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je vis, je dis, je ris ...ou pas
5 mars 2008

Nous sommes dans un monde de réseaux et j’ai été

Nous sommes dans un monde de réseaux et j’ai été déconnectée. Je plane dans le vide intersidéral, le cordon ombilical me retenant à la station J ayant été rompu. Allo, le serveur ne répond plus ! Je n’ai plus accès à mes données professionnelles comme personnelles, la sphère internet m’est interdite. Je suis un paria, bannie dans un monde de sauvegarde, un petit îlot sorti d’une clef USB, sans autre lien que le devoir de rester attelée à mon bureau - dans l’attente d’hypothétiques réparateurs qui, tels des médecins de Molière, proposeront la pose de sangsue pour cacher le fait qu’ils sont à ce poste par le hasard des jeux de chaises ou, plus sincèrement, avoueront leur impuissance et me laisser face à mon écran plat.

J’avoue : j’ai mes documents pour travailler, mais mes coupures internet me manquent, mes échanges outlookiens aussi – dire à mon mari que je l’aime ou qu’il n’oublie pas de chercher le pain – recevoir des vidéos loufoques à la vue desquelles je fais semblant de me marrer parce que je n’y comprends goutte faute de sons ou faute de sens de l’humour en adéquation avec celui du réalisateur et de l’envoyeur (qui, parfois, n’en a pas non plus mais est, par contre, doté d’un esprit d’emmerdement maximum de proies faciles) ou faute de cerveau ramolli parce que je m’en souviens encore vu que cela ne fait que la vingtième fois qu’on me l’envoie.

Un ordinateur vous manque et tout est dépeuplé. Bon, pas tant que ça, parce qui dit bureau, dit collèges et qui dit collègues dit commérages et crêpages de chignons. Pas besoin de haut parleur pour entendre des échos. Pas besoin de moniteur pour être prise dans un réseau d’embrouilles. Pas besoin de clavier pour taper sur son confrère. Pas besoin de souris pour se glisser dans de bonnes grâces.

Même moi, qui me voudrais neutre, placide, à l’extérieur de toute implication arbitrale partiale et sifflante, je suis surprise de voir jaillir de ma bouche minaudante une langue fourchue et gonflée de sous – entendus perfides. Comment regarder mon fils en face et lui dire de se comporter en grand quand on voit comment gesticulent des adultes peu consentants ? Déjà qu’il s’émeut aux larmes lorsqu’il entend l’annonce qu’un bébé de 1 mois est mort lors d’affrontements meurtriers et tel un justicier voulant réparer tous les torts, s’arme de son indignation pour éteindre rageusement la radio. Que penserait – il face au monde de l’entreprise où des employés modèles s’empoignent, se dénoncent, se boudent, se lamentent, se rabibochent, se déchirent, s’envient, se médisent, se jalousent, s’épient et se sourient aux anges au cours de repas conviviaux (sauf quand on choisit le seul restaurant cuisinant exclusivement à l’huile d’arachide, excluant d’office celle qui y est allergique et qui y voit un acharnement contre sa personne, créant une tension entre les meilleurs collègues de l’entreprise ! Tout se terminera bien, même si des pleurs seront versés….Ah, la société du travail est vraiment une belle famille impitoyable …euphémisme me diront certains !).

Après de bonnes vacances reposantes (exceptées pour les meubles qui ont reçu les visites nombreuses et impromptues du front de mon petit dernier, pourtant déjà fortement doté au niveau crânien), nous avons donc chacun regagné notre gagne pain, bien que mes enfants n’aient pas encore bien compris l’intérêt de l’école, si ce n’est qu’on peut y jouer avec des copains mais qu’après tout, ils pourraient venir à la maison, cela éviterait d’affronter le froid polaire qui vient nous rappeler, ah, ah, ah, que l’hiver n’est pas terminé !

