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je vis, je dis, je ris ...ou pas
20 novembre 2010

Les 4 plaies des jeunes

Ce n’est que lorsqu’on en sort que l’on regrette la jeunesse. Car chacun sait que cela n’a rien d’agréable d’être dans un corps qui se modifie sans cesse, sans que rien ne puisse être préconisé pour empêcher ses seins de saillir, ses poils de pousser et son nez de s’allonger (alors qu’un adulte en stade terminal du développement, s’il ne supporte pas également de voir son ventre s’arrondir, peut à l’aide de réformes bien sévères, se serrer la ceinture. Par contre, contre les cernes bleuâtres, les rides profondes, je ne vois qu’une chirurgie plastique, mais là on va m’accuser de faire l’apologie du terrorisme).

La jeunesse doit supporter un certain rituel, franchir des épreuves, mortelles pour l’ego, qui lui permettront ensuite d’être fière d’en être sortie vaincue (car la jeunesse ne peut gagner sinon cela devient de l’enfantillage, voire du gâtisme. Bien sûr, il est toujours possible de rester jeune dans sa tête, mais franchement est-ce agréable, à 40 ans, de continuer à chantonner du René la Taupe, de s’admirer en train de pisser à 2 mètres, d’écrire J’T’ADR à toutes ses copines de passage ou de taper CRETIN pour savoir si l’on va avoir des triplés).

Je vais évoquer ici quelques fléaux que doivent affronter ados pré pubères, à peine pubères et à peine blairés par des parents qui aimeraient bien n’avoir pour seul problème que de ne plus arriver à entrer dans leur jean (un problème générationnel s’il en est, mais vécu différemment selon que c’est une poussée de croissance ou une poussée de croissants.)

L’ACNE : Quelle mère n’a pas surprise sa fille, dans la salle de bain, souffrant le martyr face au miroir, geignant contre l’absurdité d’un monde cruel qui veut que d’une peau si lisse jaillissent des volcans de rage et de désespoir, un flot d’hormones ennemies qui crient à la face sa pire infamie : être exposée au regard des autres. La fille ne se laisse pas abattre,  à l’aide d’un gant, elle frotte vigoureusement les auteurs de ce crime de lèse – placidité : deux misérables petits boutons blancs, visibles comme le nez qu’ils défigurent. Elle sait qu’elle ne doit pas les percer, sous peine de se traîner 20 ans plus tard les cicatrices qui concurrencent les rides sur le visage de sa mère qui, elle, n’avait pas de modèle à ne surtout pas ressembler. Le nez rougit, les boutons blanchissent, l’affront est suprême. Mais la volonté est la plus forte. La mère qui, n’étant pas la plus belle en ce miroir, était sortie vers d’autres taches (celles maculant un sol jamais lessivé contrairement à elle), voit soudain venir à elle, une fille changée, une fille heureuse, une fille arborant crânement un nez camouflé par une bande de papier scotchée ; une solution radicale que Borloo pourrait appliquer : pour devenir plus visible, faire en sorte de surgir là où on ne vous veut pas.

L’ECRITURE : Quelle mère ne s’est pas désolée, à la lecture d’un devoir, de l’orthographe catastrophique de son bambin. Non seulement, celui-ci préfère le phonétique pour économiser des caractères mais les professeurs embrouillent l’affaire en utilisant un jargon incompréhensible pour décrire ce que de mon temps on appelait un « nom ». L’enfant passe plus de temps à expliquer et définir les termes qu’il emploie qu’à se servir de la langue pour s’exprimer (écrire, quoi !). Ce qui fait qu’une femme normale, désireuse de s’inquiéter de la santé morale de sa fille, en ouvrant discrètement son journal intime, doit capituler devant un vocabulaire simplet et une orthographie fantaisiste et égoïste. Une fracture supplémentaire entre le jeune et l’adulte ; l’adulte ne pouvant pas recevoir un poème d’amour filial sans soupirer et se retenir de prendre son stylo rouge pour corriger les fautes qui lui écorchent la vue. Un peu comme une allocution présidentielle où chacun se retient de reprendre une phrase mal agencée afin qu’elle retrouve un sens cohérent et une sensibilité concrète (et où chacun finit par aller aux toilettes en regrettant que la publicité mensongère ne soit pas plus sévèrement punie.)

LA DOUCHE : Quelle mère n’est pas entrée dans la pièce, où mijote son fils depuis deux heures, en plissant le nez, offusquée par une odeur entêtante, genre bœuf musqué ayant invité un sconse à dévorer un camembert coulant. Subtilement, la mère déclare « tu pues », ce qui lui vaudra un regard dédaigneux, un rire jaune (Ah, ses dents ressemblent à un canari en goguette !) et un lâché gazeux vengeresse.   Vous avez beau lui offrir le shampoing anti–pelliculaire dernier cri, parrainé par Noah qui milite pour la disparition de toute référence à une qualité de peau, surtout lorsqu’elle est morte, le gel douche le plus capiteux, crémeux, soyeux et viril -, ajoutez vous lorsqu’il vous menace de ses muscles naissants – lorsque enfin, à force de vous voir vous échapper à chaque fois qu’il tente de vous approcher pour vous faire signer son bon de sortie du collège, il consent à inonder votre salle de bain, à peine la serviette jetée à terre, le naturel ressort le cheval fougueux. Comme un gouvernement, qui a beau essayé de masquer les effluves nauséabonds dégagés par des expulsions de Roms en remaquillant une circulaire, finit par revenir aux sources en écartant les ministres représentant la diversité.

            LA FAMILLE RECOMPOSEE : Quelle mère, dépassée par des énergumènes énergiques, n’a pas espéré trouver un soutien éducatif, en même temps qu’une nouvelle féminité, en replongeant dans l’enfer du couple, après l’échec d’une première union. La femme pense, qu’ainsi, son fils, privé de repères paternels, pourra puiser dans cette refondation cellulaire, répondant aux critères standards vantés par la publicité et les psychologues (qui savent que c’est le seul modèle à même de leur préserver une clientèle fidèle),   la solidité et la constance nécessaires à sa construction identitaire. Résultat : la mère passe son temps à séparer un adulte en mal d’autorité et un gamin en mâle aspirant, désireux de se cogner dessus pour remporter la palme : la télécommande. L’adolescent évite, contourne, épie le père palliatif, se mesure à lui, surtout en centimètres, impatient de le dépasser. De temps en temps, dans le silence d’une nuit noire, seulement brisé par l’hululement d’une chouette en chasse, les yeux ouverts et brillants de larmes, il avoue que cela serait mieux s’il baissait sa garde. Comme un président qui, enfin seul dans son jacuzzi, bercé par le tic tac de sa patex plaquée or, entendant au loin les ouvriers manifester  leur dernière force avant de s’écrouler sous le poids de serres implacables, songerait qu’il pourrait gagner plus s’il baissait ses impôts.

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Commentaires
L
Content d'en être sortit sain et sauf..
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