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je vis, je dis, je ris ...ou pas
7 avril 2012

La vie tumultueuse des langues mortes

L'enseignement des langues mortes suscitent encore de vifs enthousiasmes, qui déclinent vite. Mon fils, animé par un désir de revivre un séjour en Grèce dont il garde les meilleurs souvenirs - c'était du temps où les héllènes faisaient encore rêver, avant d'être enlevés par des paris trop audacieux - a désiré inculquer à son palais, les rotondités d'un langage entré dans l'histoire. Mais comme les grecs modernes, son cerveau s'est vite révolté contre les rigueurs imposées et, malgré les injonctions de sa prof qui lui sérinent que l'important, ce n'est pas de gagner, mais de participer, il a soufflé sur sa flamme linguistique.

Ma fille, elle, s'est choisi une autre version et a opté pour le latin. Elle me parle de génitif, de datif, d'accusatif, de vomitif. Je lui répond : "arrêtes ton char." Pour ma part, j'ai à peine consacré une moitié d'année à conquérir le patois romain, puisque le professeur, chargé de notre civilisation, est devenu fort en anathème et a préféré plongé dans les enfers de la dépression, après avoir en vain interroger ses élèves sur le sens de son utilité. Cependant, lorsqu'elle me récite ses leçons, je n'en perds rien, puisqu'en fait son latin se résume souvent à réciter, dans son barbare gaulois, les péripéties et pathologies des différents dieux de l'olympe et à décrire les rites qui les servaient. Le latin est une langue tellement morte que seul un panthéon peut le conserver. Ma fille se meut avec aisance parmi les adultères et les sacrifices, mon fils lui n'a jamais franchi le rubicon, il préfère le rubicube.

Mon mari, lui, affectionne l'impérialisme saxon et pas un jour ne passe sans qu'il ne nous écrase de sa suprématie langagière. Chaque jour que Jupiter passe à développer le concept de famille recomposée, mon mari nous offre, écoeuré par notre inculture passéiste, un cour sur le peu de subtilité du dialecte shakespearien. Aujourd'hui, ce furent les mots : singulier en anglais - pluriel en français : The dead, les morts ; The living, les vivants. N'ayant pas d'excuses pour ne pas l'écouter (le petit dernier était en train d'allumer la télévision pour savoir si était diffusé un épisode lui permettant de prendre sa douche...il parle la langue des prophètes incompréhensibles.), , je lui demande comment les anglais, ces rougeâtres grenouillophobes, alors, disent "un vivant". Didactique et condescendant, il me répond : a living man. Et moi, jamais en retard sur un travers de langage : "Ah, tout à fait toi, ça... un bon vivant : l'homme salon...atteint de piloisiveté (maladie du poil dans la main) !". Et nous avons fini par parler le charretier, langage particulièrement actif en période électorale.

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