Jésus est vivant, ses reliques le prouvent
« Ça y est. Après des heures de tractations administratives, de réflexions mystiques, de dévoiements sceptiques, de recherches holistiques, de fouilles hydrogéotechniques, de renoncements stratégiques, de poursuites fanatiques, après des litres de sueur et de café froid, après des mètres et des mètres de listing crachant les traductions successives, fantaisistes et corruptibles d’un ordinateur lunatique, Albert avait enfin découvert le mystère fondateur, l’origine de l’ère christique, le secret fatal qui allait le condamner à subir les affres et le courroux d’une Eglise implacable qui, s’il divulguait sa découverte, risquait de voir s’écrouler ses fondements et la papauté. »
Je viens de terminer l’intégrale d’une BD intitulée « Le triangle secret ». Encore une histoire de parchemin indéchiffrable sauf par un spécialiste es langues, es dégourdisme, es culture essénienne, es théologie, es franc-maçonnerie, es plastique agréable et captivante pour jeune femme en recherche d’aventure, n’ayant pas froid aux yeux, réaliste et détentrice du mot idiot qui dessillera le héro et lui permettra de résoudre le rubik’s cube. Encore une histoire où l’Eglise apparaît redoutable, n’hésitant devant aucun expédient pour détruire ceux qui veulent écorner son image et transformer le messie en être mortel et copulant. Encore une histoire de loges secrètes, de rites initiatiques réservés aux meilleurs, bien que les critères de sélection ne soient pas précisés, peut être d’être là au bon moment ou connaître celui qu’il faut, de transmission d’un savoir oublié, tronqué que seul notre spécialiste pourra révélé, au prix de sa vie (dans « Le triangle secret », tous les héros « gentils » meurent du fait de traîtrise de la part de celui qui devait sacrifier ses amis pour que demeure la foi séculaire à laquelle s’attachaient les misérables ainsi réconfortés qu’une vie meilleure les attendait après celle présente où ils devaient subir le joug des seigneurs et des évêques, qui devait souffrir la mort de ceux qu’il aimait pour le bien de l’église pour laquelle il était prêt à offrir son indépendance et porter la tiare ) ou de quelques blessures (comme dans « Da vinci Code » juste de quoi montrer qu’il vaut mieux qu’un Jackie Chan et permettre à son auteur de profiter du succès du livre pour sortir une suite).
Encore une histoire où les templiers apparaissent détenteurs d’une dimension symbolique capitale, bienfaitrice, dépassant leur réputation historique où le vilain roi voulait les faire passer pour des criminels invertis, crachant sur la sainte croix, de simples usuriers profitant d’une ou deux ou trois croisades pour amasser une richesse frustrante et imméritée ; alors qu’en fait, par des ruses astucieuses et des circonvolutions incompréhensibles du commun des mortes et du spécialiste inesthétique, ils empêchaient que la vraie foi ne soit trop connue.
Et tout ça pour quoi. Quelle est l’horrible vérité que l’église catholique, apostolique et ringardique ne veut absolument pas que la masse apprenne ?
1) Jésus et Marie – Magdeleine auraient eu des relations autres que platoniques (que d’ailleurs Jésus ne cite jamais, ce qui prouve bien qu’il ne soutenait pas son enseignement) et de cette union serait née une descendance. Bien sûr, les textes n’évoquent pas de noces officielles, mises à part celles où Jésus transforme l’eau en vin, mais en quoi le fait que Jésus ait été fécond peut gêner l’église ; cela ne peut que la conforter dans son idée que Jésus était contre le port de préservatif.
2) Jésus a des frères (et peut être des sœurs, mais franchement, cela a moins d’importance : voilées, mortes à peine pubères en couches, leur existence peut facilement être déniée). Cela signifie que Marie et Joseph ont partagé plus qu’une longue et généreuse prière afin que Jésus soit préservé (rien que ce non exaucement devrait suffire pour ébranler l’édifice divin). Certains iconoclastes hérétiques vont même jusqu’à souligner que Jésus serait bien le fils de Joseph et non l’émanation et la fécondation de Yahvé dans l’utérus de Marie. Et alors, cela ne peut que conforter l’église dans son apologie de la fidélité dans le couple et la condamnation de l’adultère. (Quant à la vierge Marie, elle en prend un coup forcément).
3) Jésus ne serait pas mort sur la croix. Deux versions, soit le garde était complice et a fait semblant de briser les jambes de Jésus et Nicodème a pu le décrocher vivant puis le faire évacuer par des voies impénétrables, après qu’il ait pu convier les apôtres à propager sa parole genre « aimez-vous les uns les autres, et plus si affinité », « si quelqu’un te gifle la joue droite, tends lui l’autre et peut être qu’il se lassera avant qu’il ne veuille te crucifier ». Soit (lu donc dans « le triangle secret »), Jésus avait un frère jumeau qui le détestait, a voulu le tuer pour prendre sa vie, a échoué mais a bien pris sa place sur la croix. Le hic de tout ça, c’est que si Jésus n’est pas mort sur la croix, il ne peut pas avoir ressuscité et kesako de la vie après la mort et du jugement dernier. Un Messie mort de vieillesse, cela confortera l’Eglise dans son affirmation que le pape n’est pas un vieux décâti, mais l’incarnation de Jésus jusqu’à ces derniers instants. Cela la conforte dans son combat contre la peine de mort : même Jésus n’a pas voulu qu’elle soit appliquée. Cela la conforte sur sa longévité par rapport à l’Islam : si cela se trouve, Jésus a vécu plus longtemps que Mahomet.
Bref, beaucoup de bruits et de mouvements, de meurtres et de suspens (bien qu’on devine tout à la 2ème page), pour faire passer l’église catholique pour impostrice, fausse et seulement animée par sa perpétuation (alors qu’elle est pathétique, démodée et seulement animée par la télévision). Déjà, rien que le livre ait pu paraître, met à mal le fait qu’il existe une bande armée de l’église chargée d’éliminer tous ses adversaires ; ensuite, tout le monde s’en fiche de la vérité sur Jésus. Prenez un catholique à peine pratiquant, ex. ma mère (pardon, maman, mais des catholiques un peu pratiquants, il n’y en a plus beaucoup), elle a lu « Da Vinci Code », elle a aimé (je sais, ma mère en plus d’être une affreuse bigote, a un goût culturel affligeant) et continue à dire à ceux qui se sont fait mal « Petit Jésus t’a puni ». C’est comme les scientologues, Tom Cruize joue dans des films de plus en plus affligeants, cela ne les empêche pas de continuer de croire qu’il les aidera à devenir meilleurs (et moins riches).
Si la croyance était une histoire de livre, cela se saurait…..
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