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je vis, je dis, je ris ...ou pas
28 mars 2009

Pari que je n'ai pas dormi

Il est 5 heures, C. sommeille et je ferais bien pareil. Le doux traversin m'appelle et en peignoir je me gèle. Mais plane une légère odeur de vomi qui justifie le fait de n'être point endormie. Etre mère, c'est supporter d'être lestée d'un rejet d'oeufs pas frais ? tout en rassurant l'enfant hurlant que ce n'est qu'un mauvais moment que maman va s'empresser de soulager. C'est parler doucement , d'une voix que l'on n'entend plus souvent, qui fait peur à mon plus grand, parce que souvent ce sont les méchants qui enjolent tendrement. C'est s'en prendre au papa, qui a bien pris son temps, pour venir constater les dégâts. C'est le voir se sentir inutile et se recoucher bas profil. C'est cajoler, essayer de ne pas s'affoler, prendre la température, prendre la bonne mesure. C'est poser au petit des questions sans répit, pour savoir, juste pour savoir ce qu'il faut croire. C'est le coucher dans son propre lit puis accepter qu'il vous supplie d'oublier toute envie de rester dans vos plis. C'est le poser sur un canapé en espérant le calmer devant un DVD. C'est caresser son front, tourner en rond, lancer une machine, revenir en sourdine, l'implorer de regagner sa couche, le voir hoqueter de la bouche. C'est s'asseoir avec remord, inconfortablement sur un bord, pour attendre que ses yeux se ferment sur leur bleu et alors rester en plan, le géner en l'embrassant, boire un thé pour veiller, surveiller et surtout ne pas le réveiller. Sursauter à chaque bruit qu'il émet, lire, écrire pour ne pas s'endormir, voir s'écouler l'heure et écouter la ville sortir de sa torpeur.

L'avantage de passer une nuit blanche, c'est donc que je peux m'épancher sur ce blog de fort bon matin (bien qu'un peu frais, d'où la robe de chambre, l'affreux pyjama peluché pris en catastrophe suite à l'aspersion de ma chemise de nuit par un produit à l'origine bien tracée mais à déconseiller pour l'élevage) alors que chaque soir, je dois me lamenter car si je décide de m'atteler à la tâche (avec un accent circonflexe pour que le lecteur sache les efforts qu'il me faut déployer pour qu'il puisse se bercer ...  pardon se distraire - mais là, je n'aspire qu'à un somme et non atteindre des sommets de lyrisme - et non sans, sinon cela ferait non seulement tache mais croire que je ne tape que des pattes de mouche dont on aurait arracher les L pour qu'elles ne puissent prendre de la hauteur), l'écran lumineux et flasheux brouille mon cerveau et le repos nocturne me quitte, donc je passe une nuit blanche aussi, mais comme, dans ce cas, j'ai déjà soulagé ma verve, il ne me reste plus qu'à épancher ma vessie, ce qui n'occupe pas toute une nuit...

Cependant pour écrire, il faut avoir l'esprit clair ou du moins ne pas sentir tous les mots bisyllabiques vous échapper lorsque vous tentez de les extraire de votre fatras qui vous sert de cervelle mais qui ressemble, à cette heure, à un magma pesant, cognant contre votre boite cranienne, que vous souhaiteriez bien extirper, comme dans les dessins animés, pour 1) vous rassurer de sa grosseur vu que les quolibets de votre fils ainé concernant vos capacités intellectuelles vieillissantes commencent à entamer votre lobe parental, 2) constater que vous vous sentez moins bien sans donc qu'il sert bien à quelque chose, 3) le donner au musée des sciences suréalistes en gage de relique en  promettant au musée St Lazare de leur fournir celui de vos 50 ans, qui aura gagné en maturité (je n'appartiens pas aux Saints mais j'espère bien multiplier mes dons.)