Pourtant, hier encore, mon fils et moi avons affronté l’épreuve éprouvante de la réunion profs - parents où passées les quelques secondes d’identification du gosse (et de la mère pour reconnaître qu’elle correspond bien au pire auquel on s’attendait – j’avais mon blouson Minnie, je cherche aussi ! Il faut dire à l’actif des professeurs que j’ai rencontré qu’ils ont tous rapidement reconnu Hippolyte,(dois je en être fière, vu que ce qui est ressorti de la discussion ce n’est point son excellence dans le travail et sa bonne attitude fortement commentée par ses camarades, n’hésitant pas à la rapporter), sauf le prof de techno qui peut bien rester dans sa m… avec sa matière de zut qu’il enseigne et qu’après la petite minute passée avec lui, j’ai compris l’aversion que mon fils avait pour lui et j’ai eu du mal à l’encourager à persévérer – non pas dans son antipathie, mais à s’intéresser à cette matière, malgré le lourd handicap constitué par la personnalité de l’enseignant), il s’agissait de combler le silence gêné par des injonctions à mieux faire, à se concentrer, à apprendre ses leçons. Le pourquoi de ses efforts n’est pas trop ressorti, mais tu discutes pas, mon fils, tu bosses et puis comme tu rechignes, allez à l’étude du soir le lundi et le jeudi, le devoir te rentrera dans le cerveau, même à l’insu de ton plein gré.

Jeudi 6 mars 2008 :

Toujours hors d’atteinte de toute influence commerciale et de tout présupposé sur l’impuissance de mon mari : pas de spam publicitaire ou racoleur, pas de viagra vengeur ou de penis dans l’attente de money, pas de promotion exceptionnelle réservée à tous ceux qui ont bien voulu s’inscrire sur n’importe quel site vampirisé, pas de demande urgente de tableau à remplir pour la veille, pas de nouvelle de la sciatique de la tante Andrée, pas de message d’ebayeur impatient de lire mes évaluations littéraires (genre bien reçu, merci, et t’as de la chance que je sois gentille et que j’aie la trouille que tu me mettes en retour une éval négative, parce que, franchement, ton pull, c’est pas une serpillière, c’est un paillasson à décrotter les pattes de chien et que quand tu disais taille 36, fallait lire « tailler pour 36 ») , pas de concours pour gagner 1 voiture en répondant à la question « combien d’internautes vont se fâcher à vie avec leurs amis en leur envoyant une invitation à participer à ce concours ? », pas d’invitation envoyé par un « ami » à souscrire à une newletter pleine de bons plans pour dépenser mieux, pas de proposition alléchante pour un crédit renouvelable jusqu’à la case endettement, pas de Kevin Feldwin, de Steven Hugman qui sont falling in love to me, pas de message d’alerte parce que mon abonnement au magazine « Belle en plein phare » va arriver à son terme alors que cela ne fait qu’un mois que je viens de le souscrire pour un an, pas d’envoi par ma belle mère de photos jaunâtres et floues, sur lesquelles mes enfants ressemblent à des grenouilles hilares aux yeux rouge. Bref, pas d’indésirables ni même d’attendus qui me font croire que ma petite vie est une aimable cible autour de laquelle gravite une pléthore de gens passionnants et pleins d’attention – qui flèchent mon destin vers la certitude que seule confère la consommation : si j’achète, c’est que j’existe - ou que ma carte bancaire est reconnu par le réseau, et là je suis hors circuit, l’angoisse quoi !

Je veux recevoir des emails, comme je veux que ma boite aux lettres regorgent de courriers qui distinguent mon adresse, clament mon nom et me détachent du vide. Je veux une vie sociale, ne plus tourner en rond sur moi-même et pouvoir me plaindre des problèmes des autres, même déplorer être noyée sous une avalanche de prospectus. Je veux peut être surtout du boulot pour m’occuper parce que là, je radote vraiment et que même les barreaux ne vont pas m’empêcher de sauter par la fenêtre pour m’évader de ce quotidien de vacuité. La vie même virtuelle me ferait du bien.

vendredi 7 mars 2008 :

Une nouvelle adjointe a demandé son affectation à l’établissement parce qu’elle trouvait pénible l’atmosphère dans son emploi. Elle est arrivée lundi et veut déjà repartir. Toujours prendre en compte le proverbe « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». On peut toujours trouver pire et là, je crois qu’elle est tombée sur une ambiance délétère : pas de bureau, pas d’ordinateur, une gueguerre pour occuper un poste mal défini et elle s’est retrouvée à taper, dans une salle de réunion vide et froide, un règlement intérieur qui est revisité toutes les 5 mn, toujours corrigé (corrections majeures apportées par le Chef : mettre des majuscules aux mots….peut être, pour attirer l’attention du lecteur qui s’est endormi dés la seconde ligne, mais se réveille intrigué par la présence d’une majuscule au milieu d’une phrase alors que rien n’annonçait sa venue, alors le cerveau se met en branle afin de découvrir le sens caché du mot ainsi souligné, son importance certainement primordiale qui justifierait son effort à continuer cette lecture harassante, et qui finit par rageusement fermer ce truc effrayant parce que ce V à Visiteur, ça agite trop ses peurs enfantines) et jamais achevé : une tâche de zut quoi ! Je lui conseillerais de retourner d'où elle vient mais comme là aussi elle subissait un problème d’harcèlement moral hiérarchique, peut être faut – elle qu’elle s’accroche jusqu’à ce que notre chef soit remplacé par un homme capable… Les proportions étant faibles que cela arrive, vu les capacités moyennes d’un chef standard….

