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je vis, je dis, je ris ...ou pas
26 décembre 2010

Quelques indignations pour passer le temps

Noêl et je ne me suis jamais sentie aussi en colère, irritée, hérissée, énervée, emportée, révoltée contre tout et rien ; un bouillonnement indescriptible, une envie d’envoyer tout promener, de hurler, de laisser échapper l’irrationnel et le passionnel en moi, de déverser un fiel implacable, irréductible, un ras le bol général sans cause ni objectif si ce n’est celui de soulager ma poche à venin.

            J’ai entendu le message de Stéphane Hessel qui appelle à l’indignation et je prends le clavier pour rejoindre ceux qui ne peuvent se laisser effacer par l’indifférence, ceux pour qui la rouspétation ne se contente pas d’être une litanie plaintive et déchirante dans le but de susciter l’admiration pour avoir eu le courage de s’affirmer en tant que victime, ceux qui ne demandent pas de l’apitoiement ou de dédommagement. Je veux rugir, brandir ma haine sans pour autant avoir l’ambition ériger un système où je serai la première à me broyer, juste démontrer mon savoir d’être vivant, sans excuse scientifique, sans calcul politique, sans excellence rhétorique, sans portée philosophique. M’indigner simplement pour m’affirmer, sans céder aux sirènes de la majorité, aux dictats des médias, aux influences environnementales, à la bienséance qui veut que lorsqu’on tient un blog, on essaye de rassembler et non point de trancher.

            Tout d’abord, une indignation concernant le livre de M. Stéphane Hessel. Vendu 3 euro pour 24 pages, cela vous fait…je m’échinais à calculer le prix de la page lorsque mon mari, toujours habile du calcul mental (il s’entraîne tous les jours en essayant de trouver la phrase que je ne pourrais pas sous ou sur évaluée en lui donnant trop ou pas assez d’importance. Ainsi, la phrase « je me suis émancipé, j’ai étendu le linge sans que tu me le demandes » a été une très mauvaise stratégie ; par contre, la phrase « Et si on allait manger chez ma mère ce week end » a été totalement négligée) m’a arrêtée au bout de deux pages noircies d’équations à 5 inconnues (dont ma cervelle) pour me souffler « cela ferait comme si un livre de 240 pages coutait 30 euro ». Ouah, c’est cher ! Ais-je aussitôt répondu, habituée que je suis à écumer les fonds de tiroir des librairies, à la recherche de l’édition au tarif limitée. Oui, M. Hessel, indignez – vous mais lisez mieux votre contrat afin que les pauvres travailleurs que vous poussez à la révolte puissent lire votre livre, sans se sentir arnaqués par la société de consommation que peut – être vous dénoncez, vu que je ne vous ai pas lu ; les 3 euro exigés m’ont servi à payer le café que j’ai osé boire au dernier café du village – je ne lis pas dans le marc (de café), mais m’étonnerez pas qu’il coule, celui-là aussi.

En parlant café, permettez moi (et même si non, c’est moi qui suis le maître de ces lieux) que je m’indigne de la piètre qualité des chocolats chauds qui nous sont servis dans les bars de nos jours. Ah qu’il soulève bien haut la soucoupe pour nous faire admirer le liquide blanchâtre qu’il déverse cérémonieusement et sans parcimonie (qui est partie contempler ma fiche de paye) dans une tasse ébréchée. Déjà, la coupe  n’a pas d’odeur, mais quand vous amenez ce breuvage, clapotant chétivement et craintivement, à vos lèvres blasées (c’est vous dire si mes papilles peuvent s’enorgueillir d’en avoir couté de la dégueulasse, de l’infâme, de l’infect, de la pipistrelle ammoniacale révulsive, mais là c’est au chocolat que la gastronomie française reconnue dans sa perdition s’attaque !), vous vous rendez compte qu’il ne peut même pas se targuer d’être sans arôme. Il est abominable, le sucré enfoui derrière une amertume abandonnée dans un écrin de moisissure, le crémeux caché derrière un pâteux où la vache n’y trouverait que le pis. Vous faites la moue et pensez aux nouvelles rides qui viennent dénaturer un peu plus votre beauté déjà guère flagrante. Punaise, que fait l’Unesco, que fait l’Europe ; ce n’est pas le beurre de cacao qui est menacé par l’huile de palme qui menace la diversité florale. C’est mon palais : un régal, un régal, mon palais pour un régal. Marre du politiquement digeste. Je milite pour le rétablissement de la peine de morsure : que ça craque, que ça salive, que ça resserve, que ça goûte, que ça me coûte le prix que j’y passe (j’aurai ainsi, dixit un journal qui se veut sérieux, 10 % de plus de risque de mourir que ceux qui ont banni le sel et le sucré de leur tablée….le risque de mourir étant établi à 100 % pour chaque individu, j’ai donc 10 % supplémentaires de ne pas me louper).

