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je vis, je dis, je ris ...ou pas
22 septembre 2009

Un monstre en garde à vue

Le monstre avait été lâché. Dans une grande salle blanche, sans apprêt, où gisaient de piètres sièges enchaînés, sur lesquels essayaient de se dissimuler des silhouettes incertaines. Le monstre se figea un instant pour observer la scène qui s'offrait à lui, puis n'en pouvant plus de cet immobilisme forcé, il s'élança sur une pauvre chaise qui s'ébranla sous le poids soudain. Il la palpa, la renifla, la secoua puis s'étendit sur elle pour la dominer. Son visage était déformé par un rictus moqueur, son oeil surgit sous sa mèche docile. Il vrilla les spectateurs involontaires de ce carnage, se releva lentement, cherchant sa prochaine proie. Un éclair attira son regain d'énergie et il s'étala bruyamment sur la paroi vitrée. Il y apposa ses mains maculées d'une substance marronnâtre et  dessina des hiéroglyphes incantatoires avant de percuter violemment la vitre tentatrice de son crâne bombé et veiné de bleu. C'est alors que le rideau, rêche et peu flexible, qui pendait innocemment, fut pris à parti lorsqu'il osa s'émouvoir d'un frémissement et heurter mollement l'affreux qui commençait à s'ennuyer. Et le rideau de valser, de boxer, de tanguer, de shooter d'un bord à l'autre, entraîné par sa propre inertie à virevolter encore et encore pour la grande joie du monstre qui aimait le bruit sourd répercuté à travers toute la pièce. Personne ne souhaitait attirer son attention et le rideau était une bonne victime. Ses gémissements, ses plaintes étaient tellement faibles à côté des échos des coups reçus.

Une femme essaya de s'intercepter mais fut ignorer. Le montre, lassé par sa passive percussion, se jeta sur une pauvre forme agrippée à son livre, le lui arracha et la força à sourire à ses turpitudes. Il était couvert de bave, ses joues étaient rosies par le spectacle donné pour son grand ravissement. Son public cependant s'amenuisait, il ne restait plus que trois pauvres obligés de faire face à son énervement grandissant. Un généreux se proposa pour le divertir de son appétit et l'invita à s'allonger sous la table pour qu'il en oublie une autre utilité possible. Mais ce calme précaire se fissura lorsque celle qui, malgré le chaos ambiant, semblait l'empêcher de se transformer en furie totale, fut appelée à sortir du cadre pour rejoindre les coulisses. Un grand cri déchira ses poumons d'un désespoir affolant. Plus personne ne pouvait ignorer qu'un monstre était emprisonné dans cette salle et aucun n'eut le courage d'ouvrir la porte dans la crainte d'un déferlement démoniaque et immaitrisable. La femme dut, elle, retourner vers ce lieu devenu un enfer vivant. Le monstre, vengeresque, agrippa ses jambes et la fit chanceler, hurlant à pleine gorge, la martelant de ses poings rageurs, ne pouvant lui pardonner son abandon. La femme, pour le rasséréner, ouvrit la porte pour lui montrer que la prison était ouverte mais le monstre, loin d'être dompté, la tiraillait encore et encore, l'abjurant de l'emmener avec elle lors de la sortie passée. Interdite, la femme se rendait bien compte que le monstre était ingérable, qu'il allait bientôt s'attaquer à sa dignité après l'avoir défigurée.

Heureusement, une porte s'ouvrit et un homme en blouse blanche les invita à partager avec lui la sérénité. Le monstre refusa de s'asseoir pour participer à l'expérience. Il boudait et sa mine peu amène obligea l'homme à la blouse à écourter la séance. Il proposa un nouveau rendez - vous dans 6 mois. La sortie se fit dans la cohue, surtout qu'ils semblaient être pris dans un labyrinthe où les obstacles se multipliaient et le monstre recommençait à brailler, à la recherche d'un expédient pour épancher son besoin d'agitation. Lorsque chacun fut assis dans la voiture, la femme sentit son coeur petit à petit revenir à un rythme normal. Elle se retourna, sourit au monstre et se promit de ne plus jamais remettre les pieds ici.

Les enfants et moi avons été chez l'ophtalmologiste. Nous avons attendu 20-25 mn pour un passage éclair où furent échanger peu de paroles, si ce n'est que leur myopie n'avait pas évolué. Marcus, contrarié, parce que je ne l'ai pas amené avec lui lorsqu'il a fallu donner les renseignements nécessaires pour ouvrir un dossier, a été particulièrement pénible. Est - ce pour cela que l'ophtamo nous a expédié plus vite qu'une promesse présidentielle ou par désintérêt complet à notre égard ? J'écoutais un débat pour ou contre les lunettes vendues par internet, je serai pour un ophtamo qui prenne le temps d'avoir une vue nette

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