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je vis, je dis, je ris ...ou pas
23 février 2008

Jeudi 21 février 2008 : Hier, téléphone de la

Jeudi 21 février 2008 :

Hier, téléphone de la directrice du Centre de loisirs et rebelote : Hippolyte a encore fait des siennes. Elle veut me rencontrer ce soir afin qu’un contrat de civilité soit signé. J’opine, je suis une habituée : pas un directeur, pas un maître, que mon fils aîné a côtoyé, que je n’ai eu l’honneur de rencontrer en dehors des heures de classe, non pas pour parler de la supériorité de la structure linguale arabique sur la dialectique circonvenue de l’occitan, mais pour monologuer sur l’attitude provocatrice d’un délinquant en puissance. Je les écoute me décrire le fauve aux propos licencieux que je dois reconnaître dans mon petit garçon qui suce son pouce et embrasse son doudou avant de partir à l’école.

Les délits odieux commis par mon coupable d’avance fils :

-         avoir dit que le repas servi à la cantine était de la merde : quand mes enfants m’ont décrit ce que le cuisinier, dont j’avais salué auparavant l’effort, l’abnégation, le courage de servir sa tambouille à 40 estomacs courts sur pattes avec le peu de moyens qu’il avait à sa disposition, avait osé leur proposer (bouillie suspecte d’où pointés, dans le désordre, salade cuite, maïs crus, concombres immangeables même par ma fille qui, pourtant, admet aimait ça d’habitude), j’ai eu quatre réactions : - 1) respirer un bon coup pour résorber la nausée qui me saisissait 2)saluer à nouveau le cuisiner qui avait la témérité de revenir chaque jour alors qu’il desservait totalement sa profession ou au contraire, croyait la valoriser en essayant de rendre comestible ce qui devrait rester de l’ordre de l’expérimental 3)saluer les animatrices qui faisaient un travail demandant de l’endurance tant au niveau physique et moral et devaient avaler des mixtures proprement infâmes (ce qui expliqueraient leur colère quand Hippolyte aurait dit tout haut ce qu’elles n’osaient éventer de peur qu’on et elles ne se demandent pourquoi elles ne font pas plutôt caissières à Carrefour – personne n’aime voir l’empereur nu !) 4) soupirer de soulagement d’avoir passé l’âge des centres de loisirs car j’ai toujours la vision cauchemardesque d’œufs jaune pisseux, trempés dans une chevelure médusesque verdâtre que les monos appelaient épinards, qui revient régulièrement me hanter quand je ne suis plus sur le qui – vive (servis par un membre de la famille de celui qui sévit sérialement actuellement contre nos chérubins traumatisés ?)

-         avoir refusé catégoriquement d’aller en randonnée alors qu’il s’était inscrit pour une sortie neige. Mais 1) on ne peut rien pour influencer la météo, quoi qu’essaye de nous faire croire les types qui gesticulent tous les soirs, en lançant des incantations incompréhensibles du commun des mortels, devant une carte mystérieuse, floutée, fétiche de notre France. 2) Si tout le monde faisait comme lui, autant que le centre flambe et qu’un feu de joie soit organisé. Si les animatrices se décarcassent pour trouver un palliatif aux manquements impardonnables de la météo, ce n’est pas pour être em…par des petits capricieux, trop imbus d’eux – mêmes pour se rendre compte des sacrifices que l’on fait pour eux (comme de manger de la bouillie ignoble) 3) c’était une marche de 6 km, pas de quoi fouetter un gamin qui grommelle tous les matins et sautille tous les soirs sur le trajet de 3 km qui mène ou éloigne du collège 4) pour une fois, pourrait pas faire ce qu’on lui demande !

-         s’être moqué d’une petite fille qui s’agrippait à son doudou ; la petite fille a pleuré, s’est plainte à la maman, qui a menacé de ne plus la mettre au centre. Celui qui ne s’est jamais moqué de plus petit que soi lui jette la première pierre. Tous les gamins passent par cette phase où ils se vengent des brimades reçues quand ils acquièrent un statut de plus grand. Ce n’est pas une excuse, et la petite s’est certainement sentie humiliée ; elle était fragile, n’a pas su se défendre et s’est réfugiée dans les jupes de maman. Mauvais début comme tortionnaire, il a choisi sa proie juste quand la maman arrivait. Mon fils a subi des assauts lui aussi à chaque fois qu’il est arrivé à un nouvel endroit. Pour quelques uns, j’ai pu intervenir parce que j’étais présente. Pour d’autres, il s’est défendu, il s’est endurci, il a répondu. Quand nous avons emménagé, il passait en CE1. Il m’a dit qu’ils s’étaient pris à 4 contre lui et ma boule de nerfs de fils en est venu à bout tout seul. D’où sa difficulté à se tourner vers des adultes et à ne pas défoncer son adversaire, parce que l’adulte n’est pas toujours là et ne sera pas toujours pour lui.