Personnellement, je prospecte auprès des autres administrations pour m’informer si l’une d’elle pourrait m’accueillir. J’ai soupé de la P et je suis prête à gagner moins pour travailler mieux. Oui, M. Sarkosy, il n’y a pas que l’argent comme motivation, le plaisir de bien faire, la joie d’être utile et d’aimer ce que l’on fait, d’être reconnu dans sa fonction sont aussi voire plus importants que quelques primes versées pour assommer vos revendications à la considération et au respect. Le maire de M., celui qui nous a invité à la garden party de l’Elysée, frappé par la prestance de mon mari (et ses bras costauds) (invitation que nous avons dû décliné pour rester en convictions idéologiques….et ne pas se faire traiter de « casses toi, pauvre con » si nous avions osé ne pas savourer les petits mots du président), m’a gentiment appelé pour me signaler qu’une SA serait à la retraite l’année prochaine et de réitérer ma demande, sachant cependant que la politique budgétaire du gouvernement ne va pas dans le sens d’un remplacement systématique des fonctionnaires usés, ayant fait leur temps….bien que, vu comment les jeunes sont usés dés leur début de carrière, déjà par la réalité du service public, qu’ils n’avaient pas imaginé si peu ouvert sur l’extérieur et si hiérarchique avec une propension à favoriser le public personnel et haut placé, si en plus, on leur rajoute le travail des retraités, qui eux au début de leur carrière n’étaient pas embêtés par tout le tintouin informatique soit disant créé pour faciliter les tâches mais qui oblige à quantité de doublons, le fonctionnaire, si c’est encore possible, va encore connaître une chute de sa popularité !!!

lundi 10 mars 2008 :

Toujours pas de CLI en vue. CLI = chargé local informatique, sauf que le local n’est pas toujours localisé : ils sont trois ; sauf qu’ils n’ont souvent aucune formation informatique et, lorsque par une chance extraordinaire, votre chemin croise un CLI juste au moment où vous avez besoin de son assistance (car bizarrement aussi, vous ne les voyez jamais autant que quand tout fonctionne), souvent, vous avez le droit à toutes sortes de moues dubitatives, à « je vais appeler la DR » et une disparition en bonne et due forme, avec oubli instantané de votre existence jusqu’à ce que vous osiez vous manifester à nouveau pour être reçu comme un éléphant dans un congrès socialiste.

Le non - accès à internet est aussi une attaque à mes droits civiques. Je ne peux connaître les résultats aux élections municipales, dans ma ville, dans ma région, parce que je ne suis pas dans une région qui intéresse les médias(le journal ne me parviendra que tard cette après – midi car il est destiné à la bibliothèque, mais doit auparavant passé par les mains de tous les volontaires à leur censure personnelle, qui se résume souvent à vérifier qu’aucun avis d’obsèques ne les concerne), sauf en ce qui concerne une ville en particulier dont le nom a surgi régulièrement du fait qu’elle a été assiégée et remportée par un représentant de l’équipe Sarkosy : c’était son seul actif au type, être de l’équipe à Sarkosy et s’opposait à la vague supposée irrésistible de l’opposition – dans six ans, Sarkosy n’étant, il faut l’espérer, plus au pouvoir, son nom devra reposer sur son bilan et hors caméra.

Les obscurs notables, les sectaires agriculteurs, les justes bâtonniers, les prudents médecins, les zélés fonctionnaires, les uniques mandataires n’intéressent que ceux qui votent pour eux et ne prennent part à la Politique que par leur étiquette (les sans étiquettes n’ayant aucune subtilité ni civilité).

Mon fils veut savoir le score de son favori - car il a fait son choix, en toute impartialité malgré le fait qu’il entende à longueur de journée - et les a parfaitement intégrés, ruminés, régurgités - toute ma rancœur et mon acerbité contre un président qui parle de réforme, comme on parle d’un sandwich au thon (malgré le fait que son extinction promise risque de perturber durement la chaîne alimentaire) vite digéré et éliminé. Pas de réflexion, de l’action, des scoops et pas de fond (sauf dans les sondages)…mais c’est trop facile de vilipender le président à l’heure où tout le monde le fait….mais ça fait du bien ! Il a donc opté pour un candidat de gauche, barbu et dont le nom ressemble à une célèbre marque de bonbon suisse – le slogan est ainsi tout trouvé.

