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je vis, je dis, je ris ...ou pas
22 septembre 2012

Le port de la robe à l'école : circulaire, y'a rien à voir

Que nous enseignent nos enfants ? Qu'il existe encore de nombreux combats à mener. Prenez le féminisme. Des femmes qui aiment aboyer ou se traiter de salopes sont heureuses des victoires remportées qui ont permis d'établir une égalité qui ne poserait débat que sur les questions du partage des tâches ménagères et des postes à responsabilité, et ne serait remise en cause que par le regard extérieur sur le couple : une femme maquée perdrait toute autonomie de pensées.

Les femmes peuvent voter, elles sont même courtisées, voire mises en avant, autrement que gràce à une généreuse poitrine. Elles ont gagné l'autonomie financière, même si elles préféreraient compter sur la fiabilité paternelle, surtout au moment des fins de mois. Elles possédent la maîtrise de leur corps : enfin, elles peuvent assumer de ne point vouloir d'enfants, plus difficilement, de ne pas savoir garder la ligne. Cela est de la belle théorie. Penchons nous sur un collège, au hasard, celui que fréquente ma fille.

Nous ne sommes pas en banlieue, où sévissent d'affreux cagouleux vendant leur drogue quotidienne ; nous sommes dans une petite ville, où jaillissent régulièrement des flics bien armés pour essayer de prendre de niais désoeuvrés, l'héroïne dans la poche. La clientèle n'est pas friquée, très pauvre parfois. Quelques enfants du voyage traités de voleurs, quelques segpas que l'on soutient pour qu'ils tombent ailleurs, quelques élèves que, dès la 6ème, on a reconnu comme étant inclassable et qui s'évanouiront dans les taux d'échecs de l'éducation nationale. La plupart sont des scolaires moyens, s'interpellent, s'injurent, se facebookisent, espèrent un monde meilleur sans comprendre que l'école pourrait en être l'interprète.

Ma fille est une gamine joyeuse, chahutant dans le car, répondant aux garçons irrévérencieux, intervenant en cours, juste complexée par sa petite taille. Pas influençable, elle n'a pas adopté l'uniforme jean-moue blasée-couleurs sombres. Elle s'habille comme elle l'entend et se fiche des remarques "amicales" de ses copines plus modeuses. Cependant, elle a un tabou : la robe ! Et ses copines aussi hésitent beaucoup avant d'arborer l'étendard de cuisses en liberté.

Alors, un jour, une d'entre elles a dit, chiche ! Lundi, on vient en robe. Ma fille a opiné, tremblante sous sa témérité. Et lundi, elle a enfilé une robe par dessus un legging occlusant toute vision jambesque. Elle était la seule à avoir relevé le défi. Celle qui avait lancé l'idée, mais avait flanché le matin même, s'est resaisi eet a promis le lendemain, elle portera une jupe. Ma fille a bien voulu rejouer la féminité et elles étaient deux le mardi à rougir des tentations supposées. Et le mercredi, elles ont retrouvé avec soulagement leur pantalon protecteur.

Que nous apprend cet épisode ? Devons-nous nous désoler de l'image que nos filles ont des garçons, pensant qu'ils n'attendent que des chiffons lâches pour parier sur la couleur de leur culotte ? Devons-nous nous désoler qu'elles pensent que mettre une robe, c'est se rabaisser, et n'être plus "qu'une fille" qui se trouve à la merci de loups concuspicents ? Devons-nous nous désoler que le pantalon soit la seule couverture possible pour obtenir le droit d'être une personne comme une autre, d'être écouté sans être sifflé par des goujats qui pensent qu'alors on s'offre à leurs regards ? Devons-nous nous désoler que la robe endorme le moine et réveille les pires cauchemars de filles qui voudraient juste ne pas trop réfléchir à ce qu'elles sont. La question à poser : pourquoi, dans un monde où les seins nus fleurissent, la jupe est-elle devenue si subversive et si dangereuse à porter ? Peut être la réponse est dans la question : à trop érotiser la société, seul l'habit peut encore évoquer...

Un autre combat relève de la discrimination physique et non plus sexuelle. Si de nos jours s'épanouit l'islamophobie, avec l'appui de gens qui pensent qu'il suffit d'avoir la majorité pour ne pas donner de droit à la minorité, la négritude, dans ce collège paisible, où elle n'est reproduite que sur un ou deux visages ne pose problème que quand il s'agit de décrire le camarade atteint de bronzitude. Il y a toujours une crainte d'être mal vu si on accentue sur ce détail, la peur d'être taxé de raciste dans ce milieu qui se veut tolérant. Là encore, il est ardu d'être spontané, et de ne pas penser aux arrières-pensées prêtées à la pression sociale. Par contre, cette crainte et cette pression n'existent pas quand la différence se loge dans les kilos en trop et si le professeur de Sciences Physiques de l'année dernière, originaire de Mayotte, n'était jamais moqué pour sa couleur de peau, le nouveau subit quolibet sur quolibet du fait de son relâchement cutané. Il y a donc encore du chemin à mener pour que l'aspect physique ne soit pas jugé comme une donnée de la personnalité, et pour que le gros ne soit pas taxé de sous-homme.

A côté, nos enfants ont encore le sens de l'honneur. Mon fils rentrant éraflé de l'école m'a juste expliqué que sans faire exprès, une grande fille qui le portait l'a laissé tomber et il s'est écrasé lourdement la face sur le goudron. Il n'a pas craché son nom, de peur qu'elle se fasse gronder. Nous avons au moins remporté un combat : nos enfants ne sont pas des balances ! Bon, d'accord, je ne l'ai pas torturé pour savoir jusqu'où allait sa résistance aux aveux, mais il était déjà suffisamment amoché comme ça !

Par contre, un combat perdu d'avance : lutter contre la douilleterie des hommes. J'ai amené le grand chez le dentiste et c'est une loque qui s'est installée sur le fauteuil, hoquetant pour que l'implacable tortionnaire à la roulette maléfique ne touche pas à ses précieuses et sensibles molaires. Et après ils se vengent en regardant sous les jupes des filles....

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