Je pourrai m’indigner, sur ma lancée, du principe de précaution qui fait qu’on vaccine à tout va à la moindre toux, et qu’on laisse vaciller des cœurs désireux de ne plus avoir faim (le plaisir dans notre monde est accessoire, il se porte en bandeau noir autour du bras ; même en amour, l’essentiel n’est pas la qualité, mais la quantité et de s’insurger contre un pape qui veut défendre le droit de croire que l’amour peut ne pas être risqué, être un don, une espérance, une utilité aussi, pas simplement un moyen d’accéder au nirvana sans passer par la case contemplation. Si j’osais et j’ose, je vais plus loin en disant qu’à écouter certaines offuscations, cela donne l’impression que lors d’un viol, le plus grave est de ne pas porter de préservatif. ). La précaution semble aller toujours dans le sens des laboratoires, héros d’une série dont le générique est difficile à assimiler, le pilote toujours suivi d’effets secondaires et le scénario digne d’un Colombo ou d’un lumbago (on sait dès le début qui est le meurtrier mais on courbe l’échine).

Pour élever le niveau, temporairement, parce que je ne voudrais pas que certains pensent que ce blog devient sérieux,            quelques indignations éphémères liées à l’actualité politique de ces derniers jours, c’est dire si elles sont déjà périmées :

-         Voyage de Nico-Carla en Indes : les journalistes de reprendre bêlement la prière de Mme pour enfanter un garçon. Je ne sais si la traduction est exacte ou transformée pour correspondre aux standards locaux, mais je pense que l’information aurait pu être occultée dans un pays où les infanticides des fœtus et bébés féminins sont une catastrophe humanitaire. Sari jaune.

-         Guerre électorale bientôt civile opposant Gbagbo à Ouattara. Messieurs les journalistes (ou qui se veulent comme tels), quand vous voulez des réponses sur un problème français, vous n’interrogez pas un allemand. Alors pourquoi pour parler de la Côte d’Ivoire, vous invitez une personne d’origine sénagalaise, Mme Rama Yade. Même de droite, il est décidément difficile d’échapper à sa couleur. Hou, fouette bwana ! (c’était le bon temps de la France à fric) !

-         Le Front National de retour : Marine Le Pen dit tout haut ce que les gens pensent tout bas. Je dis simplement en quoi le fait de penser quelque chose en fait une vérité.

-         Tous les hommes sont égaux, les français plus que les autres. Etre français confère une qualité supérieure : c’est le seul peuple qui peut se targuer d’avoir tant de difficultés à parler sa langue qu’il refuse d’en apprendre une autre.

-         Tous les hommes sont égaux, les policiers français plus que les autres. Etre policier confère le droit de mort sur ses agresseurs comme sur ses victimes.

-         Tous les hommes sont égaux, les parlementaires encore plus. Dans un groupe parlementaire, pas un ne doit dépasser de la ligne directrice tracée par le parti et le vote sera collectif ou ne sera pas.

            Quelques indignations économiques si faciles de nos jours où dénoncer les banques et les patrons multimillionnaires fait partie d’un leitmotiv tellement moutonnier qu’il en établit la réalité et la pérennité.

-         Une aberration : les allocation familiales attribuées à tout le monde, quelque soit le niveau de ressource, sur les mêmes bases. Cela sent son bon slogan égalitaire : un enfant de riche vaut autant qu’un enfant de pauvre. Sauf qu’à 21 ans, l’enfant de pauvre ne vaut plus rien, l’enfant de riche le vaut bien encore. Cela sent bon son slogan fraternitaire : l’Etat au service de la reproduction de toutes les classes socioprofessionnelles. Sauf qu’enfanter ne correspond pas à la même chose si 1) on a les moyens de se provoquer sa césarienne la veille de la réception de l’ambassadeur et 2) les allocations familiales permettent d’acheter des couches ou des couches Dior. Cela sent bon son slogan libertaire : chacun peut décider d’avoir un enfant ou non sans se soucier du coût de revient….vu le montant des allocations familiales, je suis vraiment en train de raconte n’importe quoi.

