Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
je vis, je dis, je ris ...ou pas
11 mai 2011

Une histoire demandée par ma fille...écrite au boulot, je déprimais

L’histoire du maïs magique

 

Il était une fois, il y a fort longtemps, aussi loin que peut remonter la mémoire humaine, un royaume sur lequel régnait un bon roi juste et magnanime. Ce roi avait tout pour être heureux, de riches pâturages, des chevaux fougueux, des soldats paisibles, des sujets accueillants et une épouse fidèle et soumise. Cependant, une seule tâche ternissait ce doux tableau, ce couple heureux attendait en vain un heureux événement.

Désespérée, la reine décida, en cachette de son mari, d’aller rencontrer le grand sage de la forêt, qui vivait dans des bois profonds et sombres mais que le bon peuple saluait pour son intelligence et son courage. Une nuit donc, elle réveilla sa servante et lui demanda de l’accompagner auprès de cet homme que l’on dit si savant afin qu’elle sache comment contrecarrer ce cruel destin qui l’empêchait de connaître les dures joies de l’enfantement.

Toutes deux marchèrent en silence, à peine la servante versa t’elle une larme en pensant qu’elle allait devoir affronter la forêt noire, dont son mari lui avait interdit de s’approcher car il se disait que des créatures étranges y vivaient et seul le grand sage, jusqu’à présent, était parvenu à surmonter l’élan de frayeur puis de folie qui s’emparait de toute personne décidée à s’enfoncer dans l’antre boisée.

La forêt était immense et désolée. Faute d’entretien, des branches cassées jonchaient le sol et sans cesse, nos tendres héroïnes glissaient et heurtaient des racines traitresses. De partout et nulle part, surgissaient des bruits diffus ou sonore, toujours indéfinissables et harcelaient les tympans de la servante effrayée et de la reine déterminée. Leurs douces ou rudes pommettes furent déchirées, leurs belles ou fripées robes furent transformées en haillon lorsqu’enfin elles parvinrent à une clairière où trônait un chêne majestueux au pied duquel une cabane avait été hâtivement bâtie.

Soudaine peureuse, la reine envoya sa servante frapper au rideau crasseux qui fermait la pauvre maisonnée. Une voix d’outre tombe surgit « Qui vient me déranger par ce jour funeste ? ». La reine enchantée d’entendre une voix humaine s’exclama : »Je viens vers vous quérir la guérison. Le roi et moi avons beau nous unir, aucune graine n’a su féconder mon ventre resté muet ». Le sage qui, à force d’être seul et de n’avoir pour compagnie que le bercement strident d’oiseaux rapaces, avides et peu amènes, était devenu mage plus par illusion que par instruction, lui tendit un petit sac et lui dit : « pends ce sac à ton cou, la prochaine fois que tu honoreras ton maître et crois moi, si au bout de 9 mois, un solide gaillard n’est point sorti de tes entrailles, je veux bien me transformer en ermite. »

La reine ne put contenir sa joie et embrassa sa chère servante. Toutes deux coururent comme des damnées pour retrouver la civilisation, laissant au passage une, un soulier verni, l’autre, un chiffon grisâtre. L’aube pointée à peine et la reine demanda qu’on lui revête un joli déshabillé avant de la porter jusqu’à la chambre de son bien aimé.

Neuf mois plus tard, la reine, grosse, sentit les premières douleurs. On dépêcha un vaillant médecin qui s’empressa d’envoyer son second vu qu’il était occupé à cuver la dive bouteille. On prépara eau chaude et molles serviettes, on épongea le front bouillant de la reine qui se tordait de douleur. Chacun s’inquiétait car le travail n’avançait pas quand soudain, sous une dernière poussée, jaillit dans le sang une immense graine jaune dont personne ne sut que faire. Le second se décida à endormir la reine et à exiger une panière dans laquelle il enroula la graine et ordonna qu’on l’enfouisse au fond du jardin.

A son réveil, la reine fut accablée d’apprendre que son fils n’avait point vécu et décida, pour sa pénitence, de se consacrer aux pauvres et aux bonnes œuvres. Quelques jours plus tard, le jardinier eut la surprise de découvrir tout un parterre de jeunes pousses qu’il se permit d’arroser pour découvrir qu’il s’agissait de plants robustes dont les fleurs donnèrent de drôles de poupées jaunes. Ne sachant quel nom leur donner, il les présenta à la reine qui, y voyant une légère ressemblance avec le sac que lui avait tendu le vieux schnoque de la forêt, décida de les nommer « maïs » en souvenir de la souffrance et de la déception subies.

Lorsque les plants arrivèrent à maturité, le jardinier arracha les poupées, détache chaque grain et les fit bouillir. Il offrit la première bouchée à la reine qui en apprécia tellement le goût qu’elle accapara la cuisine pendant plusieurs mois pour voir à quelle sauce ces drôles de graines pouvaient être mangées. Le roi était fort dépité car elle avait ainsi pris beaucoup de poids ; elle et toutes ses demoiselles de compagnie, servantes et autres femmes, vieilles ou jeunes, avec qui elles partageaient sa nouvelle passion, ayant décidé que ce mets était trop délicat pour franchir des lèvres masculines. Aussi, quelle ne fut pas la surprise de tout le royaume, lorsque toutes ces femmes, la reine y comprise, ressentirent, un beau jour où le soleil lumineux éblouissait ceux qui osaient le braver, de fortes douleurs, durent s’alitèrent et donnèrent naissance à un mignon petit prince et à une multitude de marmots et marmottes braillards. Chacun dut se débrouiller comme il put pour nourrir ces nouvelles bouches car le maïs magique fut aussitôt confisqué ; les vieilles femmes, depuis belle lurette ménopausées, qui survécurent à cette pénible épreuve, ne purent jamais allaiter et quelques jeunes filles à peine pubères se retrouvèrent mères mais sans mari.

Remise de ses couches, épanouie et heureuse, la reine décréta que ce maïs magique serait conservé en lieu sûr et ne serait servi que lorsque une grossesse s’avérerait délicate ou une stérilité prolongée. Le roi lui accueillit son prince doctement, consentit à y voir une prudente ressemblance avec son portrait et lui enseigna tout ce qu’il faut savoir pour devenir un bon roi.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité