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je vis, je dis, je ris ...ou pas
23 novembre 2012

Les maladies de l'enfance

L'homme politique comique du jour : Sarkosy sortant de chez le juge et déclarant : "On peut faire confiance en la Justice de son Pays" ! Il faut dire qu'il participe ainsi au spectacle hilarant d'une UMP solidaire, pleine de retenue, de droiture et de tolérance. Je ne vais cependant pas rester sur ce terrain, car on pourait objecter que l'humour règne également dans le camp socialiste où il est admis ou pas que des Maires, représentants de l'Etat, puissent avoir une conscience (mais pas de scrupules).

Quelques brèves de contes notoires où chacun trouvera la morale qu'il souhaite, du moment qu'il ne la diffuse pas pour l'imposer à d'autres :

La peste :

Mon dernier fils, un gringalet de 6 ans, qui flotte dans ses pantalons serrés au cran maximum, et qui peine à suivre la courbe de croissance dessinée par des pédiatres niveleurs, me déclare ce matin qu'il ne veut pas manger, parce qu'il veut faire un régime.

Je m'exclame en lui demandant de m'exposer la graisse qu'il souhaite perdre, et s'il ne la confond pas avec la crasse qui orne ses genoux et ses coudes après qu'il se soit débattu dans le bac à sable de l'école. Il persiste dans sa résolution, ajoutant qu'il veut faire comme papa. Je lui réponds que son père mange comme 4 le matin et s'il est vrai que tous les 5èmes dimanches du mois il déclare qu'il va se restreindre, c'est pour mieux se jeter sur le fromage après une semaine en déplacement passée à déguster des menus n'incluant que le dessert. Il me supplie de lui permettre de snober son petit déjeuner juste aujourd'hui et comme il mange à peine d'habitude et qu'il fera un goûter à dix heures, je lui consens ce caprice.

Dois-je dire à mon mari d'arrêter de se plaindre de la brioche qu'il ne cesse de sucrer ou assurer mon fils que l'hérédité n'est pas une calamité ? Dois-je lui certifier que, comme le gouvernement divulgue que le secret pour rester en forme est de manger ni trop salé, ni trop sucré, ni trop gras, suivant les préceptes de Capitaine Sandwich dont il aime suivre les aventures à la télévision, s'il ne désobéit pas, il restera svelte quoiqu'un peu ennuyeux ? Dois-je lui confier que bientôt tout le monde arborera une silhouette au ventre gonflé, certains pour avoir trop profité de la bonne chair, d'autres pour en avoir jamais assez ? Dois- je lui avouer, que comme son grand frêre, il va grandir, se couvrir de boutons et de poils, sentir des aisselles et ne plus jamais être qualifié de "trop mignon" ? Dois-je lui dire d'arrêter de varier les plaisirs pour me mettre en rogne le matin, parce qu'après les plis de chaussettes douloureux, les étiquettes de pull qui grattent les cheveux, les fermetures des cols qui arrachent le nez, les pantalons aux boutons qui empêchent le nombril de bouger et les baskets qui recréent des plis aux chaussettes- garous, ressortent les étiquettes zombies des pulls et agacent les boutons vampires, le coup du régime fantôme va finir par me contraindre à endosser la panoplie du sadique ?

Le choléra:

Ma fille est petite. 1 mètre 50 suffit pour la couvrir des pieds à la tête. Cela se voit. Elle se fait beaucoup charrier pour sa petite taille, surtout qu'elle est dotée d'une pointure digne d'une Berthe historique. Ils étaient plusieurs hier à se moquer d'elle et à la traiter de naine minuscule. Elle est petite mais elle est courageuse. Elle a crié à l'abordage, a pris le plus gros et l'a détroussé. Le gamin s'est retrouvé, ébaubi, les 4 fers en l'air. Depuis, les garçons on peur d'elle. Depuis, je me dis que je n'aurai jamais de petits enfants.

Le tétanos :

Ma seule fille court. 1ère au cross du collège, 3ème au cross du district, 23ème au cross départemental, elle est qualifiée pour le cross régional. Pas de problème, c'est avec l'UNSS, qui se charge de tout. Elle court pendant que je reste tranquillement à la maison. Elle rentre, je la félicite en lui disant qu'elle peut faire mieux si elle joue stratégie (je suis la Domenec de la sélection non officielle des coureurs sans fond).

Par contre, je m'insurge contre le manque de moyens des petits clubs d'athlétisme locaux. Tout le monde n'en a que pour le foot, qui pourrit ou non à cause d'une manne qui éclabousse quelques dribbleurs et écrase les nombreux supporters (qui en redemandent), mais mon fils quand il se croyait suffisamment costaud pour endurer les embuscades aux vestiaires n'a commis que quelques déplacements dans les limites de l'arrondissement, alors que ma fille, qui se croit soulever par les ailes du plaisir, doit forger ses mollets au-delà des frontières de mon véhiculement possible. Qu'attend-on pour fournir à ces petits clubs dynamiques et volontaires de bons petits bus collectif soulageant de pauvres parents inconscients en leur épargnant de se transbahuter chaque week end d'un lieu inconnu à un endroit dépaysant, d'un village à peine électrifié à une ville trop empruntée ? Dimanche, je dois amener ma fille à C. la capitale régionale, affronter des virages à dresser les cheveux et un kilométrage michelinesque conseillé impressionnant, circuler librement dans des sentiers insuffisamment balisés pour mon cerveau qui panique dès qu'on lui dit de tourner à droite et se met à la recherche d'un stylo pour se résoudre à penser que la droite se situe bien sur cette droite là. Que fait la sécurité routière pour la santé d'athlètes égarés à jamais pour les chemins de la gloire à cause de l'inconséquence de politiques incapables de comprendre qu'un chauffeur patenté vaut mieux que des chauffeurs parentés ?

La tuberculose :

Mon fils aîné m'a transmis, bien gentiment, une pochette surprise pleine de son visage pris sous toutes les coutures, résultat numérique d'une photogéniquement inaltérable, commémorant sa première année de lycée (qui soit dit en passant peut en réserver d'autres, des surprises, notamment qu'elle soit suivie d'une deuxième). J'ai ainsi sous les yeux le joli sourire très naturel de mon fils en petit, en portrait, en couleur, en noir et blanc, en groupe, en marque page. J'aime beaucoup mon fils, mais de là à élever un culte de sa personne, en collectionnant sa moue timide et son envie d'être ailleurs en plusieurs exemplaires, alors que je le posséde en vrai avec des expressions variées et beaucoup moins déchiffrables...

Si je veux conserver toute la pochette, où figurent tous ses compagnons avec qui il commence à échanger des onomatopées amicales, et, oh intelligence suprême, leurs noms et prénoms au cas où il souhaiterait les contacter plus tard pour terminer une conversation à peine ébauchée, je ne dois m'acquitter que de la modeste somme de 13 euros. Si je ne souhaite pas conserver cette magnifique pochette où sévit mon fils jusqu'à l'écoeurement, je peux la retourner et imaginer le multiple rictus candide de mon enfant se faire broyer par une machine implacable. Je paye donc et je garde jalousement ces images magiques, n'osant point damner l'âme de mon fils en l'envoyant se perdre dans les limbes de la destruction. Déjà que je peine à découper son cou quand il faut coller une photo dans la ridicule petite case destinée à cet effet...Si on dit que l'école est gratuite, on ne compte pas le prix de la culpabilité...

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