager) qui doit renfermer votre précieux sésame vers une autre sélection plus drastique : la chambre universitaire.

Prochaine étape : les entretiens qui vont surtout révélés les timidités.

Alors, les jeunes ! Vous trouvez le monde du travail cruel et injuste, alors qu'on fait tout pour vous y écarter !

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