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je vis, je dis, je ris ...ou pas
2 octobre 2011

Avoir du PEEP

Vous est-il arrivé de répondre anodinement à un email et de vous retrouver dans une aventure qui vous dépasse? Ce n'est pas le nouveau scénario d'un film hollywoodien où Meg Ryan tomberait virtuellement amoureuse d'un internaute sachant écrire avec les voyelles inclues, avant de se rendre compte que l'épistolaire grammaticalement correct est une femme....suspens, suspens...Meg Ryan virera t'elle sa cuti ou son agent trop pervertif ? Non, c'est une nouvelle phase absolument mortifiante d'une vie qui se trouvait trop renfermée sur elle-même...

Tout a débuté à cause de ma fille. Ma fille a beaucoup de défauts, l'un étant de ressembler trop à sa mère et particulièrement de la copier en matière de taille. Ma fille est donc petite, ou pour être politiquement chargée en bois, légérement inférieure à la moyenne des tailles normales et fortement inférieure à la cible convoitée des agences de lolitas décomplexées. L'année dernière, année tranquille s'il en était, suite à une demande de volontaires de la part des associations des parents d'élèves du collège, je lui avais confié (à elle et non à son frêre qui est d'une taille légérement supérieure à la moyenne des garçons écrasables et fortement supérieure à la cible rebondie des publicitaires souhaitant faire craquer des mamans endurcies - 1ère faute, donc) le coupon réponse en lui enjoignant de le glisser dans la boite aux lettres correspondante, sans lui préciser de quelle association (2ème faute).

Ma fille étant petite, elle a forcément optée pour la boîte du bas, celle de la PEEP. Sans militantisme aucun, sans idée préconçue, sans calcul mental ou urinaire, j'ai été contactée et j'ai accepté d'être déléguée des parents d'élèves dans une classe, même deux, allons-y, enfonçons nous dans l'insouciance et un travail très simple qui consiste à opiner quand les profs parlent, à éviter leurs regards quand ils évoquent le cas de votre fils, à rédiger un compte -rendu qui enlèvera le confidentiel et gardera le superficiel. Cette année, donc, pas rébutée pour autant, à la vue d'un email demandant si je souhaitais continuer l'aventure et à quel niveau, j'ai répondu présente en précisant que ma position sur une liste m'importait peu sinon que j'avais une préférence pour participer au conseil de classe de mes enfants. Je n'avais bien sûr pas compris la question. Les autres si.

Je me suis retrouvée première, tête de liste pour représenter la PEEP pour les élections au conseil d'administration. La foudre aurait causé moins de dégât quand je me suis rendue compte en quoi consistait ma nouvelle mission : téléphoner à des absolument pas volontaires pour les persuader de mentionner leur nom à la vue de tout un tas de collègiens plus dérouilleurs les uns que les autres. Côté sécurité, mon fils ne risque rien à voir apparaître son nom (le même que le mien, le pauvre) en tête d'une liste de parents mouchards ; il est déjà le bouc émissaire de forcenés qui l'ont tapé, traité de tous les noms et l'ont affublé d'un surnom terrifiant et rédhibitoire : "Einstein de PD" (comme quoi, cela peut être avantageux le fait que l'inculture progresse chez les élèves...Einstein ne doit être pour eux qu'un type échevelé tirant la langue à perpétuité et non le découvreur de la relativité...j'ai écouté qu'Einstein était remis en cause parce que des particules iraient plus vite que la lumière. Je n'en demande pas tant à mon fils, déjà qu'il aille plus vite pour se mettre à table ....Quant au sigle PD, je pense que Aids et compagnie ont encore du boulot pour faire comprendre aux ados (et à leurs parents) que deux hommes ou deux femmes ensembles, ce n'est pas sale ).

