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je vis, je dis, je ris ...ou pas
26 février 2012

Ne m'appelez plus jamais Mademoiselle

Posons-nous les vrais questions. Qu'à gagné la cause féministe en supprimant le vocable mademoiselle des imprimés administratifs ? A part le ridicule, s'entend.

La satisfaction qu'une femme n'aura pas à passer un test de virginité pour pouvoir bénéficier de l'appellation si moderne et tellement enviée de Madame. Nous savons que le mariage, même s'il fait encore rêvé, surtout les exclus de cette cérémonie, sous prétexte que le pacs a été créé pour eux, même si cette petite signature vite révocable a été dévidée de toute subversion du fait de son accaparation par les couples mixtes, préférant donner  la prévalence de l'impôt sur la succession, l'instant payant à l'avenir hypothéqué, a fortement décliné sa propension à affirmer tout engagement et depuis plusieurs années, il n'était pas le seul sésame ouvrant le droit au merveilleux madame ; quelque enfant, un certain âge, et votre interlocuteur, géné par ses préjugés, n'osait point vous aborder par un mademoiselle flatteur ou intrusif.

La satisfaction, justement, de ne plus devoir répondre par un sourire enjoleur lorsqu'un gros lourdaud de machiste, pour accéder à vos draps parfumés à la solitude, vous comble d'un mademoiselle alors que vos yeux tirés et vos valise pochées attestent que les jours, où vous pouviez gambader insouciamment en jupette voletante et en foulées entrainantes, sont loin. Ah les yeux pétillants du charmeur ayant lu le guide "100 tactiques pour une bonne nique" (bientôt remplacé par "99 tactiques...") qui croit vous attraper avec son filet à baleine.

Et au contraire, la satisfaction de ne plus être cataloguée comme appartenant à la caste des has been, lestée d'une expérience abyssale des ricochées de la vie. Ah, l'affreuse pinailleuse de fonctionnaire frigide qui coche d'office, sans vous consulter, la case Madame, après avoir jeté un regard dédaigneux et implacable sur vos cheveux colorés et vos pommettes relevées.

La satisfaction de ne plus se poser la question existentielle quand il s'agit d'écrire un courrier à une administrée de savoir si derrière ce prénom si jeune en apparence se cache une mégère à peine apprivoisée qui hurlera au viol si l'employé à le malheur de la marier, ou une frétillante gamine qui hurlera au déshonneur si l'entête est marquée par l'infamante distinction d'être inaboutie, puisqu'étant non parvenue encore au degré final de l'évolution.

La satisfaction d'être à égalité avec les hommes qui se démarquent toujours par le peu d'originalité qui les entoure. Jeunes ou vieux, ils s'habillent de jeans, parfois de pantalons pincés, arborent polos rentrés ou tee shirt à messages, osent parfois le cheveu long pour mieux braver la calvitie en se rasant crânement, et s'interpellent sous le vocable Monsieur pour mieux se différencier, le "mec" permettant la familiarité et le prénom, la convivialité ou la soumission. Car le Monsieur n'est pas si exempte de différenciation, il peut être signe de révérence, de pédanterie, d'anonymat ou de grand mépris quand il prend une immense majuscule. La nuance du madame, mademoiselle, il la recéle aussi, grâce à la pantomine d'un utilisateur ayant bien compris que le fondement d'une bonne société est l'hypocrisie.

 Mais la femme est contente, comme l'homme, qu'elle ait 6 ans ou 99 ans, elle pourra se retourner (dans sa tombe également) sur l'interjection de Madame, avec la satisfaction qu'un combat primordial a été remporté : celui pour accéder à la simplification du complexe d'infériorité.

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