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je vis, je dis, je ris ...ou pas
5 janvier 2009

l'an nuit

Me voici installée dans mon nouveau bureau et comme prévue, accueillie par personne (qui est hélas une connaissance souvent utilisée pour déresponsabiliser quelqu’un), j’attends que l’heure tourne puisqu’il serait mal polie de fouiller dans les dossiers du bureau à côté où un adjoint veille mais ne sait rien…mais voudrait bien savoir…mais ne peut point…et moi j’suis la bonne du cul sur la chaise…..

Je n’ai même pas d’horloge à laquelle accrochée mes yeux hagards qui martèlent les murs trop verts de gris de leurs cils craintifs, apeurés et effarouchés tels une biche qui chercherait de tous côtés le chasseur qui va lui loger dans ses oreilles trop tendues la prochaine balle de sarcasme. Non pas le « Alors heureuse » qui vient après une réunion de membres consentants, volontaires, prêts à faire un pas en avant, voire en arrière si le terrain est propice (loin des prés où les puces grouillent à mordre toutes les parties) ; mais le « Alors, ça rentre ! » lancé par un directeur qui ne comprend pas que même, si je ne suis pas vierge, sans graine il n’y a pas de semence et mon savoir restera une faux sans blé, si ce n’est celui que je récolterai à la fin du mois, fin qui risque de mettre un certain temps à s'apprécier vu la lenteur à laquelle se permutent les chiffres en bas de mon écran, chiffres qui daignent à grand peine, lorsque je me jette sur eux, m’annoncer qu’une minute s’est écoulée depuis ma dernière tentative de sauvetage de mon ennui mortel, d’où peut être une fin plus rapide si la vue de cet écran que je peine à noircir finit par transpercer ma carapace de tolérance à la vacuité.

Attendre jeudi et espérer l’offrande d’un attaché qui sait se faire désirer… .J’ai passé presque une heure à lire un dossier égaré,  sans y trouver comme intérêt que celui de me distraire un temps des chiffres fatidiques qui me fatiguent à me livrer à l’épargne forcée de mes énergies mais non à celle de mes pensées qui se dépensent sans solde ni dividende et courent après un fil à suivre, à découdre, à fricoter, à ferrer, à arianer même sans thèse, sans gourou, juste pour planer, à défaut de pouvoir surfer puisque toujours cet écran maléfique est placé de façon à être le premier objet sur lequel l’intrus (ou le bienvenu c’est selon ses motivations, ses propositions et son pouvoir d’attraction ou son pouvoir de direction, alors dans ce cas si je suis surprise dans une position ordinatique peu convenable, je ferai mauvaise impression…) se voit obliger de poser (plus ou moins lourdement) son regard (mais souvent, peu importe comment est situé l’écran, le malveillant (mais bien voyant) finira toujours par s’approcher suffisamment de vous, sous le prétexte de poser sa main protectrice sur votre épaule affaissée (pas de votre faute si le fauteuil n’est pas réglé à votre petite taille), afin de pouvoir capter sur son orbite l’image à diffuser ou non….)

Encore 10 mn de gagnées à créer des dossiers dans outlook : ils se sont greffés (sans rejet ce qui aurait pu m’arranger pour un peu mieux les organiser) au bonheur la chance (Ah le bonheur d’une journée de vacances que l’on peut passer tranquillement à noircir son écran en déblatérant au hasard de ses pérégrinations oisives sur le temps qui passe inexorablement, fatalement et avec de la chance jusqu’à atteindre une heure suffisamment tardive pour se permettre de quitter son bureau sans paraître n’avoir rien foutu de la journée si ce n’est donc noircir fastidieusement une toile avant de s’en jeter une pour le déjeuner…ouah, midi !!!! Il existe donc une apothéose dans mes réflexions crépusculaires (qui atteignent à peine l’aube d’un premier communiant cherchant son cierge dans le bénitier où l’a plongé sa perplexité à croire que la foi ne prend pas de « e » et que le foie ne se reprend jamais deux fois…)

Que vois – je à l’horizon, si ce n’est des murs sales à travers des barreaux horizontaux (qui ne se croisent jamais mais qu’aurait à dire un barreau à un autre barreau, si ce n’est une histoire d’avocat…Pourquoi horizontaux ? les verticaux ne se croisent pas plus. Cela doit être une question de ligne….) ? Un ballon juché sur un grillage, tel un coq ayant perdu sa superbe d’avoir chanté le soleil une heure plus tôt, pour n’avoir pas réglé son réveil sur le mode hivernal, alors que déjà ses rayons sont aussi efficaces que les aiguilles cachées dans ma honte d’horloge manquante (j’en deviens imbue du cumulus), à tel point que la seule différence entre le jour et la nuit, c’est le niveau sonore de la pub (après 20 h, la France va moins aux toilettes). Deux bouteilles d’eau qui ne se sont pas dégonflées à essayer de le dépercher mais n’y ont gagné qu’un point de vue au dessus de la ligne de flottaison.

Mon ciel nuageux et froid m’apparaît entrecoupé comme si une fouille archéologique allait être organisée. Dans quel carré vais – je trouver la mandibule droite de la licorne U (toujours accompagnée de son petit commerçant) qui combattit loyalement au côté du géant Gun, le tueur des fanfarandelles (êtres de 156 cm hantant les couloirs internes des pavillons sourds à toute piraterie), du sorcier Mormon (qui doit son nom à sa propension à se prendre les pieds dans ses jupes), de la fée Garalafam (au caractère bienheureux sauf tous les 28 du mois où elle se transforme en menstruelle et là, ça fait mal !) et du guerrier Bientôt 16 Eure de l’Hasprée Midi Hipipipoura ?

Telle Anne qui ne voit rien venir, j’attendois le chevalier qui devoit m’escorter à l’intérieur de la tour d’argenterie mal vinaigrée, devenue mienne demeure sacerdotale (je ne dirai pas moniacale vu que si je m’y sens en retrait, la retraite enterrera mes os) afin que j’en découvrisse la dédalesque grandeur, le gigantesque labyrinthe (je m’éreinte toute seule, d’abord). J’entendois des éclats mais point d’éblouissement. Ohoh, mon sauveur, où te caches – tu, toi qui as tant à me faire découvrir = une horloge branlante peut être, pour que le temps m’assomme pour de bon !

Voilà, j’ai fait mes petits tours. Monter, descendre, arpenter, soupirer, sourciller, approuver, sourire, beaucoup sourire, même quand un surveillant fait une lourde référence au suicide de celle qui m’a précédée, dont j’occupe le bureau et dont le fantôme, je l’espère, ne viendra pas me chatouiller sauf si c’est pour me permettre de passer gaiement les minutes restantes avant que je ne puisse franchir définitivement le portail d’un bleu azuré, unique teinte dans ce paysage lugubre pour certifier qu’un jour le ciel fut capable de l’inspirer, alors que cela fait depuis si longtemps qu’il pèse sur nos têtes, sombre et terne, tel un sibérien assoupi dans sa fourrure rêche, lui écorchant ses joues creuses, les doigts engourdis, serrés sur le goulot d’une vodka frelatée, dont seule l’odeur cinglante atteste qu’une vie s’agite sous ce silence….

Eh, si je ne fais pas attention, je vais dépasser mon heure, ce qui serait embêtant si cela m’oblige à  revenir en arrière.

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