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je vis, je dis, je ris ...ou pas
13 mars 2015

Mais qu'est ce que tu fais doudou dis donc

Toute une littérature s'est élevée au grain de l'insatiable quête de conseils (déculpabilisants si possible ), menée par des parents désireux de comprendre le résultat de ce qui ne leur avait pris, en moyenne, que deux minutes à mettre en orbite (puis 30 ans à dégager l'espace).

Une dame est ainsi devenue indispensable, grâce à sa prose académique, son style figuratif, sa conscience sociale, ses tournures dédramatisantes, son contrat d'exclusivité avec les maternités et s'est imposée comme LA donneuse de leçons en matière d'éducation du jeune enfant, de son premier écoeurement à son dernier rejet de la société (se passant parfois en Syrie).

Je ne vous ferai par une lecture analytique de cette bible, ne l'ayant jamais compulsé (je suis plutôt versée sardonique) _ ce qui pourrait expliquer que je ne peux guère me targuer des progrès de mes enfants, la dernière de 8 mois n'arrivant toujours pas à répondre aux sollicitations multiples et variées, que lui propose pourtant une mère toujours que le qui-vive, dont celle qui constitue une question majeure, fondamentale et essentielle : où ais-je bon sang bien pu poser tes chaussettes ?

J'ai un problème récurrent avec les chaussettes, qui parsèment régulièrement ce blog et ne vont donc plus plus par deux ...j'envisage d'ouvrir un show room privé ne proposant que des chaussettes uniques pour que chacun puisse reconsituer sa paire sans se plonger dans le désarroi devant ces disparitions mystérieuses et inexplicables...

La preuve : j'ai deux chaussettes noires en coton épais, j'allais les marier (je n'ai aucune objection morale à exercer en faveur de la réunion de deux corps du même textile), quand je me suis rendue compte qu'il y en avait une marquée 39-41 et l'autre 35-38 ???(toutes deux majeures il est vrai, mais consentantes ?). 

Ais-je perdu deux chaussettes ou l'erreur vient-elle du fournisseur ? ....si quelqu'un a le même souci, merci de me contacter afin de monter une action collective contre le fournisseur et lui réclamer des dommages et intérêts pour harcélement moral occasionné par la vision quotidienne d'une dysharmonie organique particulièrement offensante (me triturant pour savoir si la disparité venait du fait du talon, du gros orteil ou du pince-sans-air), confinant à une torture vicieuse et guantanamesque me forçant presque à avouer, que c'est moi qui pilotais le drône qui a survolé le dossier Sarkosy et l'a refermé bien vite....

-----après une pause pour cause de vie à mener, je vous annonce (marrie) que j'ai remis en place un pull dégoulinant de mon armoire, pleine à faire déborder les pulls et voilà que m'apparait la chaussette 35-38...celle dont je venais juste d'annoncer la disparition de façon officielle et publique sur ce blog, sur cette toile déjà catastrophée par une telle mésaventure....alors que j'imaginais déjà les veaux, vaches, cochons gagnés grâce au procès retentissant contre un ponte de la fibre non digestive (et le livre rédigée 24 heures après l'issue favorable)...alors que la chaussette 39-41 me tire un accroc patibulaire parce que si ça se trouve, son double est coincé, étouffé, pris entre les mailles d'un pull qui n'arrive pas à s'extirper d'une armoire narniesque, grâce à qui je ne touche pas le fond....alors que certains ne croient pas aux coîncidences et pourraient douter de cette découverte parce que comme dit Thomas : si pas d'image, pas de "j'aime" et donc t'es loose...alors espérez mes amis car le meilleur peut advenir-------

Je me contenterai (après cette crise métaphysique ingrate) de rappeler le rôle primordial du doudou (ou nainnain ou turlupinpon selon le dialecte local en vigueur dans votre contrée en profonde mutation : vous aviez un maire, un conseiller général, un conseiller régional...des burnes bien placées, vous allez passer aux urnes bien dépassées).

Un doudou, selon Winnicott (qui n'est pas l'inventeur de Winnie l'ourson), est un objet transitionnel permettant à l'enfant de s'accrocher à quelque chose de baveux, miteux et proscris par toutes les ligues hygiénistes, lorsqu'il se trouve séparé momentanément de sa cible affective (sa mère, son père ou responsable légal comme disent les formulaires qui négligent le réconfort pour le pratique).