Je connais mes limites. Par exemple, vous m'envoyez, dans le cadre de mon travail, acheter des pinceaux, des rouleaux et autres matériels nécessaires à un détenu pour remettre en couleur une jolie prison. Je me retrouve à déchiffrer des étiquettes qui ne me parlent pas ou qui annoncent des choses qui ne correspondent pas avec ma liste. Nous commençons par un discours de sourd et finissons sur un choix à l'aveugle. Je sais ce qu'est une queue de rat mais quand elle vous secoue qu'elle est spéciale glycéro ou agglo ou grosso modo, cela chauffe dans mon radiateur. Quand vous devez acheter un petit rouleau à long manche et que vous ne trouvez qu'un long rouleau à petit manche, vous vous sentez castor sur les bords du chapeau (célèbre comptine pour ceux qui ne comprendrez pas l'allusion qui n'en est plus une puisque je la souligne). Vous connaissez le papier de verre, dans votre souvenir, il était marron clair, s'abimer vite, vous râper les ongles avant de s'attaquer à la chair de vos doigts. Là, vous vous trouvez face à du papier de ponçage, du papier de finition qui ont tous un grain ! Vous vous en sortez indemne, vous tiquez bien devant le ticket de caisse, parce que vous avez une conscience même si ce n'est pas vous qui payez et vous êtes sûre d'avoir causé du rebut en plus d'avoir posé un début (un début qui peinera à trouver sa fin vu que la marchandise, achetée en urgence, traine encore dans le bureau : je ne vous fais pas un tableau, c'est une bonne peinture de notre administration.). Mais voilà, que vous vous trouvez face à des chariots détériorés, qui refusent de vous restituer votre jeton, souvenir du tour de France (le Faillitaire, bon investissement parce qu'en ce moment, la faillite c'est un sujet porteur.). Vous hésitez face à ce sacrifice mais ne pouvant raisonnablement, ni mettre le caddy dans votre coffre, ni vous triturez les méninges à théoriser une sortie de crise alors que vous êtes sur votre temps de travail et que votre fiche de poste ne stipule pas que vous ameutiez des banderoles pour réclamer le pouvoir d'acheter tranquille sans s'énerver sur un chariot à la manque qui préfére s'éloigner de la base au profit d'entrepreneurs imprévoyants et négligents (le lecteur qui pense que le chariot a un air de président se trompe, le chariot a du contenu lui au moins.), vous saluez votre jeton, gardant toujours en mémoire sa face diabolique et vous faites une minute de silence le temps que vous cherchez la clef de voiture dans votre sac décidément trop grand.

Parfois on se bat pour des cacahouettes. Moi, au boulot, je veux interdire les ventes de cacahouettes aux détenus qui veulent effectuer un parloir famille, c'est - à - dire recevoir une demi - journée, dans une petite salle dotée d'une télévision, d'un lecteur DVD, d'un canapé lit, d'une douche, leur petite femme et accessoirement leur(s) enfant(s). Et les enfants ne vont pas toujours rester tranquillement devant la télé pendant que papa - maman s'occupent, ils pourraient se jeter sur les cacahouettes (pas celles de papa, ne soyons pas vulgaire) et s'étrangler (ma fille de 8 ans s'est bien retrouvé à l'hôpital pour une graine de tournesol). Mais c'est difficile, à croire que nous touchons à un fondement (hum) de l'être humain, le mouvement perpétuel à la Jean - Claude Vandamme mais comme je serais chargée des commandes, couic, les cacahouettes (et Freud n'y est pour rien).

Il est 7 heures, le jour se lève et j'ai bien sommeil. Je ne peux encore poser mon dutronc sur un bon matelas et je vais exciter mes émois à l'aide d'un truc qui fait crambouhu, sans aller jusqu'au port de Tunis, ni jouer la fille de l'air, je vais arrêter de caqueter pour dire oui à mon thé tettley ambré au lait. Aujourd'hui, fête de ci ou fête de ça, ça sera pas ma journée !

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