Non au vote des francs nationiens

Tout le monde salue le combat que mènent les pays étrangers pour obtenir le droit de vote, et voilà qu'une polémique enfle pour ne pas offrir ce droit aux étrangers sur notre sol national. Ils aiment la France, ils ont choisi d'y vivre, d'y payer des impôts voire de s'y marier avec un indigène, mais ils souhaitent garder leur nationalité et cela seul les exclurait du droit d'être considéré comme des citoyens à part entière. Comme du temps de la Grèce antique, pays que l'on voue actuellement aux gémonies, qui considérait les étrangers comme des esclaves.

Et chacun, de droite comme de gauche, d'accuser le camp opposé de faire le jeu du Front National. 1) le Front National ne joue pas, sauf si la thèse, selon laquelle un français ou un produit français est forcément pur de tout défaut (demandez leur avis aux porteuses de prothèses PIP ou aux âmes des victimes de Patrice Allègre) et un étranger, un délinquant en puissance, est une gentille plaisanterie qui tend vers la franche rigolade ; 2) je croyais que les électeurs de FN étaient de pauvres gens désespérés par le chomage et écoeurés par la politique, ne seraient-ils en fait que de vieux cons racistes devant lesquels il suffit d'agiter le sphectre de l'invasion étrangère pour qu'ils se réfugient dans des attitudes sectaires et ségragationnistes ;3) osons donc alors critiquer ouvertement ces électeurs qui n'ont qu'une crainte : voir un Obama débarquer en France.

Zut quoi, nous pouvons avoir des débats sains et prometteurs sur le vote des étrangers en France sans qu'aussitôt on prenne les français pour des viscéralement opposés à tout mélange culturelle, religieux et ethnique et pour qui il suffit d'entendre le mot "étranger" pour se sentir en danger. Surtout que les européens ont eux déjà le droit de voter. Pourquoi un chinois n'aurait-il pas autant de bon sens qu'un italien qui aurait pu voter Berlusconi, surtout s'il a fui un régime réputé pour sa démocratie politiquement incorrecte d'en parler ? Pourquoi un camerounais, qui a bénéficié d'un enseignement à la française mais sans l'option Luc Chatel, et donc parle présentement mieux qu'un natif ignorant qui fut Louis XIV, ne pourrait il pas décider de voter pour un maire interdisant le travail au noir ? Pourquoi un marocain musulman ne participerait pas au scrutin opposant deux femmes au second tour, sans s'écrier "mais qui va garder les enfants" ?

Surtout qu'ils sont nombreux les prétendants, ministres déchus ou amis fidèles, à se disputer les circonscriptions des français à l'étranger. Le français qui part à l'étranger est donc méritant (et peut être tendance droitière), tandis que l'étranger qui vient en France est une honte (et peut être votant à gauche). Mais réfléchissons : la différence ne viendrait-elle pas du fait que le premier a choisi un pays d'avenir ?