Or, j'ai une phobie viscérale du téléphone. Je sue, j'angoisse, je palpite rien que quand il faut que je prenne rendez-vous chez un docteur (mon mari s'en charge donc et je jubile à l'engueuler parce qu'il a pris rendez-vous pile le seul mercredi après midi où je ne lui avais pas dit que je travaillais). J'ai donc effectuer un tri rapide : j'ai rayé de la liste ceux où ne figurait qu'un numéro de portable (je n'en ai toujours pas, malheureusement pour la suite à venir), ceux dont mon fils m'a assuré que leur rejeton était un vilain qui lui voulait du mal. La liste s'est vite réduite et je n'ai donc eu à subir que peu de nons secs, catégoriquement négatifs voire légérement discourtois (Une pensée, pour ses pauvres gens qui passent leur journée à s'assourdir du bruit d'un téléphone violemment raccroché dès qu'ils prononcent un allo pas assez "français"). J'ai réussi à convaincre deux personnes d'apposer leur nom en leur assurant que jamais, au grand jamais on ne ferait appel à eux (déjà que vu comme je suis bien préparée, je ne suis même pas sure que les électeurs feront appel à moi) et j'ai clos ma liste avec 10 personnes (mon prédecesseur, plus débrouillard et plus homme, m'avait fourni une liste de 9 personnes lui ayant assuré de son soutien ; j'ai eu le malheur de demander son avis à une de cette liste et elle m'a aussitôt répondu qu'elle avait transféré son soutien à l'autre liste ; je me suis donc abstenue de toute autre approche envers les autres affiliés) alors qu'elle aurait dû en contenir 14, mais j'avais déjà perdu 4 kg, mon sommeil, je n'allais pas en plus perdre mon mari, énervé par mes pleurs d'hystériques et mes arrachages de cheveux, pour 4 autres volontaires à ne surtout pas être dérangés dans leur vie déjà bien remplie.

Mais mon stress n'a point cessé, car je devais maintenant faire signer mes 10 co-listaires et j'ai couru d'une maison à une autre, je me suis perdue et peut claironner maintenant que je connais la ville voisine sur le bout de ses ruelles camouflées et aux panneaux souvent absents (je ne voterai pas pour un maire si fautif !). C'est vraiment la première fois que j'ai regretté, outre de répondre à un email, de n'avoir pas de téléphone portable. Car que faire lorsque vous vous trouvez face à un portail dont la sonnette ne marche pas, que vous secouez en espérant que le chien, annoncé méchant, aboie pour annoncer votre présence ; que faire lorsque vous n'avez que le nom de la rue et vous retrouvez face à une centaine de possibilités, dont celle de vous faire arrêter par la police parce que vous déchiffrez avec trop d'acharnement chaque boîte aux lettres, en dressant le poing à chaque fois qu'un mauvais citoyen a omis de préciser son identité. Je remercie donc ceux et celles qui ont bien voulu appeler, ceux qui ont bien voulu m'orienter, ceux qui m'ont accueilli avec un sourire malgré ma mine blafarde, mon front en sueur, mon souffle court.

J'ai obtenu mes dix signatures et je me suis faite une promesse : si jamais je reçois un email me demandant si je souhaite rejoindre la secte de ceux qui sont pointés du doigt et soupçonnés de marcher avec le gouvernement (je ne l'ai appris que quand un monsieur m'a gentiment refusé son appui sous prétexte qu'il se sentait plus proche des valeurs défendues par la FCPE (tu parles, le FCPIen en tête, sans scrupule, ne s'est pas privé d'appeler tous les Peepiens, soit disants de droite, pour les convaincre de se mettre sous sa coulpe.... après un lavage de cerveau ?) et que j'ai été sur un forum où pro - PEEP et pro-FCPE s'étripaient verbalement pour s'assurer être plus mieux biens que les meilleurs), je le mets illico à la corbeille et la corbeille je l'écrase et l'ordinateur je ne l'ouvre plus avant que mes enfants aient fini leurs études.

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