Le doudou n'est pas standard et peut prendre des formes surprenantes, puisque ce ne sont pas les parents qui imposent le doudou(quoique...nous le verrons ultérieurement...cela fait très pro....à vous de complèter ce préfixe par le terme le plus adéquat après la lecture de ce billet), c'est le doudou qui s'impose à leurs narines.

Heureusement, les miens sont restés assez raisonnables. Le premier a choisi un foulard d'1m50 sur 1m50 que je portais autour du cou, la seconde a choisi un foulard d'1m 50 sur 1m50, que j'ai dû couper en deux quand le premier a perdu son doudou, puis à nouveau en deux, avant qu'ils ne doivent jeter opter pour un autre pour cause de perte totale : mon fils s'est débarassé du dernier en date après qu'il ait cessé de sucer le pouce (exploit effectué à 15 ans grâce à un séjour scolaire en Italie) et parce qu'il était  trop troué pour s'amuser à agrandir le trou, la deuxième le cherche encore (un magnifique abécédaire que j'ai moi-même brodé de mes mains menues) parce que son frêre l'a caché et refuse de dire où  - et bien caché, parce que malgré de furieuses investigations dans toute sa maison, ma mère n'a pas réussi à le trouver...il paraît que c'est normal, parce qu'il l'aurait camouflé dans une pièce de notre maison....où je me refuse à ne serait-ce qu'imaginer soulever un coin du fatras ambiant, de peur de tomber sur un nouvel assaut de chaussettes dépareillées...

-----.et voilà, une autre pause et votre mari ose vous contredire : il a profité de son vendredi et du fait que je n'étais pas là, en train de raler qu'il ne faisait jamais rien dans cette maison, pour ranger : pas de doudou sorti d'outre-tombe, mais l'impression d'un grand vide, qu'il manque : une affolante saveur d'embrouille et de désordre sublimante, une chaleureuse sensation de vie apocalyptique, même si à côté s'enfle une fierté de pouvoir ouvrir sa porte sans craindre que les gens s'effraient à la vue du capharnaum.

Je l'ai remercié (ou pas, parce qu'il m'avait enlevé des arguments pour défendre mon statut de femme frustrée), tout en réfléchissant aux objets que j'allais bien pouvoir laisser cheoir de mes mains sur ces plans trop nets.

(vous vous posez peut être la question de savoir en combien de jours j'écris ce billet, qui se perd entre pauses et méandres douteux d'une pensée habituée à jongler entre darwinisme fataliste, respirations dharmaniques (ou dramatiques), nihilisme salvateur et temps détroussé : plus qu'il n'en faudrait pour tenir en haleine fraîche) .

Le troisième enfant a jeté son dévolu sur un doudou banal, ceux sur lesquels est écrit "doudou" et qui présupposent que l'enfant doit obéir aux injonctions commerciales, un doudou dinosaure, bien moins joli que celui pour lequel j'aurai personnellement opté  : je ne sais plus  lequel, mais certainement un rose, tout doux, avec une coccinelle cousue dessus, comme celui que j'ai offert à ma dernière et qui l'a adopté, après que je l'ai couchée avec, tous les jours, toutes les siestes, tous les nuits, tous ses petits moments d'assoupissement et de réveil en sursaut et après qu'elle ait fini par comprendre que c'était lui ou je serai extrémement vexée, abattue, désespérée et prête à l'appeler l'Ingrate pour les restants de ses jours (à elle, car vu comme elle le matouille, le triture de ses petites dents, comme si elle en voulait à quelqu'un, ce doudou ne durera certainement pas au-delà de quelques semaines...mais j'ai tout un stock en réserve...Ha, Ha, Hargh...;pardon !). (au passage, je signale à ceux qui font une thèse sur les doudous et leur avenir que celui de mon troisième a disparu, comme par magie, dans la maison, comme s'il se prenait pour une chaussette)

Tout ceci pour dire....(à force de pauses et de disgressions, je ne sais plus si le doudou est un moyen pour arriver à une fin morale ou une fin franchement moyenne) que le doudou est une preuve d'amour (cela ne se voit pas trop que j'improvise...) que sa perte est difficile à réparer voire irremplaçable (jusqu'à la première console) et si ceux qui nous gouvernent se rappelaient leur doudou (non censuré), peut-être vivrions nous dans un monde rose, tout doux, avec une coccinelle cousue dessus, où régnerait la paix et l'harmonie (avec une pointe de désordre revivifiant pour continuer à récriminer contre son mari), y compris dans les chaussettes (qui ne doivent pas être mises à l'index, je le rappelle).

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