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je vis, je dis, je ris ...ou pas
10 janvier 2010

Les feuilles se ramassent à la poubelle (et le talent se prend une pelle)

Je vous avais tenu en haleine (fraiche si possible), dans un précédent billet qui se trouve être celui qui précéde celui - là, vu que la prolixité dont je peux me targuer verbalement et verbeusement ne s'incarne point dans ce blog qui se distingue plus par des espaces temporels grandissants que par des espaces spirituellement jaillissants, en vous annonçant prématurément un sujet qui allait vous épater par le fait qu'il ne serait pas issu d'un brouillon de pensées improvisées au fur et à mesure que mon cerveau arrive à dompter un clavier dont les touches mal placées (ne trouvez vous par que azerty ressemble beaucoup au hasard et si le hasard fait parfois bien les choses, l'azerty lui sait les rendre soches) savent apporter des nuances intéressantes à une orthographie déjà loin d'être orthodoxe, mais improvisionné à l'aide de notes jetées sauvageusement par un stylo mal dompté sur une feuille heureuse de se plier sous le joug lui permettant de noircir ses carreaux.

Malheureusement cette feuille n'a su cacher la blancheur de son autre face (toute feuille comprend deux pages au service de l'écrivain inspiré, une seule vous manque et  toute avance vous est refusé....le talentueux Zorémie Mondoikelkepar, né à Yourigargarine, en Gorge Profonde, à la fin du XVIIIème siège du Château à la Tour pendable, a bien connu cette angoisse de la page blanche qu'il n'a jamais réussi à surmonter, de là son absence complète de notoriété) et dut se sacrifier afin que ma fille puisse préparer sa dictée hebdomadaire (de mon temps, les dictées étaient dictées,  corrigées et notées plus ou moins sévérement en proportion de votre compréhension des différentes leçons sérinées lourdement et qui finissaient toujours par un "l'exception fait la règle", adage qui vous faisait oublier toute la leçon pour vous extasier sur cette tautologie paradoxale...ouah, vous vous sentiez tel un Julien Lepers : ils sont tous...sauf ..... ; du temps de ma fille (celui où mon miroir ne supporte plus mon reflet), les dictées sont dictées, corrigées par l'élève s'il le veut bien, refaites à la maison avec une mère consternée par les fautes incessantes d'une fille qui n'arrive pas à comprendre qu'il vaut mieux mordre que manger pour ne point céder à la faute, apprises par coeur, dégurgitées avec à la clef un époustouflant 20, puis oubliées.). Je perdis donc la trace de mon brouillon et j'étais prête à faire une croix dessus (plus lisible que les hiéroglyphes qui font ma signature) lorsqu'en m'attelant au ménage de la chambre de la sus dite fille (chose qu'il m'arrive d'accomplir quand je pense que seul un marathon de deux heures serait à même de me faire perdre les trois kilos pris à l'occasion des fêtes), je tombis sur ce feuillet magique. Le problème lorsqu'on trouve un papier important lorsqu'on est en train de jeter pleins de papiers froissés d'être ignorés, c'est que votre main risque de ne pas faire la différence entre celui à conserver soigneusement et ceux à jeter sans regret ; ma main ne sut point faire la différence et mon feuillet fut à nouveau perdu.

Moi qui escomptais vous éblouir par une prose inventive, créative, divertissante, organisée autour d'un thème unique afin de ne point me laisser disgresser par des parenthèses parasites, voilà qu'il me faille avouer devant vos yeux embuées mon impuissance à garder un semblant de cohérence par la faute d'une dictée mal pivotée. Oh, combien d'écrivains maudits se sont - ils ainsi jetés d'un pont parce que l'oeuvre d'une vie servit à leur femme comme liste de course, combien de femmes au foyer restent - elles dépendantes de leurs allocations parce que leurs feuillets, encrées d'une ferveur extatique digne de leur permettre d'appartenir au club si convoité des Lévités, ces disciples de Lévy qui savent survoler le style pour rendre l'histoire plus évanescente, furent jetées à la poubelle par un lecteur averti, combien de marins perdirent le nord, combien de capitaines ne surent plus leur âge, combien de politiques renoncèrent à faire écrire un livre où tout est dit dans le titre (aucun)...

Mais rassurez - vous, je possède d'autres brouillons et la ténacité pour empêcher à l'avenir ma fille de contrecarrer mon génie ; maintenant, ses dictées elle les préparera sur mes relevés de compte, au moins ceux - ci ils ont l'habitude du rouge et s'ils finissent à la poubelle, mon banquier se fera un plaisir de m'en rappeler leur teneur.

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