C’est vrai qu’un enfant n’est au départ que le miroir de ses parents. A l’adolescence, il se met à réfléchir et n’a plus besoin de se regarder dans les yeux de ses ascendants. Par exemple, mon père serait un des derniers bastions à voter pour l’extrême droite – idées qu’il a mitonnées alors qu’il travaillait au service des étrangers de la sous - préfecture. Mais autant en politique, il est facile de se détacher autant la religion est plus profondément ancrée par une litanie répétée dés la petite enfance. On peut se déclarer athée et garder une certaine crainte lorsqu’on franchit le seuil d’une église ; et toujours garder une once d’espoir quant à ce qui pourrait arriver après le terme ultime. Les curés savent vous ancrer des valeurs malgré vous et là je pourrais rejoindre Sarkosy en soulignant qu’un professeur ne parvient pas, lui, à inculquer des valeurs morales avec une telle force qu’une église sombre égayée par quelques cierges entourant une statue mortifère. Est-ce la foi qu’il lui manque, la croyance que son action peut rendre le monde meilleur ? Cependant, demandez à un curé d’expliquer à des gamins assommés de dessins animés que le participe passé se conjugue avec le COD, quand il est placé avant le verbe avoir et, soutane ou pas soutane, sa classe deviendra vite un enfer survolé par des blasphèmes et des demandes d’expiation. Moi, j’ai adoré le catéchisme parce qu’il y avait de belles histoires, de magnifiques métaphores et un message de tolérance, de partage et d’espérance (que j'ai sciemment oublié depuis). J’en ai soupé passée ma communion parce que l’abbé ne voulait nous garder qu’à coups de gâteaux et de promesses enjolivées. J’ai adoré l’école parce que je pouvais y raconter de belles histoires, résoudre de magnifiques équations et que je suivais le message de « ais des bonnes notes et tais toi ». J’en ai soupé parce que, malgré tous mes diplômes, je ne savais rien faire. Au final, j’ai gardé en mémoire quelques scories des leçons de chaque enseignement, quelque reste de savoirs épars qui se délitent au contact d’un réel sans cesse questionnant, beaucoup d’angoisse que ressasse mon corps sur la douleur de vivre, de mourir, de travailler, de s’ennuyer et de disparaître sans laisser de trace.

mercredi 12 mars 2008 :

Hier, une journée déplorable, qui vous remue les tripes, vous fait bouillir et sortir de la vapeur des yeux. Je me suis pris le bec avec une adjointe, secrétaire, dans les papiers du Chef parce qu’elle est sa perfide Albion, qui le câline dans le bon sens du poil en dénonçant les autres, qui, après plus d’un an qu’elle travaille à l’établissement, se replie encore derrière son inexpérience (dans le privé, au bout de deux mois, tu sais pas faire, tu gicles !), ne se remet pas en cause mais accuse sa collègue du travail qu’elle n’a pas su exécuter. Bref, le ton est monté parce qu’elle m’a pris à parti alors qu’elle avait un témoin, que je suis sensée être sa supérieure hiérarchique et qu’elle ne daigne pas venir me saluer les matins, trop occupée à faire briller les chaussures de son Chef bien – aimé. Bien sûr, elle a pleuré et s’est fait passer pour la pauvre petite victime d’un harcèlement d’hostilité. Elle soutient qu’elle a été mal accueillie, que nous la jugeons sur sa tenue vestimentaire, mais pour faire une critique esthétique, il faudrait d’abord l’apercevoir, mais elle ne franchit l’algeco qu’à contrecoeur, pour ne surtout pas se polluer auprès de gens qui salissent la réputation de son patron chéri et que ce dernier ne craigne qu’elle fasse parti du clan. Et rabaisser mes critiques à un point de vue physique, c’est ne pas reconnaître que professionnellement, elle fait montre de peu de compétences et qu’elle mérite amplement qu’on la remette à sa place.

