Apprendre à apprendre

Une chose est sûre, je ne serais jamais professeur, pédagogue, tuteur ou autre profession qui exige que l’on se trouve face à une personne pour lui enseigner ce que l’on est censé savoir ; surtout quand cette personne est celle qui doit succéder à votre poste et observe chacun de vos gestes, épie vos regards, vous suspectant de cacher l’essentiel et peut être même de faire le boulot quand elle est absente, mais vu que le boulot il s’est même cacher à vous, vous auriez du mal, à moins d’être magicienne, de lui en présenter. Et c’est malheureux d’apprendre à quelqu’un qu’il a postulé pour un poste que je ne conseillerais même pas à mon pire ennemi, sauf si vraiment il est très gentil et qu’il arrive à rester assis 7 heures derrière un bureau, sans se démanteler les pouces à force de les croiser, ni aboyer contre le pauvre gars qui vient nettoyer les toiles d’araignée qui orne sa tête alors qu’il entame sa sixième sieste de la journée, ni incendier l’imprimante parce qu’elle refuse d’imprimer la note de service du mois vu qu’elle a séché lamentablement.

J’ai l’impression d’avoir une ombre adhésive (et franchement pas ressemblante) qui bouge en même temps que je bouge, qui respire en même temps que je respire, tout juste si elle ne me suit pas jusqu’à la photocopieuse parce que je détiens entre mes mains le précieux labeur qui permet de justifier la sueur de mon front, bien que là, je pense que devrait plutôt être incriminée la mauvaise climatisation (par ailleurs inexistante) de mon bureau, où les beaux jours (pour concéder aux météorologues qui sont les seuls à penser qu’une chaleur torride est une bénédiction) je suis aveuglée par ma transpiration tombant à grosses gouttes sur mes paupières closes car impuissantes à exiger de mon cerveau poisseux et fumant, l’effort nécessaire pour se relever. Et bien sûr, l’administration n’a pas pensé à installer une piscine, ce qui est incompréhensif vu la dette publique et je me demande où passe l’argent si nous autres, fonctionnaires, ne pouvons même pas bénéficier du confort minimum !

De ce côté là, cela ne devrait également pas s’améliorer sur mon nouveau poste puisque le bureau est situé dans un algeco, avec, surtout, des toilettes à une distance effarante quand je pense à la quantité de thés que je bois par jour et il va falloir que je suive une cure pour me désintoxiquer car je ne pense pas que mon nouveau chef acceptera de créer une dépendance rien que pour me soulager. Qui dit que les fonctionnaires sont des favorisés ! ! ! (un autre fonctionnaire certainement parce qu’il sait de quoi il parle !)

Donc tout va bien : je peine à respirer parce que mon espace vital est restreint par une présence parasitaire et par une atmosphère touffue, mais bon je dois passer le relais et il faut bien une semaine pour apprendre à ma collègue que le plus dur c’est de trouver de quoi s’occuper (enfin, au début, on est fortement occupé parce qu’on comprend rien, après un peu moins, parce qu’on semble compétent et ensuite plus du tout, parce que plus personne ne vient vous voir puisque vous avez été tellement compétent que tous les problèmes sont réglés – ou alors en fait, tellement incompétent, qu’on préfère s’adresser à quelqu’un d’autre).

Et puis, dixit JJ,  comme on dit au Casino (ou le Géant du coin) : « les œufs sont frais, faites vos œufs. Rien ne va plus ! La poule du père dans l’impasse ! ». Ceci n’a rien à voir avec cela, mais j’avais promis à JJ de la replacer quelque part parce JJ, il en a dans le ciboulot (même s’il n’a plus rien dessus !)