C’est un grand timide qui contrôle énormément ses émotions et quand sa carapace explose, il peut devenir très brutal.

C’est un grand timide qui ne sait comment entrer en relation avec les autres, qui fait le fanfaron, et cherche tous les moyens pour les mettre dans sa poche, quitte à s’en prendre à plus petit.

C’est un grand timide qui me fait rencontrer beaucoup de monde avec qui je préférerais nouer des relations plus distantes et l’impression qu’il est un cas qui menace l’espèce humaine, et qu’une place lui est déjà réservé dans un centre de rééducation parce qu’il est marqué par le sceau du père absent et de la mère dépassée.

Je trouve qu’on le condamne rapidement et que d’autres enfants font des choses pires ou égales aux siennes mais comme ils ont un père qui peut les menacer, ils pensent que ce n’est que passager et qu’ils ne deviendront pas de grands délinquants. Je vois dans le regard qu’ils portent à Hippolyte de la pitié mais aussi un certain fatalisme, que c’est couru d’avance, avec son patrimoine familial, il finira mal, même s’il a des qualités certaines. Il exprime un mal être mais il sourit, il joue, il rit aux éclats, il aime, il n’en veut pas à la terre entière. Il se rebelle et veut s’imposer en tant qu’être humain. Il tâtonne, il commet des erreurs, mais comme tout le monde, il ne fait pas le mal pour le mal, il sait s’excuser (difficilement il est vrai), il cherche sa voie et sa voix. Il est très pénible, voire insupportable. Il est précoce dans sa crise d’ado mais en retard côté maturité. Il sait être tendre, câlin, injurieux, agressif. C’est mon fils et je le prends comme il est (même si parfois j’en prends plein la figure).

vendredi 22 février 2008 :

Et j’en ai pris une bien forte, hier soir, en allant le chercher, persuadé qu’il s’était amendé et dans l’attente de compliments sur sa bonne attitude. Sauf qu’il était encore puni, pour avoir importuné un petit garçon (lui avoir caché ses chaussures parce qu’il les empêchait de jouer et détruisait leur cabane), pour insultes (orales et écrites) envers les animatrices du centre. La directrice a du prendre la décision de l’interdire de séjour au centre à l’avenir et vendredi, il serait tenu à l’écart, comme un paria, un microbe contagieux, de ses camarades.

Je me sens lasse, vidée parce qu’il m’avait promis d’être sage, qu’il m’a trahi, menti (il a amené sa DS en cachette alors qu’il m’a même fait fouiller son sac pour que je m’assure qu’il ne m’avait pas désobéi – sauf qu’il l’avait cachait dans un tuperware où je pensais qu’il avait mis des céréales pour son goûter). J’ai pleuré quand je l’ai vu tout seul, dans une pièce, où une animatrice essayait de le faire s’expliquer. Cela ressemblait – il à un parloir ? J’ai craqué, l’ai giflé. Je me sens impuissante parce qu’il est si gentil, si charmant quand il veut, qu’il est en train de se faire du mal, de se détruire. Au centre, il s’est enfermé dans un rôle de Caïd, du grand qui s’oppose aux adultes et comme il a été sermonné devant d’autres enfants, alors qu’il pensait être dans son bon droit (justicier contre l’envahisseur), il a pris l’étendard de l’offensé et s’est laissé emporté par sa colère. Il ne pouvait revenir en arrière, s’excuser pour ne pas s’humilier parce qu’il était celui qui osait et il a sorti les injures les plus dures qu’il connaissait, parce qu’il savait qu’il s’enfonçait mais surtout ne pas reculer, offrir aux autres sa force, son courage, sa rage, sa haine.

Avec mon mari, nous nous sommes encore chamaillés parce que pour lui, Hippolyte a eu trop de chances et qu’il ne changera pas. Moi, je le défends encore, veut y croire sans espérer grand-chose, juste qu’il aille bien, se sente heureux et arrête de s’en prendre au monde entier (sauf à son père).

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