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je vis, je dis, je ris ...ou pas
24 août 2009

Aaaaah la grippe

Comme tout bon mois d’août qui se respecte, les grands sont en colonie et comme tout mois d’août qui se respecte, je passe mes soirées à scruter le site mis en ligne par l’association en charge du centre à la recherche de nouveaux messages ou nouvelles photos à même de me rassurer sur l’état de bien être de mes chers monstres. Dés que je les reconnais sur une image, je m’inquiète s’ils ne sourient pas, je crains le pire si ma fille pose sans ses lunettes (les a-t-elle cassées ou a-t-elle un amoureux ?), suis aux anges si les vois arborer un grand sourire.

Ma fille a eu la bonne idée d’acheter une carte téléphonique et je sens une immense culpabilité si, le soir rentrée, je constate que le téléphone clignote désespérément pour annoncer qu’une fille, peut être en détresse, a appelé et mère indigne que je suis, je ne me suis pas assez pressée pour partir du boulot (ce qui est un comble pour une fonctionnaire qui passe son temps à analyser la vitesse à laquelle tourne une horloge) afin d’entendre sa douce voix me crisser entre deux coupures que « je m’amuse bien, bisous, je raccroche ».

Et puis un soir, Octavia m’informe qu’Hippolyte est malade. Comment ça malade ? Et là, elle me passe un Hippolyte tout affaibli qui me détaille tous ses symptômes. Il a la gorge en feu. Il a du mal à respirer. Et le téléphone participe à la crise d’angoisse qui prend soudain possession de ma personne. Il coupe la communication et je suis en train de hurler dans le combiné pour entendre l’agonie de mon fils. Il se reprend puis hachure un mot sur deux. Je trépigne « d’autres enfants sont – ils malades ? ». Je crois distinguer un oui laborieux. Je secoue le messager du malheur, je le traite de tous les noms pendant que mon fils essaye de m’expliquer qu’il a le front brûlant, qu’il n’y a pas d’infirmière à la colonie et que la directrice lui a juste prescrit de prendre du miel au petit déjeuner. Je vois déjà mon fils en quarantaine, mon fils, aux yeux vitreux, au visage tout blanc camouflé par un masque ostentatoire, mon fils sacrifié sur l’autel de la maladie faite fièvre médiatique. Et ce téléphone qui m’empêche de me consacrer aux dernières paroles de mon enfant, de le réconforter parce que je suis en nage à force d’essayer de décrypter la tragédie qui se vit par mes oreilles. Je regarde ce téléphone infâme, pauvre être abject qui me dégoûte par son peu de coopération, il ne tient son salut qu’au mince filet qui me lie encore à cette progéniture me suppliant de lui venir en aide. N’y tenant plus, je dis à Hippolyte de raccrocher, que je vais appeler la directrice parce qu’elle ne peut pas laisser mon grand garçon affronter seul la maladie.

Je me précipite vers mon réfrigérateur, non pas pour me rafraîchir, mais pour saisir le papier jaune où sont inscrits les numéros à appeler en cas d’urgence et là, c’est une extrême urgence. La communication s’établit, j’ai au bout du fil une femme posée, tranquille dans son insouciance de l’état d’affaiblissement de mon fils. Sans craindre de lui causer un choc, j’entre tout de suite dans le vif du sujet. Mon fils vient de m’appeler pour me dire qu’il est très malade. La dame me répond qu’elle ne peut pas appeler le docteur pour chaque enfant malade car sinon elle l’appellerait tous les jours. (Comment ça, c’est une catastrophe, une véritable épidémie pandémique, une hécatombe coloniale!). D’autres enfants se sont plaints d’avoir mal à la gorge (Aaaaah !) mais la douleur s’est calmée le lendemain. (La maladie s’est fait sournoise). Si jamais, Hippolyte était encore malade demain (s’il est encore vivant), je téléphonerais au médecin (qui sera dépassé par les événements). Je pense que c’est un simple coup de chaleur (mon cœur serait en train de battre à mille à l’heure, je serai en train de me disloquer les jointures sur mon combiné pour une simple insolation, mon fils mérite mieux). N’ayez crainte (Aaaah, il existe bien un sujet d’inquiétude….moi, en l’occurrence), nous vous avertirons si jamais l’état d’Hippolyte s’aggravait (Aaaah, il y a donc bien de la gravité dans l’air….pas ma voix qui est dans tous ses aigus). Je consens à raccrocher en acceptant la thèse du simple coup de chaleur. Le calme revenu, je me rends bien compte qu’en des temps normaux, où la grippe n’était que saisonnière et faisait son lot de cadavres sans que chaque cas soit disséqué sur les ondes, j’aurai plaisanté mon fils et l’aurait gentiment traité de petite nature en le rassurant, que demain, il irait mieux ; qu’il n’avait pas besoin d’inventer de petits maux pour que je vienne le chercher, qu’il me manquait aussi mais qu’il s’amusait mieux à la colonie qu’à la maison (où moi, je regrettais d’autant plus leur absence que Marcus accaparait toute mon attention, plus distrait par mes baby sitters gratuits et toujours disponibles).

Il est vrai qu’Hippolyte ferait un bon journaliste car il est habitué à transformer un petit symptôme en une maladie incurable. Juste avant de partir en colonie, il est accouru vers moi, complètement affolé parce qu’il avait les narines toute rouges. J’avais le choix soit de me moquer de lui, soit de me moquer de lui. J’ai donc opté pour le ton maternellement  énervé et lui ai dit que son nez n’allait pas tombé, qu’il l’avait certainement trop frotté (faites que lorsqu’il se frottera trop un autre appendice, il ne vienne pas pleurer qu’il est tout irrité) et compatissante, ai rajouté de cesser de m’importuner.

C’est vrai, quoi. Je veux bien faire un bisou à un petit de trois ans, le plaindre pour une égratignure de 5 mm, admirer ses genoux écorchés mais m’affoler face à un gamin de douze ans dont le visage commence à peine de fleurir et qui promet des doléances nombreuses et monotones, j’ai du mal à sortir la panoplie de la super maman. Sauf si c’est au téléphone, sur une ligne très mauvaise, dans une colonie et à l’aide d’un ton mélodramatique éminemment bien travaillé….

Hippolyte va très bien, sur la dernière photo mise en ligne, il est hilare. Vous croyez qu’il a rappelé pour me rassurer…..il n’a même pas écrit…..je ne suis pourtant pas comme les médias, je préfère les bonnes nouvelles….

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