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je vis, je dis, je ris ...ou pas
30 mars 2012

Présage comme une image

L’image prime sur le message.

 

Les médias, vers lesquels mes idéaux enfantins me portaient (je voulais être journaliste pour dénoncer) et contre lesquels mes désillusions adultes m’emportent (on est journaliste pour encenser), élèvent au rang primal et élémentaire l’image, l’apparence, le reflet qu’une catégorie, jamais un individu sauf s’il est l’incarnation d’un ensemble qui le dépasse, renvoie à des français bêtifiés en masse indistincte et simpliste.

 

Ainsi, les médias sont heureux de nous annoncer qu’un panel représentatif de la population français (déjà le fait qu’un millier de gens puisse être représentatif de 60 000 millions de conscience faillibles et mouvantes semble une aberration, sauf que souvent les questions posées se résument à une alternative binaire et même si la plupart réponde au hasard, en fonction de l’humeur du moment, de la tête de l’interviewer et de la température ambiante, il est possible que la majorité qui se détache représente ce que les médias avaient envie de démontrer, par respect pour la théorie de la relativité de la déontologie journalistique) a une image négative des enfants de la banlieue à 59%.

 

Si on s’interroge toujours sur les personnes qui ont répondu au sondage, sachant que nous-mêmes n’avons jamais été abordés par un micro envahisseur de trottoir ou dérangé par un « juste 2 minutes » télécrochet, ni corrompu par quelques clics promettant de gagner à la loterie si nous perdons 30 mn de notre vie à nous fondre dans le catalogue de la France (une femme de 40 ans, blanche, travaillant à temps plein, avec 3 enfants doit forcément être plus de droite qu’un homme noir ne glandant rien de la journée sauf à compter ses allocations bidons), on pourrait également s’interroger sur la signification « enfants de la banlieue » : Banlieues pavillonnaires ou ghettos repoussoirs ? Au sein d’une famille monoparentale ou entourés de chômeurs longue durée ? Poussés à entrer à Sciences Po ou repoussés par des injures de peaux ? Français ou français juste parce qu’ils sont nés sur le bon sol, mais à la moindre incartade ou le moindre succès, ramenés à leur origine qu’ils n’ont jamais connue ? En période post-Meyrat pré électorale ou après une victoire à un championnat mondial ? D’après les on-dit outranciers et les caricatures projetées ou le vécu réaliste et les interactions sociales ?

 

Bref, la question était faussée et les gens bien abrutis d’y répondre. A croire que le panel représentatif des français est composé principalement de gens prêts à répondre oui ou non à la question « Comment allez-vous ? ». Moi-même s’il m’était loisible de répondre à la question, posée en catimini avant d’éclater en Une lorsque le résultat obtenu est suffisamment accrocheur, je réfléchirai longuement avant de susurrer un petit oui, en espérant ne pas m’être trompée, juste parce que je n’aime pas dénoncer mon voisin, sauf s’il prétend à renouveler son mandat de président de la république en jurant ses grands dieux que ce sont les autres qui ont un bilan négatif, alors que lui fera tout et son contraire pour complaire à l’image qu’on veut bien lui prêter.

 

Car l’image en politique est primordiale et peu importe celle que vous avez donné à un pays exsangue et dont la seule ambition reste de préserver à la langue française son statut officiel, les français représentatifs à défaut d’être représentés vont se canaliser sur le poids des mots, le choc des photos, un duel sans merci d’où jaillira non pas un héros, mais un super-communiquant. Peu importe le bilan, il s’agit juste d’un face à face, d’un arrêt sur images et le vainqueur sera celui qui aura su écraser l’actualité, rallier les médias, anesthésier les foules, les hypnotiser par sa joute implacable, porté par la seule conviction qu’il veut être élu.

Le suffrage universel est une belle daube s’il n’est juste que le résultat d’un hasard, de l’humeur du moment, de la tête des participants et de la température ambiante.

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