-         La musique préférée des banques : l’agio pour cordes raides. Un emprunt sans intérêt est celui que vous souscrivez pour vous acheter ce dont vous n’avez pas l’utilité. Un crédit immobilier est celui dont dispose votre banquier pour vous faire croire qu’acheter une maison est un bon placement (pour votre banquier et pour vos petits enfants, parce que pour vous, en comptant les intérêts sur 30 ans, les réparations sur 20 ans, les divorces sur 1 an, vous finissez par vous demander si vous n’auriez pas mieux fait d’investir dans une concession ; au moins là, vous y êtes tranquille pour 50 ans). Faire les commissions pour un banquier consiste à acheter la crédulité de ses clients en les attirant avec des produits qui ne sont qu’une suggestion de présentation. Le monde appartient à ceux qui lèvent les taux.

-         Qu’un patron gagne plus de 100 000 euro par mois (je mets ce chiffre mais je ne sais pas vraiment ce qu’il représente vu que le plus gros billet que j’ai eu l’occasion d’apercevoir, un jour, à la caisse d’un supermarché, brandi par une petite vieille tordue d’arthrite, était un billet de 500 francs. Elle le serrait convulsivement, le sourire peiné, désespérée de se séparer de ce vestige de jours plus florissants, pour seize malheureux yaourts dont dix finiraient à la décharge.) est indécent. Qu’il n’est d’autre solution pour dépenser son argent que de s’offrir un yacht alors qu’il est calfeutré en Suisse est une honte. Et que tant d’autres ne puissent pas se verser de salaire pour payer leur employé, tant d’autres doivent dire adieu à leur rêve d’indépendance pour replonger dans le salariat faute de conseils est une désolation. La France a besoin d’entrepreneurs intègres et non d’actionnaires initiés. La France a besoin d’emplois et non de notices en chinois.

-         Que les riches qui se soustraient aux impôts, en allant à la niche trop souvent, perdent leur nationalité (pour avoir tuer le fisc)

-         Le gouvernement veut être un bon élève et diminuer ses dépenses. Il ne veut pas augmenter les impôts, aussi il gèle les dotations attribuées aux collectivités régionales, départementales ou communales. Conséquence, celles-ci, pour survivre, sont contraintes d’augmenter les impôts locaux. On appelle cela la décentralisation de la fiscalité ou comment faire porter le chapeau à l’autre bord.

-         Que l’écologie arrête de nous empoisonner l’air de ses slogans moralisateurs. L’arnaque du siècle : les panneaux solaires : coûtent trop chers à l’Etat, à EDF obligée de racheter les kWh produits et qui va donc en répercuter le coût sur les particuliers fidèles à une électricité nucléaire, sont constitués d’un matériau toxique, ne se recyclent pas et doivent être changer tous les dix ans (d’après les explications de mon mari, qu’il m’arrive d’écouter de temps en temps, pas toujours de comprendre). Même le soleil a l’air de s’en désintéresser. Mon geste pour la planète, je n’achète plus que des vêtements bio dont le coton vient par avion d’Inde ou du Pérou…..

Est-ce que je me sens mieux de mettre indignée. Vins-je de démontrer qu’ainsi j’étais capable de brandir l’étendard de la pensée dans un monde où l’opinion importe plus que le combat ? Ne suis-je de toute façon pas influencée par mes expériences, mes lectures, mes choix et mes limites ? Je m’indigne contre ce monde où il est tellement facile de s’indigner entre deux tartines de beurre, où il est plus facile de manifester son mécontentement devant son écran d’ordinateur que dans la rue, où les humoristes sont les nouveaux prophètes, où le cynisme l’emporte sur le désir de changement, où la révolution des ans l’emporte que la révolution tout court. Je m’indigne en France, je ne suis pas en danger, juste énervée contre ces gens qui nous incitent à sortir du rang pour mieux enfiler des perles.

Je me rends bien compte que mes indignations sont toutes politiquement correctes et pourtant je ne me présente que devant quelques lecteurs éparpillés. Je m’indigne contre mon manque d’originalité….

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Commentaires
L
Ainsi va la vie..<br /> Bises marditales
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