Après cette incartade, j’étais moi – même très perturbée, car elle va cracher le morceau à son biquet de supérieur et je vais en prendre pour mon grade (que je n’occupe guère, vu qu’il me maintient à un niveau subalterne, certainement parce que j’ose m’opposer aux conneries qu’il peut débiter à longueur de journée). Et le pire, je vais encore m’emporter et dire mes vérités sur cette personne, ce qui ne va pas arranger nos relations…. qui sont au point mort de toute façon. J’étais au bord des larmes, pour tout dire et j’allais craquer, alors que je me refuse, moi, à passer pour une victime, à montrer que je peux être touchée, que ma carapace est fragile, lorsqu’un coup de fil bien opportun à retentit dans le bureau.

C’était l’école de ma fille. Une animatrice m’annonçait que ma fille se plaignait d’avoir mal au cœur. Elle racontait que la douleur durait depuis 7 jours mais qu’elle n’avait pas pensé à me la signaler. Elle me passe ma fille. Je lui demande si elle se sent bien. Elle me répond « pas trop ». « Tu veux que je vienne te chercher ? ».  « Je ne veux pas te déranger. »  « Bouges pas, je viens te chercher. » Dans d’autres lieux, après d’autres moments, je lui aurai conseillé de se reposer, que le mal allait passer. Mais là, j’ai sauté sur l’occasion pour m’éclipser de ce boulot de crotte. J’ai pris mes affaires et je suis partie en déclamant que je ne savais pas si je reviendrais un jour (bon, à l’heure actuelle, je suis à nouveau en train de me lamenter, dans mon algeco qui sentait ce matin les poubelles non vidées depuis 5 jours).

J’ai récupéré ma fille toute chétive, qui m’a tendu sa main toute chaude. J’ai pris sa température : pas de fièvre. Je prends rendez – vous chez le médecin pour 17h15. Elle est allée dans sa chambre. Cela ne lui ressemblant pas, je me suis inquiétée et je lui ai proposé de descendre sur le canapé, que je puisse la surveiller. Puis de se coucher dans mon lit pour se réchauffer. Puis de retourner jouer dans sa chambre, puisqu’elle n’arrivait pas à dormir. Au début, quand je lui demandai où elle avait mal, elle me désignait une grande zone partant du cœur jusqu’au bas du ventre. Elle avait ressenti une douleur comme si on lui enfonçait des couteaux. Puis la zone s’est mise rapidement à rétrécir, plus vite qu’une peau de chagrin, et la douleur à s’estomper.

Quand l’heure est venus d’aller chercher Marcus chez la nourrice , m’a accompagnée une gamine bondissante, toute pimpante et frétillante – Je pense que son mal de ventre provenait, comme souvent, du fait qu’elle n’avait pas mangé, devant attendre le second tour pour s’alimenter à la cantine. L’animatrice ne m’en ayant pas informé, c’est vers 15h00 que je lui ai fait à déjeuner, au moment où elle s’est souvenue que son ventre criait famine.

Nous arrivons chez la nourrice, sonnons, entrons. Dés que Marcus m’aperçoit, cela ne loupe pas. Il s’extasie sur le chien, comme s’il venait juste de le découvrir. Puis saisi au hasard des jeux pour ne plus s’intéresser qu’à eux et oublier mon existence. Puis court dans tout le salon pour m’éviter et se cogne la tête quand je le saisis enfin pour lui enfiler son blouson. Nous repartons et rentrons à la maison. Marcus se met à hurler parce qu’il veut rester dehors. Il pleut quelques giboulées légères, je le laisse jouer dehors sous la surveillance de sa sœur. Je prends le carnet de santé, un livre, mes clefs. Nous montons dans la voiture chercher Hippolyte qui revient du sport. Il a fait du basket et, d’après la prof, il est trop fatigué pour faire du badminton. Ah, je vais donc aller au docteur avec les trois. Mais il n’est que 16H30 et je ne veux pas arriver trop tôt au cabinet qui est juste à côté. Cependant, j’ai trouvé facilement à me garer, si nous rentrons, puis revenons, je ne suis pas sure de connaître la même chance.

Marcus est intenable. Il ne veut pas que je le prenne, est prêt à rentrer au collège, hurle pour que je le pose, ne veut pas prendre ma main et s’engage sur la route en toute quiétude. Je décide de l’amener au parc tout proche. Il s’extasie devant les cygnes, les canards, les jets d’eau. J’arrive à le canaliser et l’empêcher qu’il parcoure la pelouse en ébauche, qu’il ne passe à travers la barrière plus que sa tête. Mais l’heure approche, il faut se diriger vers le cabinet du docteur. Je le saisis et la sirène reprend. Nous parvenons chez le médecin à peu prés dans le calme. Nous montons les escaliers pour nous installer dans la salle d’attente. 6 personnes attendent et déjà, j’imagine leurs pensées lorsqu’ils me voient débarquer avec un, puis deux, puis trois gosses (l’un après l’autre car deux ont fait une halte aux toilettes) et je pressens qu’ils pressentent que leur tranquillité est terminée.

