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je vis, je dis, je ris ...ou pas
28 mars 2012

Un homme, un vrai ...douillet

Prenez une situation d’un romantique suave, frôlant l’érotisme tentateur, l’affolement des capitons engorgés et l’assouvissement des sens exacerbés :

 

Une femme masse son homme, fourbu après une énième tentative pour se persuader que le temps n’a aucune prise sur lui, contrairement à son coéquipier, qui lors d’une passe décisive mais non ajustée, lui a terrassé ses soubassements.

 

 Il grogne, il geint, il gargarise, il gonadise, heureux de sentir ses muscles lui dessiner douloureusement une chair rebondie grâce à un jeu de mâchoire qu’il se jure chaque jour de réfréner.

 

La femme, montée sur un monticule impressionnant de graisses, de veines et de sueur, prend la mesure de la chose quand elle applique ses petites mains menues sur un râble épais qu’il s’agit de détendre à l’aide de caresses énergiques. Elle prend son souffle, implorant ses bras chétifs de l’accompagner dans cette tâche conjugale qu’elle aurait bien remise pour un devoir plus sacré.

 

La lumière tamisée, les rideaux hermétiquement calfeutrés, les soupirs d’aise lui font espérer une suite plus royale. Les effluves corporels, les gargouillis intempestifs, les creux et les bosses d’un quartier de viande à peine apprêté ne la détourneront pas de cet espoir aveugle.

 

Mais voilà que son regard un peu décillé se pose sur une blancheur inégale et, inconsciente, elle exclame sa découverte. L’homme aussitôt angoissé, n’osant désarçonner sa docile bienfaitrice, lève sa tête dégarnie et implore sa si peu lourde moitié de le rassurer. Cette pâleur, circonscrite à la gauche, latitude 5, longitude 28, d’une omoplate vaillante, n’était-elle pas là depuis toujours ?

 

La femme doit rappeler à l’homme qu’elle n’a point l’heur de le connaître depuis que ses cris ont échaudés les oreilles d’une mère primipare et ultimopare, et surtout, qu’au début de leur passion, ce n’était pas le dos qu’il présentait à son expertise.

 

Elle ne peut supputer que, soit la décoloration épidermique le nargue depuis longtemps mais avait su jusqu’ici échapper au miroir de l’âme, soit elle a éclos depuis peu, mais vu les espérances attendues et la fatigue commençant à se faire sentir du fait d’un équilibre instable, il sera prié de se précipiter chez le dermatologue, le cancérologue, le conseiller funéraire après qu’elle soit récompensée de sa vigilance.

 

L’homme hésite, il sent déjà les filaments neurotransmétastaseurs s’épancher et prendre possession de sa virilité, se lover autour de son petit cœur fragile et se réfugier dans ses orteils recroquevillés. Il ressent des palpitations, son front se couvre d’une transpiration fétide, ses yeux s’agitent, ses lèvres se révulsent et il veut s’enfuir de son corps qui le trahit. Mais une amazone solidement implantée l’achève en arrachant un petit bouton suppurant. « Tiens, celui-là il n’était pas là depuis longtemps et il n’y est déjà plus »

 

L’homme n’est plus qu’une loque pantelante. Il n’a plus besoin de massage, mais d’une réanimation. La femme descend de sa monture râlante, n’espérant plus que son livre reste prenant jusqu’à the end.

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