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je vis, je dis, je ris ...ou pas
5 novembre 2010

Je veux me lever TOT

Ce n'est jamais un problème de se lever. Enfin à peine. Juste une douleur lancinante déchirant le voile nocturne, juste un éclair bruyant broyant le rêve absurde, oublié, rejeté, dénié d'une secousse de tête se propageant jusqu'à des racines insoupçonnées, juste le rappel impératif d'une réalité stridente : la sonnerie d'un réveil rigide, bien plus effrayant lorsqu'il reste atone, nous laissant nous bercer par l'illusion que l'écoulement du temps n'a aucune importance.

Ce n'est jamais un problème de se lever. Profiter de la chaleur du lit, se sentir léger, engourdi, apaisé. Eloigner une vague nauséeuse d'appréhension. Se caresser aux pluches du drap housse, se saisir des coins de l'oreiller pour mieux l'enfoncer dans le matelas, se recroqueviller dans le souvenir de la douceur originelle. Ouvrir les yeux, regarder le noir sans angoisse, écarter la couverture et fendre l'air glacial d'une détermination flagellante.

Ce n'est jamais un problème de se lever. Découvrir le pouvoir des paupières qui s'inclinent pour nous sauver de la cruauté de la lumière. Découvrir le pouvoir de répulsion lorsque notre mine chagrine s'abandonne au miroir. Découvrir le pouvoir de l'attraction lorsque malgré des effluves frappantes, des peaux cabossées, des moues rébarbatives, des yeux revolver, chacun parvient à surmonter son envie de retourner se réfugier dans le monde fantasmé.

Ce n'est jamais un problème de se lever du moment que l'eau boue, le pain craque, le beurre fond. Pour un bon petit déjeuner, je me sais capable d'affronter le matin. Je sais pouvoir avancer l'heure fatidique pour prolonger l'extase des papilles, poursuivre la sérénité de l'aube où le seul bruit provient d'une mastication orgasmique, où la seule préoccupation est celle de ne pas en perdre une miette. Humer, savourer, inhaler, se délecter, priser, adorer. Une barrière contre l'invasion prochaine des questionnements, une pause avant les comédies et tragédies du quotidien, un paradis sur terre.

Alors je déteste le docteur qui me prescrit une prise de sang A JEUN. Je déteste lorsqu'au saut du lit, je ne peux me repaître de chair fraîche. Je déteste entendre mon estomac gronder, mon mari dévorer, mes enfants chipoter. Je déteste froisser des magasines antédiluviens, crispée par la vue d'une corbeille d'abondance où je ne pourrais piocher qu'après piqure. Je déteste attendre dans ce silence biblique où chacun prie pour une manne prochaine. Je déteste me sentir honteuse lorsque, arrivée au bureau, je m'acharne sur un pain au chocolat, je déteste me sentir frustrée lorsqu'il est englouti, me léchant les doigts à la recherche de son goût. Je ne sourirais pas de la journée, je ferais LA GUEULE, je répondrais vertement au papy qui vient se plaindre qu'il n'a pas d'appétit. Je serais INVIVABLE...

L'ordonnance git sur le comptoir depuis 6 mois. J'attends qu'elle se périme d'elle même. Je veux me lever HEUREUSE.

PETIT_DEJEUNER

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Commentaires
G
La dernière prise de sang que j'ai faite l'infirmière est venue à domicile. Cette fois, je crois surtout que je sais le résultat d'avance et pas envie de le savoir. La santé c'est l'ignorance de la la maladie (la bêtise aussi, tu me diras !)
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M
Avant que je ne me décide à conduire, je devais faire cette fameuse prise de sang à jeun en me rendant au laboratoire situé à 7 ou 800 mètres quand même, à vélo ! <br /> Une fois mon médecin m'a prescrit la prise de sang à domicile, et l'infirmière est venue dès 7H30, le panard !
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