Elections, fabrique de pions

Dire qu'il y a des gens pour faire le panagyrisme des élections, qu'elles sont indispensables pour établir une société sur des bases solides, un sommet contrôlable et des lignes claires et transparentes.

Elections sauce "présidentielle française" : d'un côté, un président en titre, au bilan plus que médiocre, pérorant comme un chapon triomphant parce qu'il embrasse la merkel et arrive encore à imposer sa présence ; de l'autre, un capharnaum, élardé par les vautours journalistiques, de candidats à la succession, se chamaillant sur le sort à réserver à la peau de l'ours alors qu'il n'est pas tué. Et des millions de spectateurs qui se demandent comment remplir le cadis si les étiquettes n'arrêtent pas de s'envoler, comment enfiler un pull supplémentaire pour éviter d'allumer la chaudière, comment survivre à un plan social en dénonçant son collégue, comment vendre la montre en or de son grand père pour s'acheter un écran plat 3D H full et casques platine intégrés. Encore 5 mois de slogans abracadabrantesques, de quètes graphologiques, de postures hommedétatiques et de dénonciations à l'imposture, de mépris publics et de conciliabules privés, de débauche de comptes occultes de campagne et d'ébauche de compréhension des campagnes, de promesses, de mensonges, de déclarations solennelles. Tout ça pour enlacer une allemande et taper dans les mains d'un américain ; tout ça pour pleurer devant des caisses vides et demander aux français de serrer la ceinture pendant que notre heureux élu va déserrer sa cravate.

Elections sauce "printemps arabe" : événement salué par tous les pays du super Nord, se félicitant de la contagion démocratique, de la poussée sans violence, ou du moins sans mort occidental, hors du circuit, de dictateurs pourtant si utiles lorsque leur générosité transite par des valises diplomatiques. Evénement dénigré, affolant lorsque les joueurs, n'ayant vraisembablement pas lu les notices accompagnant les armes fournies, célébrent majoritairement de curieux barbus jurant sur le coran leur volonté de pratiquer la démocratie et la tolérance. Comme nos élus savent ce que valent leur promesse, forcément ils s'inquiétent et invoquent en coulisse un bon coup d'Etat pour assainir la scène politique.

Elections sauce "parents d'élèves" : les élections au conseil d'administration des colléges et lycées suscitent peu de passion et peu de vocation. Je comprends. Je viens d'assister à mon premier conseil, en tant que représentante PEEP. Un budget déjà mâché et si techniquement présenté que poser une question pertinente demanderait un bac+20 ; une vie de l'établissement expédiée ; un conseil général en verve pour se plaindre que les pourcentages étaient peu révélateurs de la qualité (un pro-sarkosy ?), mais incapable d'expliquer pourquoi sa contribution avait baissé ; des enseignants muets ; des questions diverses (sur l'orientation et sur le stage d'observation des 3èmes posées par moi-même par écrit) esquissées et fin de la représentation ; pas moyen de se faire rembourser. Ma colistière m'a expliquée que c'était toujours comme ça : une absence de discusion, un procès-verbal rédigé avant réunion, une mascarade ; mais qu'elle continuait à se présenter afin de se faire bien voir de la hiérarchie collégiale et obtenir un passe-droit si nécessaire...

Parents, amis, ne votez plus, vous créez des corrompus.... Je ne sais moi-même combien de temps je vais résister. Vite un vaccin pour résister au virus de l'agrippe fauteuil !