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je vis, je dis, je ris ...ou pas
24 décembre 2012

Pour ceux qui n'aiment pas noël

Je m'adresse ici à ceux qui n'aiment pas Noël, pas parce que c'est une fête commerciale et gna gna gna, mais parce que l'esprit de noël les fait gentiment suer.

J'ai eu le malheur dimanche dernier de vouloir remplir mon réfrigérateur éreinté après une ultime razzia de mon mari (qui parle toujours de se mettre au régime, mais avale à chaque repas l'équivalent de 10 000 vaccins sur l'échelle de Médecins sans frontière -- Je peux me permettre de critique MSF, parce que tous les mois je fais ma BA (ma bonne aumone) qui permet à dix gamins de s'offrir le moustiquaire de leur rêve-- Pour mon cher époux, un repas de Noël c'est juste la permission qui lui est offerte de reprendre 4 fois du fromage, au lieu des 2 habituels, en opinant lourdement aux résolutions des autres convives de se mettre à la diète après le 1er janvier. "Oh oui, Lionel*, tu as raison, on est foutu, on mange trop **, mais de toute façon on est foutu, autant crever la panse pleine et là, on s'en remettra aux vers. Hi,hi,hi, s'en remettre aux vers, se mettre au vert. J't'ai déjà déclamé d'la poésie d'Alphonse Mamoto :

"Vieux, flasque, ma simple ivresse à connaître 
Contre l'hystérique à la geste tant moquée 
Qui d'un torchon essuie le noble sang des banquets,
J'ai pissé sur le mur une toile sans fenêtre."***

Quand il est soul, mon mari est décousu, mais il n'est pas agressif. Heureusement, car alors il me confie le volant...).

Je me suis donc dirigée, dimanche 23 décembre****, vers mon supermarché habituel (celui où je me recueille toutes les semaines devant les étiquettes en priant les rayons de m'éclairer sur le chemin de l'économie ménagère).

Je suis soulagée de constater qu'il n'y a pas la cohue (soit les gens ont été prévoyants, soit ils attendent le lundi pour espérer des remises (l'espoir fait vivre, mais ne nourrit pas).

J'ose jeter un regard timide sur les saumons fumés et frémis en constatant que la barre fatidique des 5 euros a largement été dépassée, sans que cet exploit n'ait été salué par Nelson Monford, qui doit bien pourtant parler le norvégien, vu toutes les consonnes que comportent son anglais.

Je snobe les foies gras, mon mari me suffisant et je m'arrête devant les coquilles St Jacques...

Rien que ça, rien que ces figures imposées dans un menu de fête feraient de n'importe quel festin une récitation écoeurante et, dans un élan d'insurrection prodigieux, après avoir furtivement guetté qu'aucun dictateur du sourire banane ne m'observe, je me saisis d'une boite de thon à la tomate...

Punaise, si j'ai envie d'une boite de thon à la tomate pour mon réveillon, je mangerai une boite de thon à la tomate. Et celui qui me dit qu'une boite de thon à la tomate, c'est pas festif, qu'il regarde les pubs Sheba et il verra bien si le chat, il ronronne pas devant sa boite de truc à la sauce jsaispasquoi.

Mais il n'y avait pas que ça, cette obligation d'être heureux selon le calendrier grégorien, alors que les jours raccourcissent, qu'il fait nuit trop tôt, qu'il n'y a pas de neige et que le petit Jésus l'est même pas né à c'te date...si ça coupe déjà pas l'appétit...

non, il y avait, je m'en rendais compte au fur et à mesure que je déambulais dans les rayons à la recherche d'une dinde moins cruche que moi, une chappe de plomb qui fondait sur mes épaules et emplissait mon esprit d'une humeur sombre, me forçant à chercher l'étagère dédiée aux pistolets*****, afin d'en finir une fois pour toute avec cette joie commandée.

J'ai essayé de combattre cette déprime qui s'attaquait à ma frénésie d'achat et me poussait à me réfugier vers les boites de chocolat ; j'ai essayé de comprendre la cause de ce soudain abattement.

Et j'ai compris : depuis mon entrée dans cet antre d'abondance, j'avais subi les assauts d'une affreuse musique sirupeuse, me lançant des torpilles de Merry Christmas et des explosions de Jingle bells catatoniques.

Aaaaaah je m'enfonçais dans le côté obscur de la musique sans rythme, qui ferait passer la Danse des canards pour un quadrille de Mozart******.

Afin d'échapper à un funeste destin, où je pourrais applaudir Maria Carey chantant I saw Mommy kissing Santa Claus*******, après avoir fait tintannabuler mon porte-monnaie, je me suis catapultée dans ma bulle à 4 roues et j'ai mis mon auto-radio à fond, beuglant comme une folle le "Petit papa noël" de Tino Rossi, parce que, zut, tant qu'à être contrainte d'être joyeuse, autant que ça se marie bien avec le thon à la tomate.

 

 

 

 

 

 glutagene.net

 

 

*le prénom a été volontairement inchangé afin que la personne, qui a omis de servir à mon Gargantuesque mari une liqueur pousse-digestion, créant une pertubation sonore dans les flatulences post-dinales, amplifiées au point de percer le mur de ouate des strates boulequiesques et d'entrainer l'obligation d'une migration vers un abri anti-atomisant de la partie conjointe, se reconnaisse.

** mon marin n'est pas un conditionnel de Souchon, sauf quand il est plongé dans une douce torpeur que les plus grands spécialistes attribuent à la gestation stomacale

***Alphonse Mamoto (1972-fin du monde pour lui) est un poête inconnu qui mériterait de l'être encore plus

**** le date a son importance, car les événements qui vont suivre n'auraient pu se passer le dimanche 19 octobre. Pour ceux qui pourraient me reprocher de faire mes courses un dimanche, au détriment de la vie familiale de pauvres caissières déjà esquintées par des horaires irréguliers, je répondrai que personne ne me plaint que je sois obligée de ployer sous le poids de lourds sacs de courses, un dimanche, alors que je pourrai me contenter de remercier le bon dieu de m'avoir fourni une femme docile et pourvue d'un compte en banque (si bien sûr, j'étais mon mari)

*****je ne fais pas l'apologie des armes, et je suis heureuse que dans notre pays les seules armes que nous avons pour nous défendre contre l'injustice soient les impôts (je sais il y a toujours des laissés pour compte en Suisse) et que le seul serial killer qui effrait les enfants soit la puberté

******Wollof Amédée Mozart (1757-1858) a été injustement spolié par son illustre homonyme. Ces quadrilles, s'inspirant de son enfance passée dans la forge paternelle, mériteraient, de par leur souffle, d'ébranler les parquets de nos salles des fêtes.

*******mes lecteurs pouvant être de parfaits ignares et ne pas comprendre l'anglais (s'ils savent d'ailleurs lire), je traduis : Merry Christmas : Joyeux anniversaire mon petit Christ mort sur la croix à cause d'hommes impies ; Jingle bells : j'ai réussi à télécharger une sonnerie pour mon portable encore plus pourrie ; I saw Mommy kissing Santa Claus : la décence m'interdit ici d'apporter une traduction qui pourrait choquer les enfants de moins de 12 ans.

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