Le seul jeu disponible distrait Marcus 10 mn. L’heure de notre rendez – vous arrive. Mais le médecin appelle une autre personne. Hippolyte est plongé dans les « Elle » en train de chercher son horoscope de la semaine. Marcus ne tient plus en place. Il veut descendre. Je le suis jusqu’au rez de chaussée où la secrétaire me signale de ne pas rester dans l’escalier. Je ne vois pas en quoi je gène, puisqu’il n’y a pas de circulation. La secrétaire (décidément, j’ai vraiment un problème avec les secrétaires aujourd’hui) aimable, s’adresse alors à une petite vieille, qui opine trop heureuse de participer à la flagellation, « si tout le monde faisait ça. » Je ne suis pas tout le monde, je suis la seule à attendre un docteur en retard avec un bambin de 18 mois, qui ne comprend pas pourquoi on reste enfermé. A ce moment, arrive une patiente qui se fait gronder parce qu’elle arrive après l’heure de son rendez vous.

Moi, je remonte péniblement Marcus dans les hauteurs. Il crie, trépigne, veut descendre, partir, s’en aller. J’essaye de le calmer comme je peux. Je stationne dans le couloir alors qu’une affichette préconise le contraire par mesure de discrétion. Mais si j’entre dans la salle d’attente, combien de regards vont m’assassiner. Et je peux vous certifier qu’avec un gamin hurleur, on n’entend absolument pas ce que peuvent s’échanger un professionnel de la médecine et son client. J’entre dans les toilettes pour lui laver les mains, cela l’amuse. Mais j’ai l’idée de vouloir faire sécher ses mains sous le souffleur. L’air sort à toute bringue et lui tord le visage. De peur, il se remet à brayer. Je n’en peux plus, Hippolyte dit que, si dans 5 mn le docteur ne vient pas chercher Octavia, il s’en va. Heureusement, son décompte est lent et 10 mn après, il menace encore de rentrer à pied à la maison. Je bougonne, rouspète contre les secrétaires peu tolérantes, les docteurs en retard, le manque de jouets pour les enfants en bas âge (et les enfants tout court puisqu’il n’y a même pas un Mickey magazine mis à leur disposition) Enfin, à 16h45 passés, le docteur appelle Octavia. Et là, au lieu de s’excuser de son retard, il nous manifeste son énervement d’avoir du ausculter ses patients avec un bruit de fond assourdissant. C’est donc moi la fautive, moi qui ne peut promener mon enfant et doit le cantonner dans un couloir restreint, moi qui n’est pas d’autre solution que d’emmener avec moi 3 enfants que je m’épuise à divertir, moi qui pensait passer à l’heure. Il est vrai que mes enfants sortent toute leur panoplie de garnement dans le cabinet puisqu’ils se disputent une chaise, alors que le médecin a les nerfs en boule. Parce que moi, je suis calme et n’ait pas vécu un calvaire à attendre plus que je n’aurai du !!!!! Je ne peux m’emporter, lui rétorquer mes 4 vérités puisque j’ai besoin qu’il me dise de quoi souffre ma fille. Je me contente de souffler bruyamment et de lui jeter un regard froid.

Le docteur s’apaise parce qu’Octavia lui pose pleins de questions pour comprendre ce qu’il fait, pour finir par lui demander ce qu’il a fait le premier jour où il a commencé à exercer. Elle s’embourbe en l’interrogeant sur le comment il a appris à utiliser la souris. Tout ça pour cacher qu’elle n’a rien et que sa douleur était un peu jouée. Le médecin ne décèle aucun problème, juste un début de pharyngite – mais j’ai du mal à lui faire confiance, car ma décision est prise. Je ne remettrais plus les pieds dans ce cabinet. Cela ne va pas les mettre en faillite, ils ne vont même pas se rendre compte de ma disparition de leur fichier. J’irais chez la pédiatre la prochaine fois, au moins là ils savent que les bébés ça bouge, ça émet des bruits aigus ; en plus, il y aura pleins de jouets pour les occuper ¾ d’heure si jamais elle devait avoir du retard (ce qui arrive, mais c’est gentiment fait).

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